BMW M3 E36 (1992-2000) : la moins chère des mangeuses de 911, dès 19 000 €
Stéphane Schlesinger , mis à jour
Mue par un formidable 6-en-ligne, la M3 associe performances hors normes, large habitabilité et efficacité de haut niveau. Capable d’en remontrer à une Porsche 911 tout en transportant la famille, elle voit sa cote monter sérieusement. C’est maintenant ou jamais pour en profiter !
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la BMW M3 E36 est-elle collectionnable ?
1re M3 à 6 cylindres, l’E36 gratifie de performances encore redoutables grâce à ses 286 ch, devenus 321 ch en 1995. C’est elle qui, par sa polyvalence, a réellement défini ce que sont les M3, les modèles actuels ne dérogeant pas à sa formule : efficacité, vélocité, confort, luxe et habitabilité. Après une longue période de purgatoire, ces BMW, au délicieux parfum youngtimer, attirent de nouveau les amateurs, surtout que les prix de sa devancière E30 sont devenus stratosphériques, tandis que ceux de sa remplaçante E46 s’envolent sérieusement.
Aujourd’hui portée aux nues, la BMW M3 E30 a pourtant laissé certains amateurs sur leur faim. Pourquoi ? Parce qu’elle se contente d’un 4-cylindres, certes brillantissime. Ce défaut, sa successeure le résout admirablement. Apparue fin 1992, elle appartient à la génération E36 de la gamme série 3 de BMW, lancée fin 1990, donc se signale par un design très moderne et des trains roulants raffinés, comportant un essieu arrière en Z très bien guidé.
Plus rien à voir avec l’E30 ! Surtout, la M3 E36 bénéficie du formidable 6-cylindres en ligne 3,0 l S50B30, un bloc atmosphérique développant quelque 286 ch. Préparé par BMW M, il se pare de 4 soupapes par cylindres, bénéficie du tout nouveau système de calage variable de la distribution Vanos ainsi que de 6 papillons d’admission. Une très belle mécanique qui propulse la M3 à 250 km/h et surtout lui fait franchir le km départ arrêté en 25,4 s !
Le tout en famille, car la sportive bavaroise accueille dignement quatre passagers avec leurs bagages. Contrairement à sa devancière, elle a été prévue pour se vendre en quantités importantes, donc se voit produite non pas dans un atelier dédié mais sur les lignes des autres Série 3. Ceci permet à BMW de la proposer à un prix certes élevé mais étonnamment attractif dans sa catégorie : 320 000 F, soit 71 500 € actuels selon l’Insee. À titre de comparaison, la Porsche 911 Carrera 2 revient à 494 000 F…
En conséquence, la BMW rencontre un joli succès, d’autant que ses trains roulants affûtés permettent de bien exploiter la puissance. Outre une assiette abaissée de 31 mm, les voies s’élargissent (+ 55 mm à l’avant et + 90 mm à l’arrière) tandis que les ressorts et amortisseurs s’affermissent. Pour compléter le tout, un différentiel à glissement limité est installé et les jantes, désormais forgées, passent à 17 pouces. Du sérieux ! Si la carrosserie demeure discrète (boucliers et bas de caisse sont tout de même spécifiques), l’habitacle profite d’un bel équipement : clim auto, sièges baquets en cuir, ordinateur de bord… Elle sait tout faire !
Pour elle, BMW a d’ailleurs prévu une gamme complète, plus polyvalente que vraiment radicale : un cabriolet apparaît en mars 1994, suivi en septembre d’une berline. Un break Touring était même envisagé, mais il n’a pas été produit.
Pour renforcer le succès de sa M3, qui se vend bien mieux que sa devancière, BMW l’affûte en 1995. Le bloc passe à 3,2 l et 321 ch, la boîte gagne un 6è rapport, alors que la direction est modifiée. Du coup, la BMW marche encore plus fort (moins de 25 s au 1 000 m DA), augmente son efficacité dynamique et… abaisse sa consommation !
En 1997, elle peut s’équiper, en option, d’une boîte robotisée SMG, mais cette année-là, la fin commence. La berline disparaît, suivie du coupé en 1998, après que la nouvelle Série 3 E46 a été présentée. En 1999, c’est le cabriolet M3 E36 qui s’en va. Au total, la BMW mangeuse de 911 a été produite à près de 72 000 unités : sacré succès !
Combien ça coûte ?
Le succès de la M3 lui a valu une plongée vertigineuse de la cote. Elle est tombée dans des mains peu argentées, donc souvent peu scrupuleuses, qui ont nui à sa réputation, maintenant sa valeur au fond du gouffre. Mais cela change rapidement ! Actuellement, un coupé M3 3,0 l convenable ne se dégotte plus à moins de 19 000 €, et encore, en passant nettement les 200 000 km.
