BMW 320i vs Lexus IS 200, des 6-cylindres pour presque rien
Stéphane Schlesinger , mis à jour
Deux berlines à propulsion, chics et mues par de beaux 6-en-ligne, c’est alléchant. Quand en plus, elles ne coûtent pas très cher - dès 4 500 € -, on se demande pourquoi on devrait s’en passer. Mais laquelle choisir ?
A la fin des années 90, Lexus, qui a réussi sa percée au USA précise sa menace sur une Europe réfractaire. La Bmw Série 3 y fait un malheur commercial dans sa catégorie, aussi est-ce la cible privilégiée de la marque japonaise, créée par Toyota. Les moteurs, l’architecture et le dynamisme de la bavaroise en génération E36 font référence, sa qualité de finition un peu moins.
Aussi est-ce sur ce point que le blason nippon va tenter de la surpasser avec son IS 200, tout en se calquant sur le reste. Seulement, le temps qu’elle sorte, en 1998, BMW a dégainé sa nouvelle Série 3 E46, à la fabrication enfin irréprochable. Le match s’annonce plus serré que prévu pour l’IS 200 à l’époque, mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Les forces en présence
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BMW 320i (1998-2005) : berline 4 portes, 6 cylindres, 2,0 l 150 ch ou 2,2 l 170 ch, 1 440 kg, 219 - 226 km/h, partir de 4 500 €
- Lexus IS 200 (1999-2005) : berline 4 portes, 6 cylindres, 2,0 l, 155 ch, 1 360 kg, 215 km/h, à partir de 5 500 €
Présentation : une inspiratrice brillamment copiée
On peut le dire aujourd’hui : si la Série 3 E36 était brillamment conçue, sa qualité de fabrication restait très en-deçà des standards de BMW. Aussi sa remplaçante, présentée fin 1997, en reprend-elle le meilleur tout en corrigeant le pire. Codée E46, elle ressemble beaucoup à sa devancière dont elle arrondit les angles (Chris Bangle, alors chef du design bavarois, n’a pris aucun risque) et récupère dans leurs grandes lignes les trains roulants (jambes de force avant, essieu arrière multibras) ainsi que certains moteurs.
Surtout, elle revoit totalement sa qualité générale, et impressionne par sa finition, qui devient la référence de la catégorie. Comme toujours chez BMW, sa gamme se révèle d’emblée très riche. Le premier 6-cylindres disponible, un 2,0 l, équipe la 320i. Doté de 24 soupapes et deux arbres à cames dotés de déphaseurs dits Double Vanos, ce bloc codé M52tu développe 150 ch, ce qui confère à la voiture des performances suffisantes malgré les 1 440 kg : 219 km/h en pointe. Les tarifs ne sont pas amicaux. En finition de base, en 1999, la 320i (199 000 F, soit 45 340 € actuels selon l'Insee) propose déjà la clim, les vitres (avant) et rétros électriques, les accoudoirs centraux, la banquette rabattable ainsi que la radio CD, en plus de l’ABS.
En Pack Luxe, elle ajoute les jantes en alliage, le cuir, les boiseries ou encore les vitres arrière électriques. Evidemment, le prix s’en ressent (219 000 F, soit 49 900 € actuels selon l'Insee). En juillet 2000, le 6-cylindres de la 320i change. Cubant désormais 2,2 l, il passe à 170 ch, ce qui porte la vitesse maxi à 226 km/h, alors que la consommation chute. Restylée en 2001, la BMW Série 3 E46 est remplacée par l’E90 en 2005.
Si l’entrée de Lexus aux USA est une réussite, la marque de luxe japonaise a plus de mal en Europe. Alors, de la même manière qu’elle a benchmarké Mercedes chez l’Oncle Sam, Lexus se cale sur BMW pour le vieux continent. La Série 3 y rencontre un succès conséquent, aussi les ingénieurs emmenés par Nobuaki Katayama, le père de la mythique Corolla GT AE86, conçoivent-ils une familiale à 3 volumes relativement compacte, dotée d’un 6-cylindres en ligne envoyant sa cavalerie aux roues arrière. Ça ne vous rappelle rien ?
Le moteur, cubant 2,0 l, dispose de deux arbres à cames en tête commandant 24 soupapes, et développe la puissance assez conventionnelle de 155 ch. Mais il s’exprime via une boîte 6 (que l’on retrouvera sur la Mazda RX-8), chose rare dans les années 90, et n’a que 1 360 kg à emmener. Cela débouche sur de bonnes performances, avec un maxi de 215 km/h. Côté châssis, on prévoit du surdimensionné : double triangulation avant et arrière, comme en compétition. La voiture apparaît d’abord au Japon en 1998, où elle est badgée Toyota Altezza, puis débarque en Europe sous l’appellation Lexus IS 200. Son joli dessin et sa technologie lui valent un intérêt marqué, sans oublier son équipement riche.
Dès l’entrée de gamme, elle offre la clim auto, les 4 vitres et rétros électriques, les jantes en alliage, la radio K7, l’ABS ou encore le double airbag. La Pack ajoute le cuir, les sièges chauffants, le GPS et même le différentiel Torsen. Les prix ? Ils varient de 169 900 F (38 750 € actuels selon l'Insee) à 190 000 F (43 300 € actuels selon l'Insee), ce qui est compétitif face à BMW. Toutefois, en raison d’un réseau embryonnaire, la Lexus ne peut concurrencer la 320i côté ventes même si elle ne démérite pas. En 2001, elle est légèrement restylée, alors que son moteur, bénéficiant d’une nouvelle cartographie, consomme un peu moins. Elle est retirée en 2005.
Fiabilité/entretien : la BMW assure, la Lexus impressionne.
Très bien fabriquée, la BMW 320i se targue d’un vieillissement excellent et d’une belle fiabilité mécanique. Intrinsèquement, son 6-cylindres n’a pas de tares, non plus que la boîte. La chaîne de distribution est sans ennui, même si on la surveillera passé 150 000 km. Toutefois, des petites avaries viennent perturber le fonctionnement du moteur. A partir de 100 000 km, les bobines défaillent souvent, alors que le Double Vanos demandera un nettoyage de filtres.
Avant 150 000 km, on doit souvent changer les vannes DISA, gérant l’admission d’air dans le moteur. Côté trains roulants, les silentblocs de bras de suspension avant sont à renouveler vers 100 000 km, alors que les attaches de pont arrière sont à surveiller sur les autos maltraitées. Dans l’habitacle, le voyant d’airbag passager s’allume intempestivement, ce qui peut imposer de changer la nappe captant la présence d’un passager, située dans l’assise avant droite.
Côté Lexus, la mécanique se révèle au moins aussi solide que chez BMW, moteur et transmission, pourvu que l’entretien ait été bien fait. Cela passe par le changement périodique de la courroie de distribution, ce qui a un coût assez élevé, car il demande beaucoup de démontage.
Les aléas autours du 6-cylindres sont quasi-inexistants, hormis les bobines à changer tous les 100 000 km. Pas de soucis particuliers à relever du côté des trains roulants, mais si l’habitacle vieillit fort bien, la radio CD est souvent HS passé 100 000 km. Bilan impressionnant, la voiture pouvant passer les 300 000 km avec juste de l’entretien courant.
Avantage : Lexus. S’épargnant les pétouilles de la 320i, l’IS 200 rafle une victoire logique, sanctionnant une étude et une fabrication très rigoureuses.
Vie à bord : peu spacieuses mais élégantes
Dans la BMW, on retrouve avec plaisir une planche de bord de référence, tant par son dessin élégant que son ergonomie travaillée et sa finition remarquable. Plastiques rembourrés à cœur, assemblages solides et millimétrés, c’est valorisant. L’espace à bord est appréciable à l’avant, avec une belle largeur aux coudes, mais plutôt compté à l’arrière au niveau des jambes.
Les sièges ? Cela dépend. Les éléments standard, fermes, ne sont guère intéressants. En revanche, les fauteuils sport optionnels procurent un confort remarquable ! On apprécie les rangements assez nombreux à l’avant et l’équipement plus complet que ce à quoi BMW avait habitué la clientèle auparavant. Surtout qu’avec les options, on peut obtenir une auto réellement luxueuse. La praticité n’a pas été oublié, la banquette étant rabattable. A 440 l, le volume du coffre est très convenable.
Dans la Lexus, le design du tableau de bord, marqué par des lignes horizontales, interpelle. Mais moins que les instruments, très inspirés de l’univers des montres de luxe avec ces cadrans imbriqués les uns dans les autres. Seulement, l’ensemble se révèle moins élégant que dans la BMW, et les plastiques, durs, n’ont pas le même cachet. Heureusement, l’assemblage est irréprochable.
