DIAMANT BRUT
Avec son visage long et froid, son allure presque distante, cocktail curieux d'arrogance, de tristesse et de volonté, ce jeune Autrichien dérange plus qu'il ne séduit lors de son arrivée sur la scène internationale. Né en Allemagne et élevé en Autriche après la disparition de ses parents pendant la seconde guerre mondiale, Jochen sait profiter à merveille des faiblesses de ses grands-parents. Après les premiers défis sur deux roues, des débuts avec une Simca P 60 Montlhéry, il convainc ceux-ci qu'une Alfa Giulietta Ti n'est qu'une paisible berline familiale. Après quelques jolis succès en Tourisme, il investit à sa majorité une part de son héritage familial dans l'achat d'une Cooper de Formule Junior.
Fort d'un unique succès dans une épreuve italienne, il franchit le pas en 1964 en s'achetant une Brabham de Formule 2. La notoriété va venir comme un coup de foudre même si ses rivaux, tels Jackie Stewart, restent sceptiques : "Un Autrichien inconnu en pole pour sa première course de F2 en Angleterre...Les chronomètreurs ont dû se tromper!" Sa victoire obtenue à Crystal Palace après un duel somptueux avec Graham Hill, champion du monde de F1 1962, fera taire les détracteurs. Les Team Managers de Formule 1 suivent eux aussi d'un oeil attentif l'ascension de ce jeune pilote qui semble se jouer des lois de l'équilibre en jetant sa monoplace dans d'énormes glissades. Dès l'été 1964, il se voit proposer le volant d'une Brabham F1 de l'Ecurie Rob Wlaker à l'occasion du GP d'Autriche.
Longtemps troisième avant d'abandonner, sa prestation est néanmoins suffisante pour décider John Cooper à lui faire signer un contrat de trois ans. Au milieu des années soixante, les monoplaces aux bandes blanches ne sont malheureusement plus que des fantômes décharnés de leur gloire passée. Pourtant, son succès aux 24 Heures du Mans 1965 avec Masten Gregory sur une Ferrari LM, ses chevauchées fantastiques en Formule 2, sa jeunesse, son allure de play boy blasé, son style débridé en font rapidement l'une des stars du petit monde de la Formule 1. Même si le succès ne lui sourit pas dans la discipline reine, il s'enrichit - au contact de Bruce McLaren puis de John Surtees, ses équipiers de chez Cooper - d'un formidable bagage technique. Lui qui marchait à l'instinct, se montrait capable d'aller vite partout avec n'importe quoi, peaufine bientôt son pilotage en maîtrisant les secrets de la mise au point. Sa prestation avec sa lourde et peu puissante Cooper Maserati, sous le déluge de Spa en 1966, où il reste le seul capable de suivre la Ferrari de John Surtees, témoigne de son évolution et d'une pleine maturité.
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