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Afrique: l'ONU s'attaque aux exportations d'occasions "polluantes et dangereuses"

Les Nations Unies s'attquent aux exportations d'occasions usées à destination des pays en voie de développement. Celles-ci représentent une menace tant pour la sécurité que l'environnement.

Afrique: l'ONU s'attaque aux exportations d'occasions "polluantes et dangereuses"

Et si on arrêtait d’exporter nos guimbardes vers les pays pauvres ? Selon un rapport publié par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), l’Union Européenne, le Japon et les Etats-Unis ont exporté quelques trois millions de voitures fatiguées chaque année entre 2015 et 2018, dont 70% à destination des pays en voie de développement.

Or, ces véhicules posent le problème de mauvais respect des normes sanitaires et sécuritaires et représentent donc, selon l’ONU, une « menace » pour les pays concernés.

Est particulièrement visée l’Europe, d’où part la moitié des exportations, et ce essentiellement à destination des pays de l’Est et de l’Afrique. Les ports d’Anvers, d’Amsterdam et du Havre représentent de véritables « plaques tournantes » pour ce commerce qui, s’il est légal, recouvre une réalité peu reluisante.

"Ce n'est pas beau à voir", commente Rob de Jong, à la tête de l'unité Mobilités durables du PNUE. "La plupart de ces véhicules sont très vieux, polluants, énergivores et dangereux".

Ainsi, une inspection menée dans le port d’Amsterdam en 2019 avait montré que les véhicules sur le point d’embarquer étaient âgés de 18 ans en moyenne, avec des compteurs dépassant les 200 000 km.

Rien de très spectaculaire en soi, certes (de nombreuses voitures d’occasion vendues en France correspondent à ce portrait-robot), mais il apparaît que certains véhicules étaient « bricolés », avec notamment des pots catalytiques sciés, mais aussi des airbags et autres systèmes ABS supprimés, ceci pour alimenter le marché de pièces d'occasion.  D’autres modèles apparaissaient carrément hors d’usage, et donc dangereux.

Or, selon les chiffres de l’ONU, 3 500 personnes sont tuées sur les routes du monde chaque jour, ce qui en fait la première cause de mortalité chez les 15-29 ans. De plus, il s’agit de la huitième cause de décès sur le plan mondial, tous âges confondus.

Le diesel en première ligne

Les modèles diesel, de moins en moins prisés dans les pays occidentaux, se taillent sans surprise la part du lion dans ces exportations. Problème, ces mécaniques se montrent particulièrement toxiques quand elles sont usées, ce qui contrevient aux objectifs environnementaux des Nations Unies.

"Rendre la flotte mondiale plus propre est une priorité pour atteindre nos objectifs climatiques et de qualité de l'air. Les pays développés doivent arrêter d'exporter des véhicules qui échouent aux tests de sécurité et de pollution, et qui ne pourraient plus rouler dans leur pays d'origine", commente le PNUE. Et le même organisme d’appeler les pays importateurs à "adopter des normes de qualité plus sévères", en n'acceptant que des véhicules Euro 4 (première mise en circulation après le 1er janvier 2006) au minimum.

Et si certains pays adoptent des normes plus sévères que d’autres, à l’image du Maroc qui refuse les importations de véhicules âgés de 5 ans ou plus et ne répondant pas à la norme Euro 4, les deux tiers des 146 Etats étudiés par le PNUE ont des règles "faibles" ou "très faibles" concernant l'importation de véhicules. 

Reste que ces louables intentions se heurtent au mur de la réalité. Si les pays évoqués plus haut se montrent friands de ces vieux modèles, c’est aussi parce que leur population n’a ni les moyens de s’offrir des nouveautés répondant aux dernières normes, ni les moyens et/ou les capacités techniques de les entretenir.

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