L’espace habitable est comparable à celui de la Série 3 (largeur moindre mais plus d'espace aux genoux à l'arrière), alors que les sièges sont plus agréables que les éléments de base de celle-ci. En revanche, ils ne peuvent rivaliser avec les fauteuils sport allemands. L’équipement de base apparaît plus riche, mais si les rangements sont assez nombreux, la banquette ne se rabat pas et le coffre, à 400 l, est un peu plus petit que celui de la bavaroise.
Avantage : BMW. Mieux finie, plus élégamment présentée et nantie d’un coffre plus pratique et spacieux, la 320i prend l’avantage malgré son équipement moins fourni.
Sur la route : la bataille fait rage.
Comme souvent chez BMW, la position de conduite de la 320i est parfaite, d’autant que le volant se règle dans les deux plans. Le moteur ? C’est une merveille de musicalité et de douceur. Son feulement aérien réjouit, à plus forte raison à haut régime quand il devient un rugissement métallique. D’une grande souplesse, le 150 ch ne vous colle vraiment pas au siège, mais il se montre allègre dans ses montées en régime. La boîte 5, très agréable à manier, le complète vaillamment, mais l’embrayage manque de progressivité.
Le châssis est largement à la hauteur. Direction consistante, train avant précis, poupe rivée au sol, bel équilibre, la BMW est sûre mais aussi amusante quand on le lui demande. De plus, l'ESP en option, renforce la sécurité. La suspension réalise un bon compromis entre maintien de caisse et confort, même si on trouve mieux ailleurs. Quant au freinage, il est puissant mais manque d’endurance en conduite sportive. La 320i, silencieuse, est en tout cas une bonne monture de voyage.
Même si son volant ne se règle qu’en hauteur, la Lexus offre une bonne position de conduite. Au démarrage, son moteur donne lui aussi le sourire par sa mélodie. Elle est plus rauque que dans la BMW, plus sportive aussi mais cela ne se traduit pas face au chrono. Creux, le moteur de la Lexus demande à être poussé au-delà de 3 000 tr/min pour pousser correctement, puis connaît un regain de punch à 4 500 tr/min et prend 6 500 tr/min sans barguigner. La boîte 6, remarquable par son agrément et son étagement, aide à bien exploiter le moteur, mais les performances restent un en-deçà de celles de la 320i, ce qui est frustrant.
Car dynamiquement, l’IS 200 impressionne. Direction et train avant très précis, équilibre général irréprochable, gros grip, belle maniabilité, elle fait tout très bien, sans toutefois bousculer la BMW. Mais le différentiel Torsen de la version Pack constitue un bel atout interdit à l'allemande, à ceci près que la puissance manque pour bien en profiter. Par ailleurs, avant 2001, l'ESP reste indisponible. Heureusement, la suspension préserve un bon confort tout en limitant les mouvements de caisse. Le freinage efficace, alors que la belle insonorisation laisse augurer du meilleur sur long trajet.
Avantage : égalité. Moteur plus agréable et vigoureux sur la 320i, châssis un poil plus sportif sur l’IS 200, nos deux rivales sont impossibles à départager.
Budget : du caractère à pas cher
En très bon état, malgré un kilométrage qui peut passer la barre des 200 000 km, la 320i se dégotte dès 4 500 €. Comptez 5 300 € pour une auto de 150 000 km, et 6 000 € aux alentours de 100 000 km. Des prix qui varient nettement en fonction des options : une pack Luxe peut coûter 1 000 € supplémentaires. Côté consommation, tablez sur 9 l/100 km en moyenne.
Aux alentours de 200 000 km, la Lexus tournera plutôt autour des 5 500 €, et 7 000 € à 150 000 km. Pour passer sous les 100 000 km, on comptera 8 500 €, avec un petit surplus pour les Pack Luxe. La consommation est sensiblement équivalente à celle de la BMW.
Avantage : BMW. Moins chère à l’achat, la 320i prend le dessus sur l’IS200, d’autant que les deux rivales consomment la même chose.
Verdict : la BMW moins chère !
La BMW s’impose mais elle a eu chaud ! Elle peut compter sur son très bel habitacle et son moteur plus performant pour faire la différence (avantage renforcé avec le bloc 170 ch), ainsi que, étonnamment, son prix plus abordable. Ceci est dû à sa bien plus grande abondance sur le marché.
La Lexus contre par une plus grande fiabilité et un châssis un poil plus abouti, mais ça ne suffit pas. Toutefois, elle demeure une proposition très pertinente pour rouler dans une voiture « de connaisseur », chose dont ne peut se targuer la BMW…
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Lexus |
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