D'après une enquête de l'Insee, 32% des ménages franciliens ne disposent pas de voiture, ce qui prouve que le réseau de transports en commun en Ile-de-France permet de se passer d'automobile la plupart du temps. La plupart du temps, mais pas tout le temps. A quelques semaines de Noël, peut-on vraiment se passer de voiture dans la traditionnelle chasse aux cadeaux ? Difficile. Mais à partir d'aujourd'hui 5 décembre, un nouveau service de véhicules en libre-service est mis en place : Autolib.
Comment ça marche ?
C'est très simple : vous vous rendez dans l'un des espaces Autolib muni d'une pièce d'identité, de votre permis de conduire et de votre carte de crédit. Lors d'une visioconférence avec un employé, vous choisirez la formule qui vous convient : journalière pour 10€, hebdomadaire pour 15€ ou annuelle pour 144€. La première demi-heure vous coûtera ensuite entre 7 et 5€, la seconde entre 6 et 4€ et les suivantes entre 8 et 6€ selon la formule choisie. Ensuite, cela se passe exactement comme pour un Vélib, vous vous rendez à une borne de location et vous utilisez votre badge pour débloquer un des 250 véhicules, vous débranchez le câble d'alimentation et c'est parti ! Une fois que vous avez terminé, vous rapportez votre véhicule dans n'importe quelle station pour peu qu'elle ait encore des places libres, vous le rebranchez et c'est terminé.
De quel véhicule est composé le réseau Autolib ? De Bluecar, faites par Bolloré et dessinées par Pininfarina : ce sont des voitures électriques de 3m65 de long pouvant emmener quatre personnes. Elles disposent d'un GPS, d'un coffre de 350 dm3, peuvent rouler jusqu'à 130 km/h, ce qui semble plus que suffisant pour Paris et ont une autonomie comprise entre 150 et 250 km. Et vous pouvez même monter un siège Isofix sur la banquette arrière.
Pour les petits malins, sachez que tout procès-verbal ou infraction au code de la route sera sous votre responsabilité et qu'Autolib se chargera de vous transmettre les contraventions alourdies de frais administratifs. De plus, une pénalité de 30€ vous sera appliquée si vous rendez un véhicule trop sale. Sachez aussi que si vous comptiez partir en week-end en Normandie en Bluecar, les coûts de rapatriement du véhicule vous seront facturés 300€ une fois tombé en panne.
Un bon plan, ce système Autolib ?
Pour les particuliers probablement. Pour certains professionnels et collectivités, peut-être un peu moins. Europe Écologie Les Verts le qualifie de supercherie allant à l'encontre du Plan de Déplacement Urbain adopté par la région, l'association les Amis de la Terre a dénoncé « les conséquences désastreuses sur la ressource en eau » au Chili qu'implique la fabrication de ses batteries au lithium et certains maires des communes avoisinant Paris ont critiqué l'investissement très lourd de sa mise en place, sans parler des chauffeurs de taxi et des loueurs de voitures qui hurlent à la concurrence déloyale.
Voilà pour la théorie, mais quid de la réalité ?
Caradisiac s'est rendu à une station pour faire partie des premiers à essayer le service, en se mettant à la place du consommateur. Première station, à Nation : échec, la partie imprimante de la machine, qui délivre les tickets, ne fonctionne pas. Deuxième station, à Parmentier, deuxième échec pour la même raison. Troisième station, à Voltaire et... une lueur d'espoir : nous avons pu valider notre pré-inscription avec permis de conduire et carte d'identité, payer, et le ticket a été imprimé. Malheureusement, au moment de débloquer notre Bluecar, la borne rejette le ticket, en affichant « abonnement expiré ». Ce qui est vrai, le ticket pris quelques minutes plus tôt est valable pour la journée du... 28 novembre.
Les médias et Autolib : ce que Caradisiac en pense
On a assisté à un concert de louanges le 5 décembre à propos du lancement du premier service Autolib en France.
Claire Chazal dans son journal télévisé sur TFI diffusait un reportage plutôt flatteur sur ce nouveau service, tout comme BFM TV. France Info et plusieurs autres médias se faisaient l’écho de ce lancement attendu, sans qu’aucun ne teste véritablement le fonctionnement d’Autolib. De notre côté, tandis que la conférence de presse officielle se déroulait, nous avons voulu savoir si Autolib fonctionnait correctement. Vous connaissez le verdict de Pierre Desjardins.
Parce que nous avons bon esprit, nous ne nous demanderons pas pour quelles raisons étranges quelques médias se sont montrés d’emblée plutôt cléments avec Autolib.
Au-delà des sujets éventuellement polémiques relatifs à Autolib, pollution en Inde entraînée par les sites de production de batteries, augmentation du nombre de voitures en ville, nous croyons qu’il s’agit là d’une bonne idée. Nous vous reparlerons donc d’Autolib en espérant que ces premières erreurs seront rapidement corrigées. Et bien sûr, nous attendons que vous nous racontiez vos propres expériences.
Claude Barreau – Rédacteur en chef
Après de longues minutes de conversation par visioconférence avec un employé d'Autolib, celui-ci, dépité et à cours de solution, finit par prendre notre numéro de téléphone et nous promet un geste commercial en présentant ses plus plates excuses. Il appellera quelques minutes plus tard pour une nouvelle tentative qui se soldera une nouvelle fois par un échec. C'est là que nous déciderons d'abandonner, après deux heures de lutte, en repartant... par le métro. Et nous ne serons pas les seuls : lors de notre chemin de croix, nous avons croisé d'autres utilisateurs déçus et journalistes bredouilles, et aucune Autolib « en liberté ». Espérons que le deuxième jour d'Autolib se déroulera mieux.
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