.... Le SsangYong Rodius ! Oui je sais, rien de surprenant ! Seuls les 56.4 % de votes en sa (dé)faveur sont plutôt étonnants et significatifs d'un vrai consensus sur ses performances esthétiques. Pire, nous ne sommes pas vraiment originaux puisque depuis ses débuts en 2004, le SsangYong Rodius (ou Stavic) truste le haut des classements du même type. Ainsi, il fut couronné « Ugliest Car on the road » (of Britain) en 2005 par les 1500 votants du site anglais Cardata. Il est même parvenu à devenir un prétendant crédible du Pontiac Aztek, icône mondiale de la laideur qui fait sourire tous les forumistes de la toile mondiale. Précisons que le podium est complété par la Lada 112 et la Kia Opirus qui batailla longtemps contre le Fiat Multipla que le restylage a certainement sauvé. L'honneur est sauf pour la Renault Vel Satis et la Ford Ka qui avaient pourtant fait la course en tête en qualifications.
La différence est un moyen de se faire connaître. De fait, l'idée de base des designers du SsangYong Rodius était de sortir des sentiers battus. De là à se jeter dans les bas-côtés, il y avait peut être moyen de faire plus nuancé diront certains. Certes le Rodius qui est un 4x4 de 7 places (et même jusqu'à 9 sur certains marchés) disposant d'un moteur 5 cylindres 2.7 Diesel 167 cv d'origine Mercedes possède quelques qualités. Mais malheureusement (pour lui), elles n'entrent pas en compte dans notre sondage purement esthétique.
Même après l'avoir détaillé sur de la belle photo de presse en décor travaillé, on ne parvient pas à lui trouver d'excuses et immanquablement on en vient à se demander qui a dessiné cet engin. Le premier réflexe primaire est ‘à voiture coréenne (et même chinoise maintenant puisque SAIC est propriétaire de SsangYong), design coréen'. Désolé pour les esprits un peu étroit mais pour le couplet nationaliste, faudra repasser.
L'auteur du Rodius est anglais. Son nom : Ken Greenley. La plaisanterie qui a couru à son sujet disait en substance qu'il avait du dessiner l'auto par téléphone ! (Car Magazine). Et pourtant, l'homme n'est pas n'importe qui. En charge du très réputé Royal College of Art de Londres (d'où sont sortis tous les plus grands designers de la planète !), il prit en charge les destinées stylistiques de Ssangyong non sans s'être auparavant constitué une belle carte de visite. Croyez le ou pas, Ken Greenley est l'auteur de l'Aston Martin Virage, de la Bentley Continental R et également d'une rare Panther Solo2 (sorte de Mazda MR avant l'heure). On est d'accord, ce ne sont pas des laiderons de concours ! Ken Greenley tente une défense :
« L'idée de base du Rodius était de faire un SUV au dessin provocant pour attirer l'oeil sur la marque. » Réussi !
« Ssangyong est un constructeur de niche. A ce titre, il n'a pas besoin d'adhérer aux canons classiques du design ». Réussi !
« J'admets qu'il ne plaira pas à tout le monde. Mais ça n'est pas un problème car si vous produisez un véhicule qui attire l'attention de l'opinion, alors les gens qui l'aiment seront plus tentés de l'acheter.» (Celle là je n'ai pas tout suivi...)
Enfin, pour rassurer les inconsolables, il précise malicieusement :
« La seule similarité qu'il y aura entre chaque futur modèle SsangYong, ce sera leur...singularité ». On a eu chaud mais on n'est pas sauvé quand même. Reste qu'avec les Rexton, Actyon et Kyron qui sont sortis depuis, la voie choisie est nettement plus regardable sans jamais tomber dans le consensuel. Ce qui est rare et estimable.
Avant de finir, je ne peux passer sous silence le jugement imagé des gars de Top Gear qui décrivirent le Rodius ainsi : « C'est comme s'il avait été blessé par un tesson de bouteille dans une bagarre de bistrot et qu'il avait été recousu par un aveugle ! » J'avais prévenu, c'est imagé. Et pas faux.
Cela n'empêche que pour fêter cette première élection de la plus moche, je vous soumets ça et là dans l'article quelques pistes de restylages bien sentis qui ne sont pas toutes stupides. Le Minibus coréen s'en trouve parfois totalement transfiguré. Jetez un oeil au site source qui propose plus de choix encore.
Pour terminer par une pirouette convenue et outre le fait qu'il faut reconnaître à ce Rodius le grand mérite d'avoir fait connaître la marque à travers le monde, je terminerai par les mêmes mots que l'instigateur du sondage anglais : « Le laideron des uns est la beauté de certains autres. »
Après, tout est question de ratio...
Nous remettrons donc le trophée Joseph Merrick-Caradisiac dès que nous rencontrerons Ken Greenley et je ne vous laisserai pas partir sans un petit thème de réflexion:
"Aimer le beau n'est pas méritoire"
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