Nos confrères anglais sont les rois du comparatif improbable que l'on aime bien critiquer, mais nous aussi pouvons être loufoques dans le choix des concurrentes. Alors que nous étions à bord de la Bentley Flying Spur pour l'essai que vous avez lu il y a quelque temps, une question nous est venue à l'esprit alors que nous croisions une connaissance en plein essai d'un tout autre modèle. Lorsqu'on a consenti à débourser près de 200 000 euros pour être transporté dans une limousine à « petit » moteur V8, ne risque-t-on pas d'être humilier au premier feu vert venu par un jeune cadre dynamique ayant opté pour une citadine sacrément vigoureuse de moins de 35 000 euros ? Une citadine telle que l'Audi S1 ? Par chance, nous avions les moyens de mesurer tout ça.
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Malgré ce que l'on peut imaginer en observant cela d'un œil distrait, ces autos ont plus de pertinence à être comparées que beaucoup d'autres. Si l'on examine de près, on remarque qu'en abordant les 2 protagonistes en termes de proportions, elles sont quasiment identiques, une Audi S1 étant à peu de choses près une Bentley Flying Spur divisée par deux.
Sur la balance, la Bentley super optionnée qui embarque pour ce test 2 personnes (je n'allais quand même pas prendre le volant!) émarge à près de 2700 kg quand la petite Audi se situe autour des 1400 kg avec un pilote à bord. Elles sont toutes les deux des quatre roues motrices et, sous le capot, on trouve un V8 de 507 ch et 660 Nm de couple sous l'Anglo-allemande et 231 ch et 370 Nm de couple pour la petite Audi. Ces caractéristiques spécifiques à notre essai (et pas aux chiffres enregistrés pour ces autos) nous amènent à un rapport poids/puissance de 5,3 kg/ch pour la Bentley contre 6 kg/ch pour la S1. Reste la question de la transmission. L'Anglaise est équipée d'une boîte automatique ZF à 8 rapports classique qui va fatalement grignoter un peu de puissance au départ tandis que l'Allemande dispose d'une boîte manuelle 6 rapports, la S-Tronic double embrayage étant indisponible sur ce modèle.
Il est l'heure de faire la course
Sur la ligne de départ, le paquebot Bentley ressemble à un Sumo attendant le coup de feu du starter avec à ses côtés un poids mouche. Comme si sur un 100m, Lemaitre était opposé à Teddy Riner. Mais dans cette réalité-là, c'est bien le judoka qui va étonner tout le monde.
Si au feu vert (imagé), les 2 autos s'arrachent côte à côte sans guère de fumée (la transmission intégrale, ça aide), le passage du 1er au deuxième rapport va établir le premier écart, le premier éclat. La petite S1 pourtant vigoureuse, ne peut lutter avec la rapidité de passage de la boîte ZF et la Bentley prend une longueur d'avance instantanément. La suite sera du même acabit avec une limousine qui accentue irrésistiblement l'écart avec la petite effrontée qui a osé la défier. Pire, sur toutes les tentatives suivantes, elle fera de moins en moins bien du fait d'un embrayage chauffant mais surtout parce que la nécessité de trouver l'équilibre parfait au lancement entre les tr/mn et le point d'accroche n'existe pas en face. La Bentley réussit à tous les coups ses accélérations et, sur chaque tentative de 400m, colle une tôle à sa rivale qui n'en est finalement pas une.
L'écart était définitivement trop grand entre les 2 et, malgré son « petit moteur », la Bentley Flying Spur V8 domine du pavillon et des ailes arrière les débats. Au final, on constate que les chronos officiels des 2 autos sur le 0 à 100 km/h illustraient parfaitement la hiérarchie relevée ensuite sur cette drag race avec une Bentley donnée pour 5,2s et une S1 annoncée en 5,8s. On imaginait toutefois que le couple intéressant de la S1 rapporté à son poids et sa transmission intégrale aurait permis une bagarre plus serrée. Mais notre véritable conclusion à cette drag race de Noël va aller au delà de ce que nous avons vécu pour affirmer que, dans le cas où l'on s'amuserait à échanger notre S1 contre une S3 de 300 ch à boîte S-Tronic double embrayage, le résultat risquerait alors d'être (sera!) très différent. Mais la vraie question est : sera-ce vraiment un problème existentiel pour le propriétaire de Flying Spur ?
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