Le Partenariat mondial sur les bioénergies (Global Bioenergy Partnership, GBEP) a publié un nouveau rapport sur la bioénergie dans les pays du G8 et 5 autres nations. Ce qui en ressort : la croissance de la bioénergie nécessite une gestion prudente. D'après ce rapport, exploiter pleinement le potentiel des biocarburants signifie surmonter les obstacles environnementaux et sociaux et éliminer les barrières commerciales qui entravent le développement d’un marché mondial : les conflits potentiels entre la production de bioénergie et la protection de l’environnement, le développement durable, la sécurité alimentaire des populations rurales pauvres et le développement économique des pays fournisseurs de matières premières agricoles devraient être abordés de toute urgence.
Corrado Clini, Président du GBEP et Directeur général du Ministère italien de l’environnement, de la tutelle du territoire et de la mer a dit : "Le développement de la bioénergie représente la réponse la plus immédiate à au moins cinq enjeux et opportunités: la montée en flèche des prix du brut; la nécessité pour les pays importateurs de pétrole de réduire leur dépendance vis-à-vis d’un nombre limité de nations exportatrices en diversifiant leurs sources d’énergie et leurs fournisseurs; l’occasion pour les économies émergentes des régions tropicales d’approvisionner le marché énergétique mondial en biocarburants liquides compétitifs; la demande croissante d’énergie dans les pays en développement, en particulier pour soutenir le développement des zones rurales; et les engagements pris afin de réduire les émissions de dioxyde de carbone dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. La bioénergie est déjà une alternative concrète aux combustibles fossiles, et peut devenir, comme on l’a vu au Brésil, un moteur de développement dans certaines des régions les plus pauvres du monde. Le bioéthanol dérivé du maïs, par exemple, a la capacité de réduire les émissions de dioxyde de carbone d’environ 13%. Toutefois, cela n’est guère viable lorsqu’on prend en compte les terres agricoles utilisées pour la production initiale, la quantité d’eau consommée, les émissions de nitrates durant les processus de traitement et de conversion, ainsi que le fait que cette solution n’est compétitive que si les prix du brut dépassent 80 dollars le baril. En revanche, le bioéthanol tiré de la canne à sucre peut réduire les émissions de CO2 d’environ 90% et est compétitif même lorsque le pétrole est à 30 dollars le baril."
La sécurité alimentaire des pauvres
Le rapport du GBEP constate que la bioénergie est déjà disponible, prête à offrir des solutions immédiates et des avancées technologiques en un laps de temps relativement bref. En ce qui concerne la recherche-développement, ce qu’on appelle les biocarburants de deuxième génération dérivés soit de la biomasse cellulosique (balles de riz, bagasse de canne à sucre, résidus agricoles et déchets municipaux), soit de micro algues, ont de fortes chances de commencer à fournir de l’éthanol et du biodiesel en grandes quantités en l’espace de 10 ans, et ce, en respectant l’environnement.
Alexander Müller, Sous-Directeur général, Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement de la FAO, explique : "La bioénergie offre de nouvelles opportunités de croissance dans de nombreuses zones rurales des pays en développement, mais il est important de garantir les moyens d’existence et les conditions de vie des plus vulnérables. Nous devons veiller à ce que les prix des produits alimentaires ne mettent pas en danger la sécurité alimentaire des pauvres. Le Partenariat mondial sur les bioénergies, en particulier compte tenu du mandat renouvelé au Sommet du G8 en Allemagne en juin dernier, vise à promouvoir le développement durable de la bioénergie. Le rapport présenté est une enquête sur la production d’énergie à partir de la biomasse au sein du G8 +5 pays, soulignant les avantages et les enjeux posés par une des nouvelles sources d’énergie les plus prometteuses. Cette croissance de la bioénergie doit être gérée et coordonnée avec attention si nous voulons tirer le meilleur parti de ses avantages et surmonter ses enjeux."
La bioénergie en chiffres
La bioénergie fournit environ 10 % des approvisionnements primaires mondiaux en énergie. En 2005, la bioénergie représentait 78 % de toutes les énergies renouvelables produites. Environ 97 % des biocarburants sont tirés de la biomasse solide. La biomasse est également utilisée pour générer des carburants gazeux ou liquides. La demande a fortement augmenté les dix dernières années. La Chine est le plus grand utilisateur de biomasse comme source d'énergie. Elle est suivie de l'Inde, des Etats-Unis et du Brésil. La part de la bioénergie en Inde, en Chine et au Mexique régresse, car la biomasse traditionnelle est remplacée par le kérosène et le gaz de pétrole liquéfié. La part de la bioénergie par rapport à la consommation totale d'énergie augmente dans les pays du G8, notamment en Allemagne, en Italie et au Royaume Uni. Tous les biocarburants ne sont pas "verts". De nouveaux programmes sont en cours qui promeuvent la durabilité. La bioénergie devrait satisfaire 20% de la demande énergétique mondiale d’ici 2030, et entre 30 et 40% à l’horizon 2060. D'après le scénario de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le biodiesel et l’éthanol pourraient assurer 7% de la demande mondiale de combustibles liquides en 2030, la consommation étant censée quadrupler, passant à 36 millions de tonnes par an par rapport au niveau actuel d’environ 8 millions de tonnes.
Zoom sur le Partenariat mondial sur les bioénergies
Le Partenariat mondial sur les bioénergies (GBEP) est une initiative internationale visant à mettre en oeuvre les engagements pris par le G8 +5 pays (Afrique du Sud, Allemagne, Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Inde, Italie, Japon, Mexique, et Royaume-Uni) dans le Plan d’action de Gleneagles de 2005. Le Partenariat est présidé par Corrado Clini, Directeur général du ministère italien de l’environnement, de la tutelle du territoire et de la mer. La FAO héberge le Secrétariat du Partenariat, avec le soutien de l’Italie. La vocation du GBEP : appuyer le déploiement à grande échelle et rentable de la biomasse et des biocarburants, plus particulièrement dans les pays en développement où domine le recours à la biomasse. Au Sommet du G8 d’Heiligendamm (Allemagne) en juin 2007, le Partenariat a été invité à poursuivre ses travaux sur les meilleures pratiques de biocarburants et faire avancer le développement durable de la bioénergie.
(Source : GBEP, FAO Photo : Land Salzburg)
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