Autoroutes allemandes : le dernier clou au cercueil des portions sans limitation de vitesse ?
L'Allemagne est un pays aux multiples liens avec l'automobile, que ce soit par l'abondance et la qualité de ses constructeurs nationaux, sa contribution au sport automobile par ses circuits comme le Nürburgring ou en donnant naissance à de grands champions comme Michael Schumacher, mais aussi par son réseau autoroutier pour un détail particulier : l'absence de limitation de vitesse. Mais cette spécificité pourrait bien disparaître sous peu.
Imaginez : vous êtes calé à 130 km/h au volant d'une voiture avec une cavalerie abondante sur le capot, vous êtes sur une autoroute rectiligne dépourvue du moindre trafic sous un ciel vierge de tout nuage et vous dépassez un panneau sur fond blanc barré de cinq diagonales noires. Vous dégringolez alors deux rapports et écrasez la pédale de droite jusqu'à la moquette et l'aiguille de votre tachymètre s'envole. 150, 180, 200, 220, 250, le tout dans la plus grande légalité parce que vous êtes sur une autobahn allemande sans limitation de vitesse, comme environ les deux tiers du réseau. Le quotidien pour la population d'outre-Rhin et une source de joie ponctuelle pour les amateurs d'automobile européens amenés à traverser le pays. J'ai par exemple atteint pas plus tard que le mois dernier 254 km/h dans la plus grande des décontractions dans une Volvo S60 T8 Twin Engine lors de notre road trip suédois et je garde encore un souvenir ému d'avoir accroché il y a quelques années les 300 km/h cheveux au vent en Mercedes-AMG GT GTC Roadster.
Mais ce temple de la vitesse pourrait bien fermer ses portes d'ici peu. Voilà bien longtemps qu'il subit régulièrement des assauts de diverses origines, que ce soit pour des raisons de sécurité ou d'écologie. Dans les années quatre-vingt, le gouvernement fédéral avait ainsi mené une expérimentation en imposant une limitation à 100 km/h avant de la supprimer quelques mois plus tard face à des résultats peu concluants en matière d'émissions. Après la réunification, le sujet, porté par les écologistes, est revenu sur la table plusieurs fois mais les chanceliers, que ce soit Gerhard Schröder ou Angela Merkel se sont systématiquement opposés à de nouvelles mesures, le premier décrivant l'Allemagne comme une « autofahrernation », une nation de conducteurs.
Cependant, les autoroutes sans limite viennent de perdre l'un de leurs plus ardents défenseurs : l'Allgemeiner Deutscher Automobil-Club ou ADAC, la plus grande association d'automobile-clubs allemandes comptant environ 21 millions de membres et la deuxième au monde juste derrière l'AAA américaine. En effet, dans un communiqué de presse publié à la veille du 58e tribunal des transports de Goslar du 29 au 31 janvier, l'ADAC par la voix de Gerhard Hillebrand, vice-président des transports, a annoncé n'être plus « fondamentalement opposée » à des limitations de vitesse et qu'elle devait être dorénavant considérée comme « neutre » sur la question.
Une vraie révolution après une résistance farouche vieille de plusieurs décennies mais il faut préciser que l'ADAC se relève d'une crise importante en son sein après que l'association ait reconnu en 2014 que les suffrages de l'Ange Jaune, le prix annuel délivrés par ses membres pour désigner sa voiture de l'année, étaient truqués depuis plusieurs années. Son président de l'époque, Peter Meyer, avait alors rendu son tablier, et la nouvelle équipe dirigeante se montre depuis bien moins conservatrice que la précédente.
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