Ce qui est rare est cher : le prix des diesels d'occasion va-t-il remonter ?
Il n'est plus en odeur de sainteté depuis l'affaire du Dieselgate. On parle bien sûr du moteur fonctionnant au gazole, et de tous les modèles qui l'utilisent. De fait, sa part de marché en neuf se réduit à peau de chagrin, et le marché de l'occasion commence à fléchir. Mais qu'en est-il des prix ? Sont-ils au plus bas ? Ou au contraire la rareté va-t-elle faire remonter les cotes ?
Ils ont représenté jusqu'à 75 % des ventes totales de voitures neuves à la fin des années 2000, et même plus de 95 % pour certaines catégories comme les monospaces ou les gros SUV. Nous parlons bien sûr, et en France uniquement d'ailleurs, des diesels. Plus sobres, moins émetteurs de CO2, désormais performants et à l'agrément de conduite redoutable, ils bénéficiaient en plus des largesses de l'état, qui encourageait leur achat à coups de bonus écologique, puisque celui-ci était adossé aux émissions de CO2.
Mais en 2015, c'est le grand retournement de situation. Le dieselgate éclate, ce scandale de triche aux émissions polluantes, dont Volkswagen est le premier responsable, et accusé à ce titre, tandis que de nombreuses autres marques se font prendre la main dans le pot de puces électroniques trafiquées.
À partir de là, le diesel ne va faire que décliner, d'année en année. Jusqu'à aujourd'hui ne plus représenter sur le marché français que 8,6 % des ventes (hybrides diesels inclus). Soit presque deux fois moins que les véhicules électriques !
Le diesel en chute sur le marché de l'occasion
Sur le marché de l'occasion, c'est aussi la dégringolade, de plus en plus rapide. Et c'est logique : si le marché du neuf se vide de diesels, le marché de la seconde main en fera de même, quelques années plus tard. Cela dit, il se maintient à un niveau bien plus élevé qu'en neuf. Sur La Centrale, 30,2 % des annonces sont des diesels. Sur le bon coin, qui affiche des véhicules aussi plus anciens, ce sont 41,6 % des annonces qui proposent des voitures diesels. Selon les statistiques de NGC-AAA Data, en 2020, le diesel représentait 57,5 % des échanges. En 2021 55,5 %. En 2022 52,1 %, et en 2023 50,9 %. Depuis le début de l'année 2024, on est à 47,7 %, signe d'une accélération de la chute des diesels en seconde main.
Tout cela est mécanique. Mais les acheteurs ? Est-ce que EUX veulent encore du diesel, ou au contraire ces modèles sont-ils boudés ? Les professionnels de la vente en seconde main affirment que s'ils ont trop de VE en stock, ils manquent de diesels.
Mais une autre composante rentre en ligne de compte. Il y a la raréfaction de l'offre certes, mais aussi la menace des restrictions de circulation. Les diesels ne peuvent recevoir la vignette Crit'Air 1. Ils sont, au mieux, Crit'Air 2 pour les modèles d'après le 1er janvier 2011 (ou respectant la norme Euro 5 ou 6).
Or, les véhicules Crit'Air 3 (de 2006 à 2011) seront par exemple bannis de la région parisienne (périmètre A86), de Grenoble ou de Lyon, dès le 1er janvier 2025. Et les Crit'Air 2 doivent suivre en 2028. Des restrictions à venir qui font hésiter, évidemment, lorsqu'il faut choisir.
Malgré la rareté, des prix qui baissent toujours plus vite
Mais un autre phénomène vient contrer tout cela. Un basique économique qui veut que tout ce qui est rare soit cher. Et que si l'offre baisse face à une demande identique, les prix augmentent mécaniquement. Si l'on suit la logique, plus les diesels seront rares en annonces, plus leur prix devrait augmenter.
Eh bien, levons tout de suite le suspense. Cette règle de base ne fonctionne plus ici. Toutes les études le disent, le prix des diesels d'occasion baisse en cette fin année, ce qui n'était pas le cas encore le cas jusqu'au printemps.
Oui mais... Tous les prix baissent en ce moment nous rétorquerez-vous ! C'est vrai aussi, mais le prix des diesels baisse "plus vite" que le prix des modèles essence ou hybrides. Il n'y a en réalité que le prix des modèles électriques d'occasion qui baissent plus rapidement en ce moment, mais pour d'autres raisons liées à un marché en maturation.
Ainsi, l'Observatoire des prix du site La Centrale (on rappelle ici que Caradisiac et La Centrale font partie du même groupe), basé sur l'étude des 330 000 annonces en ligne et des prix de vente affichés, conclut à une baisse des prix plus importante pour les diesels, entre le 3e trimestre 2023 et le 3e trimestre 2024. La différence n'est pas énorme, mais c'est - 10 % pour les essence et - 10,5 % pour les diesels. Les hybrides essence, eux, ont baissé de - 10,3 %.
Plus intéressant, les prix entre le 2e trimestre 2024 et le 3e trimestre 2024 ont baissé de 1,5 % pour les diesels, tandis que les prix pour les essence n'ont pas baissé du tout. Preuve d'une stabilisation des prix pour les seconds, tandis que les premiers continuent de baisser. Les hybrides, essence et diesels (PHEV inclus) baissaient en moyenne de 1,7 % pour les essence, et 0 % pour les diesels sur la même période. Cela contrebalance le constat mais les hybrides diesels sont tous des hybrides rechargeables, au comportement particulier et aux volumes de transaction très faible de toute façon.
Les modèles essence plus chers aujourd'hui, alors qu'ils coûtaient moins cher à l'achat
On retient en tout cas que la tendance est, sur le marché global, celui à gros volumes, à la baisse de valeur continue des diesels.
Nos propres observations des décotes, modèle par modèle, accréditent les chiffres des études. Car celle de La Centrale n'est pas la seule. Le baromètre d'un autre site de petites annonces, AutoScout24, mentionne que seuls les modèles essence voient leur prix se stabiliser, voire augmenter (3 % sur un an entre juin 2023 et juin 2024), au contraire des diesels donc.
Une Clio essence, à âge, kilométrage, puissance et équipement équivalent, est très souvent plus chère qu'une Clio diesel, le contraire étant l'exception. Ce phénomène est cependant moins marqué dans les zones rurales, non soumises aux ZFE. Une BMW 320d de son côté, est désormais plus abordable qu'une 320i en occasion, et c'est plus encore le cas pour une 330d face à une 330i ou 328i. Les exemples se trouvent par centaines.
Pour beaucoup, le diesel n'est plus une option, le questionnement sur le renouvellement de leur auto se faisant entre essence, hybride, hybride rechargeable ou électrique. Même la baisse des prix ne suffit pas à redonner de l'intérêt au carburant gras...
Alors pour conclure, et répondre à la question : non, le prix des diesels ne va pas remonter. La courbe des cotes, qui a hésité un temps entre le plus et le moins, est désormais assez clairement orientée à la baisse. Et à moins d'un revirement total de situation, ce qui est presque à exclure aujourd'hui, ce carburant aura de moins en moins sa place , d'autant plus que les restrictions de circulation, repoussées en ce moment, finiront bien par arriver et le disqualifier d'office. Nous continuerons cependant à observer avec attention les décotes. Car pour les amateurs, non concernés par les restrictions d'utilisation, il y aura probablement d'excellentes affaires à réaliser financièrement parlant à l'avenir.
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