Bol d'Or - Interview : Yannick Bureau : "finir la saison en beauté"
L'année 2010 aura été une année à oublier pour le team 18 des sapeurs pompiers. Après l'apparition de problème de jante au Mans, une chute collective à Albacete c'est un problème de faisceau électrique qui a obligé la GSX-R n° 18 à abandonner dans la nuit du Bol. Yannick Bureau revient pour nous sur l'événement.
Bonjour Yannick. 3e abandons cette année, la déception doit être immense ?
Bien sur nous sommes déçus mais on le vis bien car nous n'avons pas commis d'erreur au sens technique du terme. Nous avons eu un souci de faisceau électrique qui nous faisait varier des paramètres tels que le niveau d'essence et qui provoquait des coupures générales. Il m'a donc fallu prendre la seule décision qui s'imposait : l'abandon.
Ce problème n'était pas réparable ?
Si mais cela aurait eu plusieurs conséquence. Il aurait fallu passer beaucoup de temps pour changer le faisceau, encore perdre du budget et nous aurions aussi pu avoir un autre accident en étant percuté lors d'une énième coupure. Et puis humainement, je ne pouvais pas renvoyer un pilote avec le risque qu'il pousse pour la 4e fois.
Cela aurait été beaucoup d'inconvénient par rapport au gain.
C'est vrai. D'autant qu'au classement, nous aurions été dans les profondeurs. Je préfère que les gens retiennent que nous étions bien à la 5e ou 6e place et nous avons encore prouvé que c'était notre position. C'est le plus important.
Comment expliquez-vous ces problèmes de faisceau ?
Sans avoir de certitude, on pense que c'est une autre conséquence de la chute d'Albecete qui a été très lourde. Nous allons le changer complètement sans prendre le temps de tester chaque fil sans être à l'abri d'un nouveau souci sur un autre.
Avez-vous pu régler vos problèmes de jantes arrière ?
C'est la bonne nouvelle du week-end. Nous avons réussi à trouver que nous avions un problème de cote autre que les entretoises. Nous ne laissions pas assez de place aux pièces pour avoir un peu de jeu, ce qui provoquait des casses. Maintenant, nous avons un jeu suffisant pour éviter la déformation des jantes sous l'effet de la chaleur dû aux frottements. Nous n'avions aucun moyen de savoir si ça serait fiable mais visiblement oui. Nous en avions un peu marre de changer une jante à chaque ravitaillement car à 1000 € la jante, on essai de ne pas en faire un consommable.
Cela relativise le résultat final ?
Oui, c'est vrai que j'ai connu de plus grande déception. Techniquement, on n'a rien à se reprocher et le potentiel de l'équipe est vraiment là. Les pilotes ont de nouveau fait un énorme travail et le staff a toujours bien réagit fasse aux difficultés. Maintenant, il nous faut retrouver de la stabilité et un peu de chance. Après, tu es moins déçu quand tu as une saison comme la nôtre que si ça avait été à Doha l'année passée. Cela nous permet d'engranger une énorme expérience.
A priori, le team Bolliger va être titré champion du monde. Que cela t'inspire t'il ?
Si c'est le cas, alors ce sera amplement mérité. Depuis 20 ans, ils font énormément pour l'endurance donc c'est un juste retour des choses. Ils sont un poil au dessus de par rapport à leur niveau de l'année passée. On a souvent été devant eux avant d'avoir nos soucis mais ils sont vraiment réguliers. Mais leur éventuel titre confirmerai qu'en Endurance, tu peux arriver avec tout l'or du monde, cela ne fait pas tout. C'est la grande différence entre le superbike et l'endurance. Il faut non seulement aller vite sur la piste mais aussi avoir une grande qualité dans les stands et avoir la fiabilité. Si tu as tout ça dans une saison alors, tu gagnes.
A l'approche de la fin de saison, vous devez commencer à parler de la saison 2011. Qu'en sera-t-il pour le team 18 ?
Je l'annonce officiellement, nous ne serons pas permanent en 2011 pour 3 raisons. La première et la plus importante c'est le côté humain de la chose. Pour une structure comme la notre, c'est vraiment très compliqué. Nous sommes éclatés sur toute la France, donc c'est compliqué de nous retrouver pour tout préparer. Nous avons besoin de beaucoup de temps libre et les patrons ne sont pas toujours très d'accord. Quand tout se passe bien, ce n'est déjà pas facile entre toutes les sollicitations mais ça l'est encore plus quand ça va moins bien.
J'imagine que la question budgétaire est aussi un facteur important ?
C'est le 2e point. Notre titre de vice champion du monde ne nous a rien apporté, pas un centime de plus. Certains de nos partenaires nous ont indiqué qu'il préférait nous voir bien figurer au Man et au Bol mais pas forcément sur le championnat complet qui n'a aucune couverture médiatique.
En parlant de média, la FIM avait promis de belles évolutions, qu'en est' il ?
C'est justement l'objet du 3e point. Je suis très déçu par la couverture média et surtout télévisuel. Mais je n'ai surtout pas apprécié du tout le montage vidéo de Doha en 2009. En fait, la FIM édite un DVD après la saison qu'elle offre aux teams permanents pour promouvoir leur équipe. Et bien, sur le dernier DVD, sur 25 minutes de film, tu ne vois pas 2 minutes d'images sur la 18, la 69 et le Bolliger qui ont été en bagarre tout le temps. Ce DVD je n'ai rien pu en faire. C'est pourtant un montage à postériori donc on a le temps de sélectionner les images. Cela dégoute les teams
Que ressors-tu des 2 années de team permanent ?
On a tenté l'expérience et on l'a fait comme il faut. Aujourd'hui, aucun des paramètres ne sont au vert pour nous inciter à continuer. Certain sont du ressort même de la FIM. Si cela nous avait apporté quelques choses en terme de budget, OK, mais là rien. Et à notre niveau de performance, on ne peut pas faire sans.
Penses-tu que vous redeviendrez un jour permanent du championnat ?
Pourquoi, la porte n'est pas fermé. Mais pas pour 2011 ou 2012. On va se consacrer à fond pour le Mans et le Bol car sportivement, on peut faire très bien, pour l'équipe, ce sera plus facile et on garde aussi la liberté de participer à l'une ou l'autre course du championnat si un mécène arrive. Mais ce n'est pas au programme pour le moment.
L'objectif pour 2011 ?
Se donner un nouveau challenge sportif en grimant sur le podium au Mans ou au Bol à la régulière, c'est-à-dire sans compter sur la disqualification après course d'un autre team. Pour 2010, je veux bien finir la saison à Doha et sauvegarder la structure.
Merci beaucoup Yannick et bonne fin de saison.
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