Citroën GS 1220 vs Fiat 131 1300, rivales et totalement opposées, dès 5 000 €
Traction, carrosserie aérodynamique et suspension hydropneumatique d’un côté, propulsion, essieu rigide et ligne cubique de l’autre. Dans les années 70, on pouvait choisir sa technologie dans une même catégorie. Mais entre la futuriste GS et la classique 131, que choisir ?
Les forces en présence
Citroën GS 1220 (1972 – 1980), berline 4 portes, 4 cylindres en à plat, 1,2 l essence, 60 ch, 900 kg, 151 km/h, à partir de 6 000 €.
Fiat 131 1300 (1974 – 1981), berline 4 portes, 4 cylindres en ligne, 1,3 l essence, 65 ch, 990 kg, 150 km/h, à partir de 5 000 €.
Dans les années 70, l’image de marque d’un constructeur ne se fondait pas sur de simples questions de style et de réputation plus ou moins usurpée. Chaque marque développait ses propres technologies, la standardisation extrême qui sévit aujourd’hui n’étant même pas encore en vigueur en Europe. En effet, les groupes n’avaient pas encore entamé ce grand mouvement de fusions, qui conduira bientôt Fiat à utiliser les mêmes solutions techniques que Citroën…
On n’est toutefois pas passé loin à la fin des années 60, avant que le Général de Gaulle ne s’y oppose ! En tout cas, au creux de la décennie 70, la Citroën GS et la Fiat 131, combattant dans la même catégorie, ne pouvaient pas être plus opposées techniquement, l’hypertechnologie de la première faisant peur aux acheteurs de la seconde, dont le conservatisme échevelé suscitait le rire des clients de la première…
Présentation
Après s’être magnifiquement loupé sur le projet F, tué dans l’œuf en 1967, on redresse magnifiquement la barre chez Citroën. Comment ? Avec la GS lancée en 1970. Conçue en un temps record, elle n’en est pas moins sophistiquée et entièrement nouvelle : plateforme, moteur flat-four (issu du projet F), boîte, carrosserie, tout est inédit. Rarissime, y compris à l’époque !
En réalité, c’est la première Citroën conçue d’une feuille blanche depuis la DS de 1955. Même la fameuse suspension hydropneumatique a été retravaillée pour plus de simplicité. Inspirée, involontairement ou non, du concept Pininfarina 1100 de 1967, la Citroën GS, dessinée sous l’égide de Robert Opron, profite d’un remarquable Cx de 0.34.
Novatrice, elle est élue voiture de l’année 1971, même si son flat-four, raffiné avec ses deux arbres à cames en tête, se contente de 1 015 cm3 et de 55,5 ch. Un défaut corrigé dès 1972 quand ce bloc est porté à 1 222 cm3 pour 60 ch. Il suffit à cette traction dotée de quatre roues indépendantes à atteindre 151 km/h.
Il est disponible en finition Club, offrant un équipement plutôt fourni (montre, compte-tours), en berline 4 portes (malgré la silhouette bicorps) et en break. En 1974, la gamme 1220 se complète de la Pallas, en haut de gamme, et de la X2, à tendance sportive et poussée à 65 ch. En 1975, année où sa rivale du jour, la Fiat 131, est commercialisée, la GS Club coûte 22 040 F, soit 17 000 € actuels selon l’Insee.
Fin 1976, la Citroën bénéficie d’un restylage, touchant à la calandre, aux feux arrière, désormais rectangulaires, et au tableau de bord, qui perd son compteur « pèse-personne » au profit de plus classiques aiguilles. Cela dit, les dénominations et les moteurs ne changent pas. En 1980, la GS disparaît, remplacée par la GSA, qui en est une évolution. Environ 1,9 million d’unités ont été fabriquées, un joli score !
Chez Fiat, on a connu un grand succès avec la 124, qui a servi de base à la Lada 2101, aussi joue-t-on la prudence au moment de la remplacer. On reprend l’architecture conservatrice, en l’améliorant. Ainsi, le géant italien conçoit une familiale à roues arrière motrices, reliées par un bon vieil essieu rigide, et habille le tout d’une carrosserie à trois volumes, tout en angles et rassurante.
