Le biocarburant est au cœur des préoccupations des chercheurs. Une question qu'ils se posent aujourd'hui : comment améliorer les rendements de la production de bioéthanol ? Petit rappel : pour produire le bioéthanol (ou alcool éthylique pour l'essence), les scientifiques extraient les sucres des plantes, telles que la canne à sucre, les betteraves, les topinambours, mais aussi du bois, de la paille, des pommes de terre et des céréales. Les sucres fermentent et un alcool est ainsi réalisé. Par la suite, cet alcool est incorporé à l'essence ordinaire. A partir du bioéthanol, il est possible de créer un éther dérivé : l'éthyl-tertio-butyl-éther. Il provient du blé et de la betterave.
L’équipe du laboratoire IBGC (Institut de Biochimie et Génétique Cellulaires) de l’Université Bordeaux 2 / CNRS a étudié les mécanismes de mort cellulaire provoquée par une souche de levure transformée par un gène humain. Elle a pu alors observer des conséquences étonnantes : la levure, cultivée en condition d’anaérobie, présente une résistance accrue à l’éthanol. Cette souche de levure permettrait d’améliorer le processus général de production de bioéthanol (doublement du rendement : les levures manipulées meurent environ 2 fois moins que les levures parentales) et de réduire les coûts industriels en permettant une production en continue de fortes concentrations d'éthanol. Une souche de levure augmente ainsi la production de bioéthanol.
Par le biais de Aquitaine Valo (le service de valorisation de la recherche du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) "Université de Bordeaux" en partenariat avec l’Université de Pau et Pays de l’Adour), le laboratoire cherche à mettre en place une collaboration avec des industriels pour mieux caractériser l’action du mutant présentant une résistance au stress éthylique. Une telle obtention déboucherait sur la protection d’une souche de levure transformée et sur le dépôt d’un brevet, et de ce fait, sur une amélioration certaine du processus général de production de bioéthanol.
Une précision : en décembre 2006, des chercheurs du MIT et du Whitehead Institute se sont creusés la tête pour essayer de trouver une solution miraculeuse pour produire davantage d'éthanol. Ils se sont intéressés au génome de la levure utilisée pour la fermentation de plantes ou du maïs lors de l'élaboration de l'éthanol. Explication : au cours de la production, le taux d'éthanol devient toxique pour la levure. L'équipe de Gregory Stephanopoulos a alors décidé de manipuler le génome de la levure afin qu'elle soit plus résistante. Ils ont ainsi modifié l'expression de plusieurs gènes. Ce sont les facteurs de transcription des gènes au lieu des gènes eux-mêmes qui ont été visés. Résultat : la modification de la levure permet de produire 50% d'éthanol en plus qu'une levure normale en l'espace de 21 heures.
Qui l'eût cru : la levure gonfle le rendement du bioéthanol !
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