Carlos Tavares sur les limitations de CO2 : « maintenant on fait la course »
L'INFO DU JOUR. D'un côté le lobby des constructeurs européens, et de l'autre le DG du groupe Stellantis: les premiers veulent un report des normes de CO2 prévues pour 2025, quand le second refuse au motif que si lui est prêt, les autres le seraient aussi s'ils avaient mieux travaillé.
Carlos Tavares: "Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course" PHOTOPQR/LE REPUBLICAIN LORRAIN/MAXPPP
A quelques semaines de l’ouverture du Mondial de l’automobile, la fièvre monte dans les états-majors. L’enjeu : l’application des nouvelles normes CO2 édictées par l’Union européenne, qui imposent aux constructeurs d’abaisser de 15% leurs émissions de CO2 à l’horizon 2025, faute de quoi ils s’exposent à 15 milliards d’amendes. Or, dans un marché où les ventés d’électriques ont plutôt tendance à se tasser, le défi semble difficilement surmontable à certains.
C’est pourquoi l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA), organisme que préside le PDG de Renault Luca de Meo, a haussé le ton la semaine dernière : « comme l’a dit sans détour Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité, "le secteur automobile est un exemple-clé du manque de planification européenne, appliquant une politique climatique sans politique industrielle" », déplore le lobby des 15 grands groupes auto du Vieux continent. Celui-ci demande donc l’activation d’une procédure d'urgence pour décaler de deux ans l'application, prévue en 2025, de l’obligation évoquée plus haut.
Las ! Carlos Tavares, Directeur général de Stellantis (groupe qui avait claqué la porte de l’ACEA en 2022), vient de répondre à ses homologues en des termes assez peu amènes. Selon lui, « du point de vue de la concurrence si chère à l'Union européenne, il serait surréaliste de changer les règles maintenant. » Et d’ajouter : «tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course», cingle le patron-pilote.
C’est d’autant plus intéressant que Carlos Tavares s’est longtemps montré réticent concernant l’électrique. Mais une fois les décisions prises, hors de question de dévier des objectifs : « J’ai lancé mon avion à pleine puissance sur la piste d’envol, il ne faut pas couper les réacteurs maintenant, sinon l’avion tombe », lançait-il d’ailleurs au printemps dernier. Et en juillet, lors d’une table ronde à laquelle participait Caradisiac, le même évoquait avec enthousiasme la vingtaine de nouveautés électriques ou électrifiées prévues dans ses gammes, dont dix étaient déjà entrés en production - Peugeot 3008 & 5008, Citroën C3 & C3 Aircross, Lancia Ypsilon, Fiat Grande Panda, etc. : "On a investi comme des malades pour le lancement de tous ces modèles". Et de vanter l’agrément de l’électrique en ces termes : « il n’y a pas de retour en arrière vers le thermique une fois qu’on a goûté à l’électrique que ce soit en termes de silence de vibrations, de qualité de toucher de route, l’électrique est supérieur et le thermique apparaît comme une voiture de l’ancien monde. »
Un ancien monde auquel Carlos Tavares associe donc clairement l’ACEA et ses membres, tout en plaidant par ailleurs pour le maintien des aides publiques à l’achat de voitures propres. Les bonnes vieilles méthodes, il n’y a que ça de vrai...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération