Audi 100 S4 (1991 – 1994), la force tranquille des 90s, dès 15 000 €
Variante sportive de la 100, la S4 bénéficie de moteurs de forte puissance, soit un 2,2 l turbo de 230 ch, soit un V8 de 280 ch, alliés à la fameuse transmission Quattro. Sécurité et grosses performances au programme.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi l'Audi 100 S4 est-elle collectionnable ?
Première grande Audi badgée S, la 100 S4 réalise une sorte de quadrature du cercle en alliant fortes performances, grande efficacité dynamique, confort de haute volée et habitabilité pour une famille avec ses bagages, surtout en break Avant. Hors de prix à son époque, elle s'avère rare, en particulier en bon état car elle a souvent été usée jusqu'à la corde. A préserver dès maintenant, et on ne sera pas déçu, vu ses qualités.
Audi, c’est l’histoire d’une renaissance réussie suivie d’une montée en gamme incroyable. En 1983, la 200 Turbo C3 vient défier des références telles que la BMW 528i grâce à son 5-cylindres turbo de 182 ch (issu de la mythique Quattro) voire explore de nouveaux territoires en version Avant. C’est en effet le premier break à passer les 220 km/h ! Ensuite, la 200 va se doter de la transmission Quattro, puis, en 1988, l’adoption d’une culasse à 20 soupapes porte la cavalerie à 220 ch. Cette fois, l’allemande pointe à 240 km/h ! En 1990, la génération 100/200 C3 cède la place à la C4.
Celle-ci en dérive techniquement, en en récupérant, non sans la modifier, la plateforme. La C4 conserve donc le moteur longitudinal en porte-à-faux avant. Mais la carrosserie, entièrement nouvelle, s’inspire de celle de la 80, dans un style fluide inspirant la robustesse, tandis que la suspension se voit perfectionnée. En revanche, dans l’habitacle, où certes la qualité progresse, même, le tableau de bord ressemble beaucoup à celui de la 100 C3...
Sous le capot, les 5-cylindres sont de la partie, bien sûr, y compris celui de la 200 Turbo 20V. Ce bloc très performant bénéficie d'améliorations dans la version sportive S4 qu'il équipe, apparue en 1991, et dont l’appellation fait écho à la Quattro S1 de course, dotée de la même base mécanique.
Ce 2,2 l se pare en effet d’une suralimentation sophistiquée, incluant un overboost, tandis que l’injection, désormais séquentielle, se voit gérée par un nouveau système Bosch Motronic, couplé à un allumage comptant une bobine par cylindre. Plus que la puissance grimpant de 220 ch à 230 ch, c’est le couple qui impressionne : 350 Nm, disponibles dès 1 950 tr/min. A l’époque, c’est exceptionnel. Les Mercedes-Benz 300E-24 et BMW 535i n'ont qu'à bien se tenir.
Il s’attèle, chose inhabituelle, à une boîte manuelle comptant 5 ou 6 vitesses (en option), ou une automatique à 4 rapports. Bien sûr, la transmission intégrale Quattro est de la partie, dotée de deux différentiels Torsen, un au centre et un à l’arrière, verrouillable manuellement jusqu’à 25 km/h pour s’extraire d’un mauvais pas, opération qui désactive l’ABS. Le couple se répartit de façon égale sur les essieux, mais peut abreuver l'avant jusqu'à concurrence de 75 % en certaines circonstances. Une belle panoplie se soldant toutefois par un poids plutôt élevé, 1 610 kg. Néanmoins, la 100 S4 pointe à 244 km/h, les 100 km/h étant atteints en 6,8 s. Excellent alors.
Le prix ? Il est très élevé : 305 500 F en boîte 5, soit 73 300 € actuels selon l’Insee, 309 500 F en boîte 6 et 317 500 F en automatique. Malgré ces montants, la sellerie cuir, le volant réglable en hauteur, le régulateur de vitesse ou encore les appliques en bois sont en supplément. De série, on dispose tout de même des jantes de 16, des sièges sport, de la clim auto, de l’ordinateur de bord, de la direction Servotronic voire des quatre vitres et rétros électriques.
En 1993, un V8 4,2 l, atmosphérique celui-ci, développant 280 ch pour 405 Nm de couple, vient compléter la gamme S4. Les performances progressent légèrement (249 km/h) au maxi, même si le poids s’accroît de 60 kg. En 1995, la 100 C4, modifiée, devient l’A6. 9 286 berlines et 4 654 breaks Avant ont été produits.
Combien ça coûte ?
En bon état, la 100 S4 20V se déniche dès 14 000 €, avec un kilométrage pouvant largement dépasser le chiffre de 200 000. Un exemplaire en excellente condition, s’en tenant à moins de 150 000 km, peut réclamer aisément 20 000 €. En V8, ajoutez environ 3 000 € à ces valeurs.
Quelle version choisir ?
