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Bilan du 80 km/h : une expérimentation loin d'être significative!

Le gouvernement a refusé de donner les chiffres détaillés de l'accidentologie constatée sur les trois tronçons - trois portions de quelques kilomètres de la RN57 en Haute-Saône, la RN151 en Bourgogne, la RN7 dans la Drôme - testés à 80 km/h au lieu du 90 normalement en vigueur durant deux ans. L'association 40 millions d'automobilistes a donc décidé d'agréger elle-même les statistiques disponibles depuis la base gouvernementale de données brutes en accès libre sur Internet. Selon ses résultats, publiés ce mardi, la tendance est loin d'être aussi positive que nos autorités le laissaient entendre. Au mieux, ce n'est pas significatif, au pire c'est carrément mauvais !

Bilan du 80 km/h : une expérimentation loin d'être significative!

Attendu et réclamé depuis des semaines, le bilan de l'expérimentation du 80 km/h sur les trois tronçons choisis à l'été 2015 a été rendu public la semaine dernière, mais sans aucune précision sur l'accidentalité constatée. Seul l'impact sur les vitesses pratiquées y est scruté, avec des lapalissades du type : "la baisse de la vitesse limite autorisée (...) a engendré une baisse moyenne des vitesses pratiquées"… 40 millions d'automobilistes a donc décidé de s'y coller. Et comme on pouvait s'y attendre, en terme d'accidentologie, le bilan de cet abaissement de 90 à 80 km/h est loin d'être significatif. Disons-le tout net : il est même plutôt mauvais (cf. les relevés chiffrés de l'association ci-dessous) !

Et même si dans sa lettre adressée aux sénateurs début janvier le Premier ministre ne s'appuie pas sur la même période d'analyse, force est de constater qu'on est loin d'arriver aux mêmes conclusions qu'Édouard Philippe quand on observe les chiffres retrouvés par 40 millions d'automobilistes. "Aux termes de ces deux années [de l'été 2015 à l'été 2017, NDLR], l'analyse de l'accidentalité est positive", nous a ainsi assuré le chef du gouvernement il y a quelques semaines. "Elle montre une tendance à la baisse, sur la base d'une comparaison des données entre les deux années de l'expérimentation et l'observation des 5 années précédentes".

L'association, qui s'appuie sur la base de données brutes des accidents de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), en accès libre sur Internet, remonte quant à elle aux trois années précédentes (2012, 2013, 2014, en plus des six premiers mois de 2015), et les compare aux 18 premiers mois de l'expérimentation, de l'été 2015 à la fin 2016, les données 2017 n'étant tout simplement pas encore connues… excepté apparemment du gouvernement. Sauf que les résultats obtenus de part et d'autre ne correspondent pas du tout, et font craindre qu'Édouard Philippe n'ait pas dévoilé les bons chiffres (voir ci-dessous) ! Ne s'agirait-il que d'une simple erreur ?

18 accidents en 18 mois, versus 20 en 24 mois… cherchez l'erreur !

Selon 40 millions d'automobilistes, il y a eu ainsi 18 accidents (cf. le tableau ci-dessous) sur les 18 premiers mois de l'expérimentation, alors que le Premier ministre parle de "20 accidents, 3 tués et 42 blessés dont 21 hospitalisés", entre le 1er juillet 2015 et le 1er juillet 2017. Cela "revient à dire que sur les 6 premiers mois de l’année 2017, seuls 2 accidents ne faisant aucune victime seraient survenus sur l’ensemble des 3 tronçons soumis à l’expérimentation, ce qui semble malheureusement très improbable", en déduit l'association.

Bilan de l’accidentalité sur 18 mois (juillet 2015 - décembre 2016)

Période d'analyse/accidentologie Nb total d’accidents Nb blessés légers Nb blessés hosp. Nb tués Nb total de victimes
Entre janvier 2014 et juin 2015 22 7 29 3 39
Entre juillet 2015 et décembre 2016 18 20 20 3 43
Évolution -18 % 186 % -31 % 10%

Source : 40 millions d'automobilistes

Même dans le détail, les effets positifs de cette expérimentation sur le nombre d'accidents, leur gravité et donc le nombre de victimes, sont loin d'être évidents. L'accidentologie a carrément eu tendance à se dégrader sur deux des trois tronçons testés, après la mise en place du 80.