Elle sort en novembre 1974 sous le matricule 131 Mirafiori, et face à la 124, elle adopte un train avant plus moderne recourant à des jambes McPherson ainsi qu’une direction à crémaillère. Sous le capot, en revanche, les moteurs, un 1,3 l de 65 ch et un 1,6 l de 75 ch, se contentent d’un arbre à cames latéral. Fiat communique d’ailleurs bien plus sur l’endurance de sa nouvelle familiale que ses performances, ce qui doit aussi séduire le juteux marché des flottes.
Avec le plus petit des deux blocs, la 131 pointe à 150 km/h, ce qui est dans la norme à l’époque. Elle se décline en deux finitions, base et Special, cette dernière se parant notamment de projecteurs ronds, d’un compte-tours ou encore d’appuie-têtes avant. Les prix ? La 1300 standard revient à 19 645 F, et la Spécial à 21 395 F, en 4 portes, sachant que des variantes 2 portes et break sont proposées. Dès 1977, la 131 évolue : projecteurs agrandis et uniquement rectangulaires, projecteurs modifiés, habitacle revu…
Une gamme haute Supermirafiori, dotée de blocs à double arbre à cames en tête (un 1,3 l de 78 ch et un 1,6 l de 98 ch) et d’un nouvel habitacle plus chic, est lancée. En 1981, pour ne citer que les versions basses tant la gamme 131 s’est complétée, le 1,3 l est remplacé par un 1,4 l de 70 ch, la Fiat terminant sa carrière française en 1984, remplacée par la Regata.
Fiabilité : increvable 131
Le début de carrière de la GS a été très compliqué du point de vue de la fiabilité. Arbres à cames s’ovalisant, carrosserie mal assemblée tombant en pièces, synchros de boîte défectueux, accessoires fragiles dans l’habitacle… La situation s’améliore progressivement, et la GS restylée profite enfin d’une bonne fiabilité, même si l’entretien demeure contraignant.
Le changement des courroies de distribution ou des bougies demande pas mal de main d’œuvre (l’accessibilité mécanique s’avère médiocre), sans même parler des purges exigées par la suspension. Le moteur nécessite aussi des réglages réguliers de l’allumage, de la carburation et du jeu aux soupapes. Avec l’âge, la corrosion fait de gros dégâts, et certaines pièces, comme les Fluid Blocs coûtent cher. Heureusement, des refabrications existent.
Sur la Fiat, c’est l’inverse. Accessible, simple et éprouvée, la mécanique se révèle à la fois facile à entretenir et solide, tout comme la suspension. Cela dit, même s’il est latéral, l’arbre à cames est actionné par une courroie, dont le changement heureusement est rapide. Pour le reste, la 131 ne réclame qu’un entretien classique : allumage/carburation de temps en temps, vidanges régulières.
Et c’est parti pour plus de 200 000 km ! Du moins, si la rouille, ravageuse, n’a pas raison de la caisse avant... Si les pièces mécaniques se dénichent aisément, il en va différemment pour les éléments spécifiques, d’autant qu’aucune refabrication n’existe.
Avantage : Fiat. Plus fiable que la Citroën, et bien plus aisée à entretenir, la 131 remporte une victoire logique, malgré sa forte tendance à rouiller.
Vie à bord : cocon français, espace italien
Dans la GS, on est surpris par le dessin très élégant et moderne du tableau de bord, surtout avant restylage. C’est plus banal après. On est accueilli par des sièges amples et souples, prodiguant un grand confort. Les passagers arrière apprécieront le bon espace aux jambes, mais la largeur n’a rien d’exceptionnel. Quant à la finition, elle demeure médiocre, entre les matériaux peu flatteurs et l’assemblage approximatif.
La Fiat joue la carte du sérieux à bord, où le dessin du tableau de bord se révèle classique et de bon ton, tandis que la finition se révèle plutôt sérieuse. Aucune excentricité ici ! Tout est bien agencé, et les passagers apprécieront le vaste espace qui leur est offert, surtout en largeur. La sellerie prodigue un confort appréciable, même si elle reste moins moelleuse que dans la Citroën.
Avantage : Fiat. Plus classique que la GS, la 131 est aussi plus spacieuse et mieux finie donc elle prend un ascendant logique, malgré sa sellerie moins douillette.
Sur la route : la GS, une pure Citroën !
