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Autoroutes : la note très salée du gel des tarifs de 2015 pour les usagers !

Dans Economie / Politique / Budget

Stéphanie Fontaine

Le blocage des tarifs autoroutiers, décrété par le gouvernement en 2015, est une véritable malédiction pour les usagers. Non seulement, ces derniers auront de toute façon à régler ce qu'ils auraient dû verser aux sociétés concessionnaires cette année-là, via des hausses supplémentaires aux péages entre 2019 et 2023, mais ça leur coûtera même plus cher que ce qu'ils auraient eu à payer si les augmentations s'étaient appliquées normalement. Le surcoût est estimé à un demi-milliard d'euros supplémentaires, selon l'Arafer !

Autoroutes : la note très salée du gel des tarifs de 2015 pour les usagers !

C'est une affaire que l'on croyait terminée. On avait bien compris que les usagers des autoroutes auraient à payer plus dans les prochaines années, en l'occurrence entre 2019 et 2023, en contrepartie du gel des tarifs aux péages décidé par le gouvernement en 2015. Mais ce que l'on n’avait pas encore perçu et ce que l'Arafer, l'autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, a dévoilé ce mardi matin, c'est que cette compensation ne se limitera nullement à un simple rattrapage, "à l'euro près", du gel en question.

Les sociétés concessionnaires d'autoroutes dites historiques et privées que sont ASF, Cofiroute, Escota du groupe Vinci, APRR et AREA du groupe Eiffage, puis Sanef et SAPN du groupe Abertis, les seules à avoir été concernées par le gel de 2015, vont de fait toucher bien plus que ce qu'elles auraient dû récupérer si leurs prix aux péages avaient pu être revalorisés cette année-là. Si les hypothèses officielles de trafic et d'inflation se confirment, c'est un demi-milliard d'euros qu'elles vont ainsi se récupérer en plus !

Un cadeau à un demi-milliard d'euros pour les sociétés d'autoroutes !

Selon les calculs de l'Arafer, qui rend son premier rapport depuis que ses missions ont été étendues dans le secteur autoroutier concédé par la loi Macron d'août 2015, ces sept SCA vont en effet empocher, en plus des recettes initialement prévues, quelque "500 millions d'euros de péages supplémentaires sur la durée restante des concessions (environ 20 ans)". Cette augmentation des péages, supérieure à celle initialement prévue, variera alors "de 0,23 % à 0,82 %, selon les concessionnaires", dixit encore l'Arafer. Pour une surprise…

Fièrement, le gouvernement avait pourtant annoncé, dans un premier temps, que ce gel n'entraînerait aucune compensation en 2016. Puis, le ministre de l'Économie de l'époque, Emmanuel Macron, avait concédé qu'il y aurait un "lissage" sur les prochaines années, reconnaissant qu'il y aurait donc bien un rattrapage, "mais progressivement dans le temps, afin qu'il ait moins d'impact sur nos concitoyens". Puis, on avait fini par comprendre que ce gel, voulu par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal, mais annoncé "de manière unilatérale" par le Premier ministre Manuel Valls, serait compensé par des hausses supplémentaires à celles prévues traditionnellement, sur cinq ans, entre 2019 et 2023.

Selon le rapport de l'Arafer, les sept SCA concernées par le gel de 2015 n'ont même pas eu à souffrir d'une baisse de leurs recettes. Bien au contraire. Malgré leurs tarifs bloqués, leur chiffre d'affaires a bondi de 2,95 %, grâce à une hausse du trafic sur cette même période. De 1,9 milliard d'euros en 2014, leur chiffre d'affaires est ainsi passé à 2,2 milliards d'euros en 2015 (+14,9 %). Et les dividendes qu'elles ont versés "sont dans leur ensemble en hausse de 1,85 milliard d'euros, pour atteindre un montant total de 3,3 milliards d'euros (+127,5 %), supérieur au résultat net du secteur en 2015".

Du coup, le gel de 2015 apparait comme une véritable aubaine pour ces sociétés privées... Un vrai cadeau consenti par le gouvernement qui promettait au contraire aux Français une remise à plat "totale" des contrats de concession, après l'avis explosif rendu par l'Autorité de la concurrence fin 2014.

Les sociétés, dites historiques, en chiffres

Les 9 SCA dites historiques (7 privées, 2 publiques) Chiffre d'affaires 2015 (évolution annuelle en %) Résultat net (évolution annuelle en %) Évolution annuelle des effectifs (en %)
APRR (groupe Eiffage) 1 662,4 millions d'euros (+3 %) 533 millions d'euros (-60,3 %) -1,5 %
AREA (groupe Eiffage) 553 millions d'euros (+2,9 %) 177,3 millions d'euros (+14,8 %) -1,4 %
ASF (groupe Vinci) 2 796 millions d'euros (+3,1 %) 1 173,7 millions d'euros (+49,7 %) -4,8 %
Cofiroute (groupe Vinci) 1 306,4 millions d'euros (+2,7 %) 384,2 millions d'euros (10,7 %) -6,3 %
Escota (groupe Vinci) 713,1 millions d'euros (+2,4 %) 180,3 millions d'euros (+11,4 %) -4,2 %
Sanef (groupe Abertis) 1 158,1 millions d'euros (+2 %) 380 millions d'euros (+9,9 %) -4,2 %
SAPN (groupe Abertis) 386 millions d'euros (+2,4 %) 73,4 millions d'euros (-6,5 %) -1,3 %
ATMB (société publique) 186,5 millions d'euros (+4,9 %) 55,6 millions d'euros (+5,8 %) +0,5 %
SFTRF (société publique) 122,4 millions d'euros (+6,7 %) 16,1 millions d'euros (+94,1 %) -0,7 %

Source : selon le rapport annuel de l'Arafer

 

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