Crit'Air : une nouvelle règle pour enrayer la chute du diesel ?

Selon le Monde, le ministère de l'Économie aimerait que les voitures diesels les plus récentes aient le droit à la vignette Crit'Air 1. Un petit changement qui devrait faire réagir, tant il peut sembler en contradiction avec l'impératif de transition écologique.

Pour rappel, la vignette Crit'Air permet de distinguer les véhicules selon leur motorisation et leur année de première mise en circulation, et donc la norme antipollution européenne à laquelle ils étaient soumis lors de leur naissance. Le système Crit'Air est utilisé pour les restrictions de circulation.

Le barème actuel est défavorable aux diesels. Aucun ne peut avoir la vignette 1, réservée aux voitures à bloc essence mises en service depuis 2011. Mais le gouvernement aimerait donc que cela change. Car à Bercy, on semble s'inquiéter de la chute des ventes de voitures diesels.

S'il y a bien eu une volonté de "dé-dieséliser" le marché français, on a assisté à une chute en un temps record. En 2018, la part du diesel était de 39 %. En 2012, c'était 73 % ! Et la baisse se poursuit, avec seulement 34 % en janvier 2019. Or, cette dégringolade met en danger plusieurs entreprises et usines françaises spécialisées dans le diesel. Il y a par exemple le site de Bosch à Rodez. Dans l'Hexagone, 38 000 emplois sont directement liés au diesel.

Bercy ne semble pas avoir l'intention de relancer les ventes de diesel, d’autant plus que les prix à la pompe entre l'essence et le gazole sont maintenant proches, ce qui réserve le diesel aux grands rouleurs. L'idée semble être d'enrayer la chute pour donner un sursis au diesel et ne pas condamner trop vite des entreprises qui n'auraient pas eu le temps de songer à leur reconversion.

Plutôt que sur la fiscalité, le gouvernement va agir sur une autre raison, certes moins importante, qui peut pousser à acheter plus vite une essence : les restrictions de circulation. Avec la vignette Crit'Air 1, les acheteurs d'un diesel moderne verraient s'éloigner le spectre de l'interdiction totale de rouler dans les grandes métropoles d'ici quelques années. À Paris, il est à ce jour prévu de bannir le diesel en interdisant les vignettes Crit'Air 2 en 2024. Le projet du gouvernement risque d'ailleurs de ne pas plaire à Anne Hidalgo !

On rappelle que les normes pour les diesels ont été rendues plus sévères ces dernières années, notamment avec la généralisation du WLTP, un protocole de mesure plus proche de la réalité. Pour éviter les triches par lesquelles les scandales sont arrivés, il y a en plus une mesure des émissions en conditions réelles.

Mise à jour 7/02 > Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, a dit au micro de RTL que "cela n'aura pas lieu", expliquant que "la question du diesel et des vignettes, c'est une question scientifique. Donc, ce n'est pas une décision industrielle, mais une décision pour savoir ce qui est bon pour la santé des gens, ce qui est bon pour la transition écologique". Elle donne l'impression d'en rester au très basique 'le diesel, c'est mal', sans analyser objectivement leurs niveaux de rejets polluants depuis la mise en place de nouvelles normes.