Clément Beaune, ministre des Transports: "Avec les Jeux, ce sera plus difficile pour les automobilistes"
Lors d'une rencontre avec la presse à laquelle participait Caradisiac, le ministre des transports a notamment évoqué l'électrification du parc automobile, le leasing social à 100 € par mois, et bien sûr l'épineuse question des déplacements durant les JO 2024.
A quelques heures du grand chassé/croisé entre juilletistes et aoutiens, le ministre des transports Clément Beaune s’est rendu jeudi 27 sur l’aire de service de Lisses (Essonne), pour une petite piqûre de rappel en matière de sécurité routière.
A vrai dire, le message était assez convenu avec un rappel des bonnes pratiques concernant le respect des limitations de vitesse, des interdistances, des temps de repos, à quoi s’ajoute la nécessité de bien s’hydrater.
Reste qu’il s’agit malgré tout de « petits gestes qui sauvent des vies chaque année », ainsi que l’a précisé le ministre, avant d’évoquer le cas préoccupant des agents routiers dont les véhicules sont régulièrement percutés durant leurs interventions : «il y a plus de 9000 agents qui nous protègent. Cinq sont morts depuis 2022, et il faut leur rendre hommage. Il n’y a aucune justification à un comportement dangereux sur la route. »
Nous rappelions ici même il y a quelques jours cette statistique effrayante émanant de Vinci Autoroutes, qui dénombre sur son réseau un heurt de fourgon hebdomadaire depuis le début de l’année (tout comme l’année précédente, et celles d’avant aussi…)
Au-delà, Clément Beaune a rappelé certaines mesures en faveur du pouvoir d’achat : « des ristournes importantes ont été mises en place à l’initiative du gouvernement pour abaisser les coûts des péages des détenteurs de chèques vacances, avec des remises qui vont de 20 à 50% pour certains réseaux comme pour APRR. Il s’agit de gestes significatifs et nécessaires. » Dont acte, même si une grande partie de la population n’est pas éligible à ces chèques vacances.
Plus intéressantes sont les considérations sur l’avancée rapide de l’électrification du réseau : « on vient de franchir le cap des 100 000 bornes sur la voie publique, le Président de la République a fixé le cap des 400 000 bornes à l’horizon 2030, ce qui fera de la France le premier pays d’Europe en la matière. Des aides l’Etat et des financements européens permettront d’y pourvoir. Et dès la rentrée, le gouvernement proposera un nouveau plan d’accélération des bornes sur les routes et autoroutes de France, y compris pour les poids lourds. »
La voiture électrique à 100€ par mois avant la fin de l'année
L’occasion aussi pour mes médias présents d’interroger Clément Beaune sur le fameux leasing de voiture électrique à 100 € par mois. : « on va lancer le leasing social en fin d’année pour avoir cette offre à 100 € par mois. C’est une promesse du Président de la République que je mets en place avec mes collègues du gouvernement. Cela permettra aux ménages les plus modestes de disposer de voitures électriques accessibles, et produites en France ou en Europe. C’est ce que qu’on demande aussi à nos constructeurs automobiles, Stellantis et Renault qui ont commencé à y travailler. Et il faut encore accélérer. L’Etat a été là quand ces entreprises en avaient besoin, elles doivent être au rendez-vous de la transition énergétique. »
"Pour les Jeux, ce sera comme si vous aviez une période de pointe en permanence"
Enfin, a été abordée l’épineuse question des Jeux Olympiques et des contraintes que ceux-ci vont faire peser sur les transports en Ile-de-France. « Ce sujet occupe 20% de mon temps », assure le ministre, qui a ensuite détaillé l’ampleur du dispositif à travers quelques questions-réponses que nous retranscrivons ici :
Comment les pouvoirs publics abordent-ils la question des transports pour 2024 ?
Pour les JO on se prépare à ce que les transports soient un enjeu crucial. Nous serons prêts avec les infrastructures supplémentaires qui vont bénéficier aux jeux. Je pense notamment à la ligne 14 du métro, au RER E qui va être prolongé, aux plus de 400 km de pistes cyclables, aux investissements pour fiabiliser le fonctionnement de nos lignes automatisées. On organisera l’offre de transport en fonction des heures d’arrivées sur les différents sites. Toutes les 6 semaines j’ai une réunion sur ce thème. La promesse est que tout le monde doit pourvoir circuler en transport public, et qu’un héritage perdure au-delà des jeux.
Quid des automobilistes ?
Pour les bus et automobilistes on aura des plans de circulation. On va faire en sorte d’avoir un maximum de circulation sans utiliser la voiture, notamment à l’intérieur de Paris. Pour la circulation routière, il y aura des informations données très en amont, dès l’automne 2023, sur les axes qui seront éventuellement coupés, et sur les axes qui seront plus chargés. Ce pilotage de la demande de transport, on est en train de le mettre en place avec la préfecture de police et avec la mairie de Paris, pour que les choses se passent le mieux possible.
Que répondez-vous à vos détracteurs qui pensent que ce ne sera jamais prêt à temps ?
Je suis confiant et on a encore un an devant nous. Les travaux actuels sont à l’heure. C’est un investissement qui continuera au-delà des jeux. Le pari est difficile mais il sera tenu.
Pouvez-vous nous en dire plus au sujet des voies réservées sur le périphérique durant les Jeux ?
Ce sera plus difficile pour les automobilistes bien sûr. C’est comme si vous aviez durant l’été une période de pointe en permanence. Sur le périphérique il y aura des voies réservées, dont la responsabilité relève de la mairie de Paris. Ces voies accueilleront les délégations olympiques durant les jeux. Cette logique de voies réservées s’appliquera aussi à quelques axes d’Ile-de-France, comme par exemple sur l’A6 et à l’A13
"On peut être écologique et sérieux"
Que deviendront ces voies après les JO ?
Il y a la question de l’héritage, et la ville de Paris souhaite que cette logique de voie réservée perdure pour le covoiturage, les transports publics et les taxis, notamment. J’y suis ouvert en tant que ministre des transports, mais je dis simplement à la ville de Paris que sa responsabilité de collectivité locale est de vérifier que tout cela marche. Il faut renforcer l’ordre de transport public, avec la région Ile-de-France, faire une étude d’impact… C’est un sujet sérieux qui mérite d’être traité de manière sérieuse. On peut être écologique et sérieux. C’est ce qu’on fait nous du côté de l’Etat avec les voies autoroutières. Il y aura des voies réservées qui vont le rester après les Jeux pour favoriser le covoiturage, les transports publics, le recours au taxi. Mais évidemment on fera ça de manière pragmatique, en fonction de la densité du trafic ou des accidents. Il faut garder cette logique d’écologie engagée et de sérieux, mais il faut garder à l’esprit que les parisiens et franciliens ont le droit de pouvoir circuler.
Un pragmatisme partagé à la mairie de Paris ?
Je l’espère. Je le souhaite…
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