A bord de la GS, on est accueilli par des sièges souples puis déconcerté. Le frein à main s’implante dans le tableau de bord, alors que l’autoradio se situe entre les assises avant. Mais… pourquoi ? Cela dit, la position de conduite apparaît bien étudiée. Très ferme en manœuvre, la direction devient ensuite plaisante et précise, s’accordant idéalement à des trains roulants rigoureux. En ressort une excellente tenue de route, quelles que soient la météo et l’état de la chaussée.
Surtout que la suspension hydropneumatique encaisse tout, et garantit un confort de roulement exceptionnel, malgré des mouvements de caisse parfois importants. Quel dommage que Citroën l’ait abandonnée ! Le moteur, plutôt souple, ne manque pas d’allant, même si ses performances demeurent moyennes. Heureusement que la boîte courte (et plaisante à manier) le soutient bien dans ses efforts, mais passé 110 km/h, il devient bruyant. Enfin, le freinage se montre très réactif et efficace, presque moderne !
Autre ambiance à bord de la 131. Là, on trouve tout de suite ses marques, les commandes étant organisées avec logique. Autoradio et tirettes de chauffage bien en vue, cadrans lisibles… La visibilité est excellente, et la direction… très lourde en manœuvre. Cela va mieux en roulant, mais elle n’a pas la précision de celle de la GS. D’ailleurs, quoique parfaitement saine et prévisible, la tenue de route de la Fiat ne vaut pas celle de la Citroën, surtout sur les aspérités.
Le confort de suspension non plus, même s’il demeure très acceptable, surtout qu’il ne provoque aucun mal de mer. En clair, la 131 se comporte très bien vu sa fiche technique, mais celle-ci reste bien banale. Il en va de même pour le moteur. Souple, docile et volontaire, il emmène dignement l’italienne, mais pas plus : les performances équivalent tout juste à celles de la française. Heureusement, la boîte maniable et bien étagée le seconde adéquatement. Quant au freinage, il est efficace malgré une pédale molle.
Avantage : Citroën. La GS prend nettement le dessus grâce à sa tenue de route, son freinage et son confort de suspension exceptionnel.
Budget : il n’y pas que la suspension qui monte...
Jadis méprisée, la Citroën GS se refait une santé côté cote. Depuis deux ans, elle a encore pris de la valeur, de sorte qu’une belle 1220 Club réclame aujourd’hui 6 000 €, une Pallas étant 1 000 € plus chère. On parlera d’état et non de kilométrage, celui-ci important peu dans le cas d’une auto aussi âgée. Quant à la consommation, elle s’établit à 7,3 l/100 km selon les essais d’époque.
Bien plus rare en France que la GS, la Fiat 131 a, elle aussi, vu sa valeur grimper. Désormais, une jolie Fiat 131 1300, quelle que soit sa finition, réclamera aisément 5 000 € s’il s’agit d’une première série, d’avant 1978, un peu moins ensuite. Là encore, c’est l’état qui prime. Selon les relevés d’époque, la 131 1300 avale 7,6 l/100 km en moyenne.
Avantage : Fiat. Moins chère à l’achat que la GS, la 131 l’est aussi en entretien donc elle prend le dessus malgré une consommation un peu supérieure.
Verdict : une 131 plus homogène, mais…
Aux points, la Fiat remporte ce match. Elle ne pâtit d’aucune faiblesse particulière, hormis la corrosion, et bénéficie d’une conception classique mais rationnelle. Plus facile à entretenir et fiable que la Citroën, elle est aussi plus spacieuse et robuste, tout en coûtant moins cher. Seulement… Cette homogénéité, malgré le charme seventies de l’italienne, est aussi synonyme de manque de caractère, ce dont justement la française regorge.
Suspension hydropneumatique, moteur flat-four, carrosserie aérodynamique, tout ceci en fait une pure Citroën au bon sens du terme, distillant des sensations spécifiques, bien loin des modèles actuels, standardisés au possible. Et ça, c’est primordial en collection. Ajoutons que la GS marque de gros points en matière de tenue de route et de confort, donc au final, une égalité entre les deux autos semble logique.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Fiat |
Vie à bord | Fiat |
Sur la route | Citroën |
Budget | Fiat |
Verdict | Egalité (cf. texte) |
> Pour trouver ces modèles en occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale : Citroën et Fiat 131.
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