Bol d'Or 2010 - Interview Freddy Foray (SERT) : «C’est la course la plus dure que je n’ai jamais faite»
La 74ième édition du Bol d'Or s'est achevée dimanche soir dernier avec une nouvelle victoire du Team de Dominique Méliand, le Suzuki Endurance Racing Team (SERT). Après une course haute en rebondissements disputée dans des conditions de piste particulières, Freddy Foray revient avec nous sur la course de toute une équipe, sans oublier les hommes de l'ombre (les commissaires de piste) et le titre de Champion du Monde d'Endurance, qui est maintenant à portée de gant…
Caradisiac Moto : On va commencer par te féliciter pour cette nouvelle victoire au bol. Que ce soit en Superstock ou avec le SERT, te voilà avec 5 Bol d'Or à la maison en 6 participations… ça commence à causer !!
Freddy Foray : Oui, ça cause parce que déjà deux Bol d'Or avec le SERT, c'est extraordinaire. L'année dernière, j'arrive à la dernière minute le mardi, on gagne le Bol d'Or le dimanche. Pour 2010, ça me retombe dessus et on gagne encore. Sincèrement c'est extraordinaire et ça fait vraiment plaisir. Et puis par rapport au Superstock, j'avais totalement le même objectif avec le Junior Team Suzuki, c'était de gagner. C'est sûr que cette course me réussit particulièrement bien…
Caradisiac Moto : Et que dire du palmarès de Vincent Philippe, de Guillaume Dietrich et de Dominique Méliand. Si on met toutes vos victoires au Bol d'Or bout à bout (plus de 20) ça en fait des nuits blanches passées au guidon !!
Freddy Foray : Bah oui, forcément, celui qui a le plus de victoire c'est le chef, bien sûr, M. Méliand, parce que c'est sa 14ième victoire au Bol d'Or en 30 participations, soit quasiment 50% de réussite. Et il y a aussi Vincent qui en a quand même gagné 6, sur 10 ou 11 participations, soit encore plus de 50% de réussite. Je trouve ça énorme puis c'est un régale d'être à coté de lui parce que, comme j'ai pu lui dire il n'y a pas longtemps, il arrive à trouver des solutions à chaque problèmes et il arrive surtout à les gérer très rapidement. C'est pour ça qu'il est très très fort sur des courses d'endurance. Sincèrement, il est extra… je suis fier de l'avoir comme coéquipier, c'est plus facile que comme adversaire.
Caradisiac Moto : Et concernant Guillaume et son retour après sa grosse chute aux 24h du Mans en début d'année !?
Freddy Foray : Bah c'est son tout premier Bol d'Or et on est aussi très pote. Donc ça fait plaisir de partager cette victoire au Bol suite à tout ce qui s'est passé en début de saison, on était particulièrement fier d'être tous les 3 sur le podium. On est 3 personnes qui s'entendons très bien et de finir en tête sur la plus haute marche du podium, ça nous a fait beaucoup de bien…
Caradisiac Moto : Si on se refait un peu le film de cette édition 2010, dès le début la BMW semblait très forte… un peu à l'image de leur prestation en Championnat de France Superbike. Tu pensais que c'était plié d'avance ou pas du tout !?
Freddy Foray : nan nan….. déjà, ce que je tiens à dire, c'est qu'ils nous en mettaient moins qu'en Championnat de France Superbike [rire…] et c'était une bonne surprise. On pensait vraiment qu'ils allaient refaire les mêmes chronos mais je pense que tout était encore neuf chez eux donc c'était un peu normal. Nous, en début de course, on a rencontré des petits soucis pas forcément prévus à cause de la chaleur entre autre. Les relais ont été vraiment difficiles mais encore une fois, le problème, c'est que sur les courses de 24 heures, ça sert à rien d'être le plus rapide tout le temps. Je pense qu'il faut être le plus régulier et le plus patient possible parce qu'on a vu qu'à la régulière ce n'était pas possible de suivre leur rythme. On savait que si on ne faisait pas d'erreur, on pouvait rapidement prendre la tête et c'est ce qu'il s'est passé. Bien sûr, il y avait la domination des BM qui sont performantes et fiables. C'est important pour eux et…… je ne vais pas dire triste pour nous, mais ils vont mettre la barre assez haute au Qatar (8h de Doha le 13 novembre prochain, NDLR).
Caradisiac Moto : Et puis tours après tours, les favoris sont allés au tapis, National Motos dans le premier tour, Michelin PRT, la GSR Kawasaki (victorieuse aux derniers 24h du Mans), la BMW BMP Elf 99, la Yamaha du YART, les sapeurs pompier du Team 18,… Comment avez-vous fait pour passer entre les goutes !?