Une belle auto de 150 000 km se négocie environ 22 000 €, et celles de moins de 100 000 km, fort rares, flirtent déjà avec les 30 000 € ! Les berlines et cabriolets sont un peu plus chers, d’environ 2 000 €. Quant aux 3,2 l, elles réclament une rallonge de 5 000 €, sauf en SMG, où elles restent au prix des 3,0 l.
Quelle version choisir ?
D’abord et avant tout, celle qui sera la plus proche de l’état d’origine et bien entretenue. Ensuite, la meilleure est la 3,2 l, mais en termes de rapport qualité/prix, la 3,0 l représente un excellent compromis.
Les versions collector
La M3 E36 a été déclinée en quelques séries limitées dont la GT, produite à 250 unités en 1995 (290 ch) est la plus désirable. Il y a aussi les Imola Individual (réservée au marché UK) et LTW (pour les USA), introuvables en France. Très rares, les berlines sont de vrais collectors ignorés, le marché valorisant les coupés en parfait état et peu kilométrés.
Que surveiller ?
Bien construite, la M3 E36 n’échappe pas à quelques tares. Il est très important que l’auto ait été scrupuleusement entretenue pour que son moteur dure longtemps. Ainsi, les soupapes se règlent régulièrement (pas de poussoirs hydrauliques), et les vidanges doivent être rapprochées. Sinon, les coussinets de bielles dégagent avant 100 000 km. Certains les changent d’ailleurs préventivement. Le système Vanos connaît aussi des défaillances, de même que le système robotisé de la peu convaincante boîte SMG.
L’habitacle n’est pas aux standards traditionnels de BMW : les panneaux de porte se décollent, le ciel de toit s’effondre, les bourrelets de sièges se râpent vite… Là encore, on préférera une auto soignée.
Enfin, la M3 E36 est sensible à la corrosion, surtout en 3,0 l : à inspecter soigneusement. Cela posé, de nombreux exemplaires affichent plus de 200 000 km d’un usage actif et se présentent en excellent état d’origine !
Au volant
Belle allure que celle de la M3 E36, toujours forte en caractère, plus encore que celle de l’E46, sa descendante. C’est moins brillant dans l’habitacle, moyennement réalisé, mais au moins s’y trouve-t-on parfaitement installé dans un siège idéal. Au démarrage, la magie opère : le 3,2 l sonne divinement, même au ralenti.
Et ensuite… Il a toutes les qualités ! Regorgeant de couple à bas régime, il reprend très vigoureusement quel que soit le rapport engagé puis s’envole dans un chant fascinant, complexe et métallique, jusqu’à 7 000 tr/min. Ensuite, il ne progresse plus tellement, de sorte qu’il ne sert pas à grand-chose de flirter avec la zone rouge. Ce faisant, il administre des accélérations féroces, ponctuées par de vifs changements de rapports effectués avec l’excellente commande de boîte.
Côté châssis, l’équilibre général, remarquable tout comme le grip, se double d’un excellent amortissement pour procurer une belle efficacité. Cela dit, la M3 conservant une certaine souplesse pour rester confortable, elle n’est pas un scalpel, la direction manquant d’ailleurs de feedback : on n’est pas au volant d’une 911 familiale ! D’ailleurs, le freinage, certes puissant, n’a pas la même endurance que celui de la Porsche.
Néanmoins, confortable en usage courant, la M3 3,2 l délivre un agrément intense dans une ambiance youngtimer, et, cerise sur le gâteau, est capable de se contenter de 9 l/100 km !
L’alternative newtimer*
BMW M3 E46 (2000-2006)
Proche de la M3 E36 tant par son look que son architecture, l’E46 en reprend pratiquement le moteur 3,2 l. En l’améliorant bien sûr puisqu’il grimpe à 343 ch ! La boîte conserve 6 rapports, qu’elle soit manuelle ou SMG II, cette dernière étant en nets progrès face à celle de l’E36. Il en va de même pour le cockpit, arborant enfin une finition digne de BMW, donc remarquable !
Performante, sûre, polyvalente et solidement construite, la M3 E46 ressemble à une arme absolue, surtout dans sa version allégée CSL présentée en 2002, allégée de 100 kg. En 2003, la M3 bénéficie de légères retouches mais ne bénéficiera pas de l’avant redessiné du coupé standard. Jamais déclinée en berline (seulement en coupé et en cabriolet), la BMW peut recevoir un pack Compétition fin 2004, avant de disparaître en 2006, produite à 85 766 unités, un record pour une M3 ! Dès 22 000 €.
BMW M3 E36 3.2 (1996), la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en ligne, 3 201 cm3
- Alimentation : injection électronique
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, propulsion
- Puissance : 321 ch à 7 400 tr/min
- Couple : 348 Nm à 3 250 tr/min
- Poids : 1 475 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,5 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de BMW M3 E36, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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