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Corruption, violences, abus de biens sociaux : l'incroyable scandale des fourrières parisiennes

Dans Faits divers & Insolite / Justice

Michel Holtz

C'est une véritable bombe qui vient d'exploser à Paris. Une enquête révèle que durant deux décennies, la principale société de dépannage de la capitale usait de moyens totalement illégaux pour régner.

Corruption, violences, abus de biens sociaux : l'incroyable scandale des fourrières parisiennes

Les automobilistes parisiens, excédés depuis des années par les méthodes des sociétés de fourrières qui enlèvent leurs autos devraient se précipiter séance tenante sur l’enquête du Parisien-Aujourd’hui en France. Car si elle ne les consolera pas, elle les éclairera en rassemblant en une affaire judiciaire, à peu près toute la panoplie du sulfureux. Prise illégale d’intérêt, flics ripoux, non-respect du Code du travail, faux en écriture publique, blanchiment, corruption, abus de bien social : le scandale des fourrières est un catalogue du pire, et l’enquête n’en est qu’à ses débuts.

Inter Dépannage : l'empire des fourrières

Personnage central de toute l’affaire, le Libanais Chafic Alywan, garagiste modeste et dépanneur de fortune à ses débuts, a petit à petit mis en place un impressionnant réseau autour de sa société Inter Dépannage. Une entreprise qui n’a cessé de grossir, embarquant 250 000 voitures par an dans quatre fourrières parisiennes et dans six autres situées dans les Hauts de Seine. Comment l’ambitieux entrepreneur a-t-il réussi à construire son empire ? Pas par la seule force de son travail en tout cas. C’est ce qu’à découvert la police, puis la police des polices et enfin le parquet, à la suite d’une longue enquête commencée en 2018 et qui a conduit à la mise en examen, pour un nombre de motifs longs comme le bras, du peu scrupuleux Alywan, pensionnaire à la prison de la Santé depuis un mois.

Des cadeaux multiples

Pour obtenir les agréments de fourrière, il a tout simplement corrompu le cadre fonctionnaire chargé de les distribuer. Celui-ci a lui aussi été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Un jeu dangereux, mais le patron d’Inter dépannage avait trouvé le moyen de ne pas être inquiété. L’homme disposait d’un arsenal de cadeaux à offrir à des policiers, élus et fonctionnaires. L’entretien et la réparation de leurs voitures personnelles étaient pris en charge gratuitement dans l’un des garages d’Alywan en région parisienne. Les plus zélés se sont même vus attribuer des « voitures de fonction ». Avaient-ils besoin de se ressourcer ? Des séjours sur la Côte ou au ski étaient possibles, sans compter quelques enveloppes de liquide

Le "chargé restitué" ? La bonne vieille technique du bakchich.
Le "chargé restitué" ? La bonne vieille technique du bakchich.


C’est que l’entreprenant entrepreneur ne devait pas seulement cacher ses agréments frauduleux, mais aussi les agissements sur le terrain de ses dépanneurs. Car certains d’entre eux pratiquaient la bonne vieille méthode du « chargé restitué ». La dépanneuse prend une voiture en charge, mais si son propriétaire arrive sur les lieux avant l'enlèvement de sa voiture, il peut, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes, la récupérer. Alywan aurait même réussit à faire sortir des fourrières, avec quelques complices dans la place, des voitures sous scellés appartenant à des malfrats pour leur restituer.

Des dépanneurs sans permis

Le patron d’Inter Dépannage devait aussi se prévenir de quelques ennuis que pouvaient lui valoir ses incartades au Code du travail. Le terme « incartade » est faible : 7 « dépanneurs » de l’entreprise n’avaient pas le moindre permis de conduire et d’autres encore n’étaient absolument pas déclarés. Et si d’aventure ils n’étaient pas contents de leur sort, la réponse du patron et de ses sbires était simple et sans négociation. Puisque, pendant l’enquête, ces salariés ont dénoncé la « violence » et le climat de terreur qui régnait dans l’entreprise.

Évidemment, vue l’ampleur de l’affaire et ses ramifications au sein même des forces de l’ordre, l’IGPN (la police des polices) a mené son enquête et deux brigadiers-chefs ont été placés en garde à vue en début de semaine et devraient être mis en examen rapidement. D’autres protagonistes de ce « scandale des fourrières » devraient les suivre, parmi lesquels des élus, des fonctionnaires et d’autres policiers. La Mairie de Paris, propriétaire des fourrières, a quant à elle, saisi l’inspection générale afin qu’elle ouvre une enquête sur de possibles cas de corruption au sein des personnels administratifs de la capitale.

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