Freddy Foray : Je pense déjà que c'est la course la plus dure que je n'ai jamais faite parce que tout simplement, il y a eu trop de crashs, trop de casses de moteur, de l'huile partout sur la piste… sincèrement, c'était comme un champ de mines. Je tiens à féliciter les commissaires de piste et les équipes techniques du Bol d'Or parce qu'ils ont fait un travail de fou toute la nuit. Concernant National Moto, ils n'ont pas eu de chance. Je pense qu'il y a le mauvais sort qui s'acharne sur eux. Pour la #63 (Michelin Power Research Team, NDLR), ça fait chier parce que c'est William (Costes, NDLR)… il est à l'hôpital. Je ne sais pas trop si ça va mais il a vraiment pris cher. Il y a Raphaël Chèvre aussi qui est dans le coma mais je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé. Nous sur la moto c'était très stressant parce qu'il y avait de l'huile partout sur la piste. On est d'ailleurs tombé aussi sur une trace d'huile mais dans l'ensemble, on a fait attention. A un moment, dans la nuit, il y a même un pilote qui est tombé devant moi sur de l'huile et pourquoi je ne suis pas tombé… je ne sais toujours pas. C'était vraiment ça toute la nuit.
Caradisiac Moto : Quels ont été les meilleurs et les pires moments rencontrés durant ce Bol d'Or pour toi et le team !?
Freddy Foray : Bah le meilleur moment, je vais te dire sans hésiter la victoire à 15h dimanche parce que c'était très dur et ça fait du bien quand ça s'arrête. Et le plus dur, c'était la nuit avec le stress de l'huile sur la piste. C'était vraiment l'angoisse permanente… toute le monde tombait devant moi. J'ai même eu une casse moteur devant la moto, j'avais envi de ramener la moto au stand pendant 2-3 relais.
Caradisiac Moto : On peut aussi noter la belle bagarre engagée avec ton frère (Kenny Foray sur la Yamaha du GMT94). Tu es dans quel état d'esprit dans ces moments là !? Il n'y a plus de fraternité qui compte ?
Freddy Foray : Ce n'est pas la même bagarre qu'en vitesse. Même si on se régale à se bastonner, il ne faut pas trop s'emballer non plus en endurance. Mes meilleurs relais, je les ai fait quand j'étais contre Kenny en piste parce que je savais que c'était lui et ça me stimulait d'avantage. C'est vraiment dommage pour eux surtout qu'ils ont fait du bon boulot… j'aurai voulu, pour la seconde fois d'affilé, avoir mon frère avec moi sur le podium. Ca aurait été franchement top !! Après, c'est la course d'endurance. Aujourd'hui ça lui arrive à lui, demain, ça arrivera à d'autres, nous ça nous ai arrivé aux 24h du Mans. C'est comme ça, c'est la course, faut faire avec.
Caradisiac Moto : Aujourd'hui, si l'on regarde le classement du Championnat du Monde d'Endurance, vous êtes second à 9 points de la ZX-10R du Bolliger Team Switzerland. L'ultime manche, qui va se disputer sur 8 heures, à Doha au Qatar le 13 novembre prochain, s'annonce saignante. Comment toi et le SERT de Dominique Méliand allez gérer la course !?
Freddy Foray : Le problème c'est que là, je crois qu'il ne va pas falloir gérer. C'est seulement 8 heures de course et vu comment les favoris sont tombés comme des mouches au Bol, le classement est un peu bouleversé même si la Kawa Bolliger a fait une super course. Pour le Qatar, on n'a pas le choix. On a vu que la machine avait du potentiel pour aller vite en qualif' donc maintenant, il faut juste confirmer ça et que l'on soit encore plus rapide. Sincèrement, au Qatar, l'objectif, c'est la victoire pour nous aider à avoir le titre sans pour autant que ce soit gagné d'avance parce que si la Bolliger fait une belle course, il nous passera sous le nez...
Caradisiac Moto : Pour conclure, on sait depuis les derniers 24h du Mans, que les deux manches Françaises du Championnat du Monde d'Endurance ont permuté. Est-ce que cela va changer quelque chose pour toi ou pas du tout !?
Freddy Foray : Psychologiquement, cela veut dire que dans 7 mois, il faut recommencer le Bol d'Or [rire]. Pour nous, cela ne change rien parce que les courses de 24h sont aussi dures les unes que les autres même si le Bol est un peu plus physique que les autres. Le grand inconnu reste de temps qu'il va faire dans la Nièvre. J'ai vraiment peur mais maintenant, si ça se trouve, on aura du super temps. Mais les essais Pré-Bol en Mars à Magny-Cours, on va découvrir tout ça mais sans combinaison perforée et avec des trucs chauds sur le dos. Faut pas oublier que Le Mans, ce n'est pas dans le Sud non plus hein… En tous les cas, on attend ça avec impatience.
Caradisiac Moto : Il ne me reste plus qu'à te souhaiter bon courage pour la fin de la saison dans le Superbike Français et on espère te voir revenir avec la couronne du Champion du Monde d'Endurance sur le casque à l'issue de la dernière manche de la saison au Qatar.
Freddy Foray : Moi aussi j'espère, ça serait bien…
Photos : Esprit Racing, Alain Soudy, Bertrand Stey, Franck Zykmu, FIM
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