1 - En Haute-Saône, l'accidentalité repart à la hausse en 2016, première année pleine au 80 !

En Haute-Saône (70), c'est un tronçon de 14 km sur la RN57 entre Vesoul et Besançon qui a été expérimenté. Non seulement, il est loin d'être aussi accidentogène - 6 accidents, 1 tué en trois ans - que l'on nous l'avait présenté pour justifier le choix de ce site à l'époque, mais le passage au 80 a eu vraisemblablement des effets très négatifs en 2016.

Période d'analyse/

accidentologie

Total d’accidents Nb blessés légers Nb blessés hosp. Nb tués Nb total de victimes
2012 2 1 2 0 3
2013 2 1 2 0 3
2014 2 0 2 1 3
2015 - janv. à juin 0 0 0 0 0
2015 -juil. à déc. 0 0 0 0 0
2016 3 2 4 1 7

Source : 40 millions d'automobilistes

2 - En Bourgogne, 2016 marque une reprise du nombre total de victimes

Dans l'Yonne (89) et la Nièvre (58), le tronçon est de 49 km sur la RN151 entre Auxerre et Varzy. Après une amélioration constatée en 2015, aussi bien sur les six premiers mois encore à 90 que les six derniers à 80, le nombre d'accidents et surtout celui des victimes sont repartis à la hausse en 2016…

Période d'analyse/

accidentologie

Total d’accidents Nb blessés légers Nb blessés hosp. Nb tués Nb total de victimes
2012 3 1 2 2 5
2013 4 0 3 2 5
2014 6 3 11 1 15
2015 - janv. à juin 1 0 1 0 1
2015 -juil. à déc. 1 0 1 0 1
2016 3 1 6 1 8

Source : 40 millions d'automobilistes

3 - Dans la Drôme, les résultats sont au mieux contrastés

Dans la Drôme (26), le tronçon fait 18 km sur la RN7 entre Gervans et Bourg-lès-Valence. Là, pour le coup, ce n'est peut-être pas moins bien - et encore, le seul tué à déplorer en 2015 s'est produit une fois que la vitesse avait déjà été abaissée - mais ce n'est de toute façon pas vraiment mieux.

Période d'analyse/

accidentologie

Total d’accidents Nb blessés légers Nb blessés hosp. Nb tués Nb total de victimes
2012 9 12 8 0 20
2013 11 20 4 1 25
2014 9 3 12 1 16
2015 - janv. à juin 4 1 3 0 4
2015 -juil. à déc. 4 6 3 1 10
2016 7 11 6 0 17

Source : 40 millions d'automobilistes

Ce bilan plus que mitigé est un nouveau pavé dans la mare pour le gouvernement qui doit faire face sur ce sujet du 80 km/h à une fronde grandissante, aussi bien des associations (automobilistes et motards réunis) que des parlementaires. Au Sénat, un groupe de travail s'est mis en place pour évaluer "l'utilité et l'efficacité" des dernières mesures prises par Édouard Philippe en matière de sécurité routière. Il y a quelques jours, ces sénateurs lui ont réécrit pour réitérer leur demande qu'il "suspende sa décision dans l’attente des conclusions du groupe de travail". La balle est donc à nouveau au Premier ministre…

Nos articles précédents :

80 km/h : des sénateurs demandent au gouvernement de suspendre la mesure

Routes à 80 km/h : le rapport de l'expérimentation est enfin publié mais zappe l'essentiel

80 km/h : les sénateurs poursuivent leur travail de sape

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CEREMA-Route_80_bilan_experimentation.pdfBilan-experimentation-80_40ma.pdf

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