Renault : Ghosn sera bientôt remplacé
Florent Ferrière , mis à jour
Un conseil d'administration doit se réunir en fin de semaine pour trouver un successeur à Carlos Ghosn, qui pourrait rester encore de longs mois en prison au Japon.
Mardi, une nouvelle demande de libération sous caution de Carlos Ghosn a été rejetée par la justice japonaise. Pour rappel, Ghosn est soupçonné d'avoir minoré ses revenus et d'abus de confiance. Sauf revirement de situation, celui qui est encore officiellement patron du Losange devrait rester en prison au moins jusqu'au 10 mars. Et la détention pourrait être prolongée jusqu'à la tenue d'un procès, ce qui n'est pas prévu avant plusieurs mois.
Visiblement, ce dernier rebondissement dans un feuilleton commencé le 19 novembre 2018 a fait changer d'attitude l'État français, principal actionnaire de la marque. Jusqu'à présent, il s'agissait de respecter côté français la présomption d'innocence, d'autant qu'aucun fait ne concerne directement la gestion de Renault. Le gouvernement avait ainsi approuvé la mise en place d'une direction provisoire, avec Thierry Bolloré et Philippe Lagayette, encore soutenus lundi par Bruno Le Maire, Ministre de l'Économie.
Mais cette fois, l'État a demandé une réunion du conseil d'administration pour examiner les dossiers de candidats à la succession. Selon Reuters, dimanche prochain (20 janvier) "le constructeur automobile doit convoquer une réunion de son comité des nominations, qui sera suivie par une session du conseil dans son entier". Une source ministérielle a dit au Parisien que l'État souhaite un directeur français. Plusieurs noms circulent, dont ceux de Jean-Dominique Sénard, actuellement à la tête de Michelin, et Didier Leroy, numéro 2 de Toyota.
Le gouvernement veut donc cette fois remettre de l'ordre et tourner la page Ghosn. Cette situation bancale ne pouvait plus durer : l'affaire tombe à une époque cruciale pour la marque, qui va dévoiler dans quelques semaines la nouvelle génération de son modèle le plus connu et le plus vendu, la Clio. Celle-ci fera ses débuts en public au Salon de Genève, début mars, à un moment où Ghosn pourrait encore être en prison. Il vaudrait mieux que la Clio 5 soit présentée par le nouveau patron, ce serait tout un symbole.
Mise à jour 20h30 > La fin est proche... elle est même actée par l'Etat, premier actionnaire de la marque. Au micro de LCI, Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie, a confirmé la convocation d'un conseil d'administration pour désigner un successeur à Ghosn. Il a déclaré : "J'ai toujours indiqué, en rappelant la présomption d'innocence de Carlos Ghosn, que s'il devait être durablement empêché, nous devrions passer à une nouvelle étape. Nous y sommes. Dans cette nouvelle étape, nous avons besoin maintenant d'une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault".
Mise à jour 17 janvier > Renault a réagi officiellement avec un communiqué de presse laconique.
"Philipe Lagayette, administrateur référent de Renault, et Patrick Thomas, président du comité des nominations et de la gouvernance, confirment que les organes de gouvernance de Renault travaillent activement à la recherche de la meilleure solution pour la gouvernance future du groupe. [...] Le conseil d'administration prendra les décisions qui s'imposent dès que les éléments nécessaires seront réunis".
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