De l’extérieur, rien de plus banal que cette Golf noire. En y regardant de plus près, on relève bien un petit appareillage dans la partie basse du bouclier avant, mais c’est tout. Pourtant, cette voiture contient les prémices d’une petite révolution technologique, celle du véhicule autonome.
Equipée d’un scanner laser (dans le bouclier) couplé à une caméra vidéo, l’auto est en mesure de s’insérer de de façon entièrement autonome dans la circulation sur voie rapide. Là, elle peut soit rester dans sa file de circulation soit, une fois le clignotant enclenché par le conducteur, changer de voie toute seule et en toute sécurité (le système détecte aussi les véhicules arrivant par l’arrière). Caradisiac a pu prendre place à bord de la voiture pour une boucle dans l’agglomération bordelaise (voir notre vidéo), pour constater la parfaite efficacité du système, qui réalise sa tâche en douceur et en souplesse, comme le ferait le plus prudent des automobilistes.
Une petite prouesse signée Valeo, entreprise française à la pointe de l’innovation automobile, présentée dans le cadre du congrès des Systèmes de Transports Intelligents (ITS) cette semaine à Bordeaux. Cet événement fait la part belle aux véhicules autonomes, considérés comme un moyen d’améliorer fortement la sécurité sur nos routes, sachant que les spécialistes estiment qu’une erreur humaine est en cause dans 90% des accidents. Les voitures autonomes Google, qui roulent aux Etats-Unis depuis six ans maintenant, totalisent ainsi 16 accidents en près de deux millions de kilomètres, mais aucun ne serait imputable à la machine: il s’agirait à chaque fois de la conséquence d’erreurs commises par les autres usagers de la route.
Bien sûr, nos lecteurs pourront nous objecter que certains modèles haut de gamme disposent déjà d’équipements comparables à celui du prototype qui nous intéresse aujourd’hui (on pense par exemple au Stop & Go Pilot de Mercedes), mais aucun de ceux-ci ne permet le changement de voie. De plus, la législation impose encore que le conducteur garde les mains sur le volant. Dans le cas du prototype testé par nos soins, le conducteur peut rester les bras croisés tandis que le « cerveau » de la voiture s’occupe de tout... du moins sur voie rapide. En effet, il est encore illusoire d’imaginer des voitures autonomes circulant en ville, où les conditions de circulation sont perpétuellement changeantes et exigent des capacités d’adaptation impossibles à traiter par la machine.
Les équipements déjà commercialisés correspondent à des systèmes autonomes de niveau 2 (automatisation des tâches fastidieuses comme le stationnement et la conduite dans les bouchons), tandis que celui que nous avons pu tester appartient au niveau 3, avec un conducteur qui délègue entièrement la conduite mais reste prêt à reprendre la main à tout instant. Au niveau 4, le conducteur (ou ce qu’il en reste), pourrait se désintéresser totalement de son environnement, tandis que le 5 est celui où la voiture peut rouler à vide (pour aller se garer toute seule, par exemple).
Des prototypes de niveau 5 existent. Caradisiac a d’ailleurs pu commander une Renault Fluence Z.E. entièrement automatisée à l’occasion du salon ITS, et nous y reviendrons prochainement. Pour autant, il s’agit d’équipements dont une commercialisation relève encore de la science-fiction. Ce qui n’est pas le cas de la voiture autonome qui nous intéresse aujourd’hui: d’après les ingénieurs, une arrivée sur le marché est parfaitement envisageable à l’horizon 2020. De nombreuses innovations se généraliseront d’ici là (voitures communiquant entre elles et avec les infrastructures pour se prévenir de dangers, notamment), et il faudra que les capteurs améliorent leurs performances dans des conditions difficiles telles que la pluie ou le brouillard. De plus, une adaptation du cadre législatif est nécessaire, à commencer par la convention de Vienne sur la circulation routière (datant de de 1968), laquelle stipule notamment que tout voiture doit avoir un conducteur... Mais pas de quoi doucher les enthousiasmes : comme le résume Pedro Moreno Lahore, chef du projet Voiture autonome chez Valeo, « le mouvement est enclenché, et il est inéluctable. »
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