Aucune S4 n’est à bannir, mais une version Avant, de par son élégance et sa praticité sera sûrement plus désirable qu’une berline. Ensuite, entre 20V Turbo et V8, cette dernière est plus véloce mais aussi plus lourde du museau donc moins agile. Question de goût.
Les versions collector
Toutes les 100 S4 en parfait état sont collector. A plus forte raison en boîte manuelle, et avec des options désirables, comme le cuir et le toit ouvrant.
Que surveiller ?
Héritant de moteurs éprouvés, les 100 S4 se révèlent d’une fiabilité mécanique tout à fait impressionnante, nombre d’exemplaires ayant passé les 300 000 km sans ennui majeur, même si des fuites aux joints de couvre-culasse ont engendré des cas de surconsommation d’huile sur la V8 (les changer demande plus de 5 h). On surveillera aussi classiquement les durits de suralimentation sur la 5-cylindres, et les bobines sur les deux blocs.
Evidemment, une grande fiabilité passe par un entretien rigoureux : changement de la courroie de distribution en temps et en heure, vidanges régulières du moteur, de la boîte et des différentiels. Il faut s’assurer que tout ceci ait bien été effectué, car la transmission peut se mettre à cogner, et là, la facture sera élevée. La boîte auto, certes solide, semble moins endurante que la manuelle. Pour leur part, les trains roulants demanderont une surveillance courante.
Dans l’habitacle, les garnitures vieillissent remarquablement bien, mais avec l’âge, certains accessoires peuvent poser problème, comme le toit ouvrant. Rien d’anormal, mais plus une auto est complexe, plus les sources de pannes se multiplient.
Attention, certaines pièces d’usure coûtent cher, comme les freins, et Audi, contrairement à Mercedes et BMW, ne se soucie guère de préserver ses modèles anciens.
Au volant
C’est une très belle S4 2.0 20V de 1994 dont je prends le volant. Malgré ses près de trente ans, l’habitacle ne montre aucun signe d’usure, ou presque, et présente donc magnifiquement. Le tableau de bord est réellement une belle pièce, tant par son design que sa réalisation. De surcroît, les sièges sport en cuir procurent un grand confort, tandis que la position de conduite ne suscite aucune critique.
D’emblée, on est surpris par la douceur générale de l’Audi, du volant à la commande de boîte en passant par la suspension. Sur route, l’allemande surprend par sa filtration (alors que cet exemplaire est légèrement rabaissé) et son silence, l’échappement sur-mesure de cette S4 ne laissant filtrer que la sonorité rauque et mélodieuse à la fois du 5-cylindres. Souple, ce bloc autorise des relances musclées dès 2 000 tr/min, et par ses salves accélératives, aussi musclées que musicales, justifierait presque à lui seul l’achat de cette voiture.
Le châssis s’en tire fort bien, malgré la direction assez peu informative. L’ensemble se révèle suffisamment précis, l’amortissement est bien jugé, bref, l’efficacité est indéniable, par tous les temps, même si le châssis n’a rien de joueur. Le truc de cette S4, c’est l’autobahn à grande vitesse. Par ailleurs capable de s’arrêter en 70 m depuis 130 km/h, cette S4 freine encore très bien, et en usage courant, elle se contente de 10 l/100 km. Il est très amusant de constater qu’en trente ans, les Audi badgées S ont certes beaucoup gagné en performances mais pas tellement en confort, ni en finition, et certainement régressé du côté de la facilité de prise en main.
L’alternative youngtimer
Audi 200 Turbo 20V (1989 – 1991)
Evolution ultime de l’Audi 100/200 de génération C3, la 200 20V Quattro reçoit un 5-cylindres 2,2 l turbo à vingt soupapes proche de celui de la 100 S4, allié à une transmission intégrale, très similaire à celle de sa descendante également.
Forte de 220 ch mais plus légère d’une centaine de kilos, elle propose des performances très proches, même si elle doit se contenter d’une boîte à cinq rapports, et d’un couple inférieur de 41 Nm.
La 200 Turbo 20V n’en demeure pas moins une formidable « autobahn cruiser » des années 80, une youngtimer aux performances encore étonnantes (240 km/h en pointe). Seulement, très rare, elle ne se déniche pas à moins de 20 000 € en bon état.
Audi 100 S4 (1991), la fiche technique
Moteur : 5 cylindres en ligne, 2 226 cm3
Alimentation : turbo, injection électronique
Suspension : jambes McPherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV) ; bras superposés, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
Transmission : boîte 5 ou 6 manuelle, ou 4 automatique, 4 roues motrices
Puissance : 230 ch à 5 900 tr/min
Couple : 350 Nm à 1 950 tr/min
Poids : 1 610 kg
Vitesse maxi : 244 km/h (donnée constructeur)
0 à 100 km/h : 6,8 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces d'Audi 100 S4, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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