Honda, numéro un mondial incontesté de la moto avec 40 % de parts de marché, n’a plus rien à prouver sur le terrain des moteurs thermiques. Et pourtant, il lui manque encore une pièce majeure à son puzzle : l’électrique. Alors que le marché mondial des motos électriques connaît des hauts et surtout des bas, Honda avance avec une stratégie discrète mais redoutablement structurée. L’objectif est clair : dominer la guerre de la mobilité électrique à deux roues. Mais à sa façon.Pendant que certaines marques se précipitent en Europe ou en Amérique avec des lancements prématurés ou des concepts mal ficelés, Honda joue la montre. Le géant japonais n’est pas encore pressé de séduire l’Occident. Pourquoi ? Parce que ni l’Europe ni les États-Unis ne sont aujourd’hui des terres fertiles pour les motos électriques. Trop chères, trop limitées, trop "passion" dans des marchés qui ne veulent pas troquer leurs sportives thermiques contre des scooters silencieux. De nombreuses marques 100 % électriques ont dû fermer boutique. L’engouement n’est pas encore là, les infrastructures non plus.Mais Honda observe. Et prépare son offensive. Le constructeur nippon a d'abord analysé le marché le plus pertinent du monde pour l'électrique : l’Inde. Là-bas, comme aux Philippines ou en Indonésie, la moto est un outil de vie, pas un objet de loisir. L’électrique ne s’y impose pas comme une tendance, mais comme une nécessité. C’est là que Honda a choisi de lancer sa première vague électrique, dans une approche rigoureusement planifiée : batteries interchangeables, composants standardisés, partenariats spécialisés, et surtout, coûts maîtrisés.Une méga-usine dédiée à la production de motos électriques est déjà en marche, et 2028 est l’année clef de cette transformation. Honda ne veut pas juste suivre : il veut imposer le standard, à l’image de ce qu’il a fait dans les années 70 avec ses petites cylindrées à moteur thermique.Et l’Europe ? Et les États-Unis ? "Pas encore", semble dire Honda. Parce que gagner la guerre électrique, c’est d’abord la gagner chez soi, en Asie, là où le volume est colossal et où la logique économique impose l’électrification.Quand Honda frappera fort sur nos marchés, ce ne sera pas un test. Ce sera une démonstration. Et si l’on se fie à son passé, il y a fort à parier qu’il arrivera non seulement avec la bonne moto, mais aussi avec la bonne stratégie, au bon moment.