Vitamines pour Sigma
Dès lors, la petite équipe du Mas Icard à Tavernes se met au travail et s’attaque au Ford Sigma.
La partie "électronique" du boulot est confiée à Oreca qui bosse sur le boîtier de gestion moteur. Un nouvel élément Magneti Marelli adapté associé à un échappement un peu moins contraint fait grimper la puissance à environ 130/135 ch. Et accessoirement, il empêche aussi la voiture de tourner correctement !
En fait, les innombrables capteurs, sondes et autres contrôles électroniques des moteurs récents font qu’au moindre « plan social » supprimant quelques puces ici ou là, la machine se dérègle dans son ensemble. D'ailleurs pour que le moteur Sigma fonctionne, les câblages complets du tableau de bord de la Ford d’origine se trouvent encore derrière celui de la Cat ! Incroyable.
Autre anecdote : le pédalier actuel pas idéal n’est pas définitif. En changeant la gestion électronique pour du Magneti Marelli, les gars d’Alès ont constaté que l’accélérateur électronique ne fonctionnait plus correctement ! Du coup, ils ont récupéré un élément compatible badgé Fiat qu’ils ont installé rapidement afin de faire fonctionner l’auto ! Les joies des puces toutes puissantes.
Bref, pour finir le travail et rendre la nouvelle Caterham un peu plus performante que l’ancienne, 2 nouveaux arbres à cames vont être montés et la puissance maxi se situera alors à 150 ch à 6000 tr/mn. Pour le reste, rien ne change : boîte 5 vitesses et pont de Dion avec autobloquant à l’arrière.
Extérieurement, on reste sur un châssis étroit (pas celui des CSR donc) que Caterham Compétition habille façon CSR 260. La dotation course comprendra un couvre tonneau en alu et un panneau de protection latéral côté conducteur. Enchâssé dans le cockpit, le sentiment de sécurité remonte d’un bon cran mais l’espace à disposition se rétrécit légèrement puisqu’il devient impossible de conduire le « coude à l’extérieur » comme sur les précédentes. Les habitués ne s’en formalisent pas mais le « gauche » que je suis conduit alors un peu (plus) en biais !
Le « biais » étant une spécialité de la conduite de Caterham, j’en déduis que je me retrouverai donc forcément à un moment ou un autre assis dans l’axe de la route ! Il est temps d’escalader l’arceau cage et de se jeter dans la fosse comme une figue molle, ce que je réalise à la perfection…
Easy driver
Au ralenti, cette Caterham Sigma coursifiée offre un bruit beaucoup plus étouffé que la précédente. C’est un signe des temps que le comportement du 4 cylindres Ford Sigma illustre lui aussi. Le moteur est plus rond, un peu plus coupleux et souvent, la légèreté de l’ensemble aidant (540 kg), il n’est même pas nécessaire de tomber un rapport pour s’extraire d’une courbe comme une balle. Il faudra peaufiner les réglages selon le type de pilotage que vous préférez pour juguler le sous-virage en sortie mais, globalement, l’auto semble plus facile. À moins que cette sensation ne soit le fait de l’échappement moins bruyant. Si je dis ça, c’est que le couple est effectivement plus important sur ce Ford Sigma revu par Oreca mais son maxi est pourtant disponible plus haut que sur le Rover! Je n’ai malheureusement pas les courbes mais il y a fort à parier qu’elle est nettement plus plate sur le Ford qu’elle ne l’était sur le moteur anglais.
Cette "aseptisation" (mineure en regard de la production automobile actuelle) du moteur va de pair avec un châssis que l’on perçoit plus tolérant. On ne peut pas totalement dissocier le ressenti châssis de la personnalité moteur. Le meilleur châssis du monde sera forcément mis à mal par un moteur explosif et absolument incontrôlable. Ici, la nouvelle rondeur offre une progressivité directement perceptible au volant.
A la réaccélération, les équerres irréversibles sont oubliées (ou du moins repoussées à un niveau plus lointain) et on arrive même à faire durer une légère dérive du train arrière sur un simple filet de gaz. On se croirait presque meilleur pilote tant les rattrapages sont plus faciles mais il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt aussi ganté soit-il, c’est bien l’auto qui a progressé.
La Caterham Seven Sigma devient philanthrope et accepte de ne pas ridiculiser l’être humain (très) imparfait. Tant mieux, ça m'arrange. Et comme l’entrée dans le cockpit va bientôt être l’objet d’un petit aménagement qui prendra la forme d’une marche directement soudée à l’arceau, tout sera alors presque parfait.
Niveau chronomètre, il semble que la progression ne soit pas très spectaculaire face à l'ancienne mais au final, on peut estimer que si les meilleurs seront toujours largement devant, les moins bons (pour être poli) seront rejetés un poil moins loin.
Bien évidemment, l’auto est en pleine phase de développement et rien n’est encore définitivement figé. D’ici le mois de février, lorsque le reste des autos neuves arrivera à Alès, le travail sur les réglages sera terminé et les tous meilleurs devraient trouver pédale à leur pied en terme de performance tandis que la queue du peloton pourra s’aguerrir plus facilement avec un engin plus docile. La greffée du cœur n’est pas forcément beaucoup plus performante mais l’essentiel est qu’elle soit vivante !
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération