Ce lundi 30 novembre s’ouvrira à Paris la COP21, grand raout environnemental durant lequel la plupart des grands pays feront assaut de bonne volonté écologique. Objectif : mettre en œuvre un nouvel accord international sur le climat dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C. A cette occasion, il sera notamment question de transports plus verts, et donc de véhicules électriques. Parmi les partenaires de l’évènement figure d’ailleurs l’Alliance Renault Nissan, qui mettra à disposition des participants une flotte de 200 voitures « zéro émission », lesquelles devraient parcourir 400 000 km durant la manifestation.
Même s’il y a peu de chances que l’on croise Barack Obama à bord d’une Renault Zoé ou Vladimir Poutine d’une Nissan Leaf (encore que le président russe aime à poser aux commandes de toutes sortes d’engins), il faut s’attendre à ce que les chefs d’Etat et leurs représentants, rivalisant de discours « plus verts que verts », soient amenés à vanter les mérites des voitures propres.
Seulement voilà, nos dirigeants sont-ils vraiment exemplaires en la matière? Bien sûr, pour des raisons évidentes de sécurité, on n’imagine pas le Président américain troquer l’énorme « Cadillac One » pour une Toyota Prius aux vitres blindées... Reste que de nombreux chefs d’Etat, personnalités dont la fonction consiste à manier des symboles forts, ont déjà opté pour des véhicules plus écologiquement corrects, comme François Hollande avec sa DS5 hybride ou le Premier ministre japonais Shinzo Abe avec la Toyota Mirai à hydrogène.
Caradisiac s’est donc intéressé aux dirigeants du G20, entité qui représente les deux tiers de la population de la planète, 85% de l’économie mondiale, mais aussi les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci est composé, dans l’ordre alphabétique, de l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, de la Corée du Sud, des Etats-Unis, de la France, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Italie, du Japon, du Mexique, du Royaume-Uni, de la Russie, de la Turquie et de l’Union européenne.
A chaque fois, nous nous sommes penchés sur les voitures officielles utilisées par les dirigeants de ces pays, ainsi qu’aux prises de position et autres marques d’intérêts exprimées par les uns et les autres pour les véhicules propres. Au-delà des déclarations d’intention de la Cop21, Caradisiac dresse le constat de la persistance de réels écarts de l’un à l’autre, et d’une transition écologique qui peine à se mettre en place là où justement celle-ci serait visible. Bref, un constat qui risque de laisser plus d’un citoyen vert de rage...
Le VERTueux
Japon - Shinzo Abe : Toyota Mirai
Hydrogéné
Le Premier ministre japonais s’intéresse de près aux motorisations vertes. Il s'est ainsi vu remettre en début d'année les clés de la Toyota Mirai, berline roulant à l’hydrogène, ce qui fait clairement de lui le plus écolo de tous les dirigeants mondiaux. A cette occasion, il a d'ailleurs déclaré qu'il faudrait qu'à l'avenir toutes les agences gouvernementales adoptent ce type de motorisation. Par le passé, on l'a vu prendre place à bord d'un prototype de Nissan Leaf (électrique) doté d’un système de conduite autonome, d'une Lexus L600h (hybride), ou marquer son intérêt pour les productions Tesla, 100 % électriques. Bref, un quasi sans-faute.
Les « vert pâle »
Ces dernières années, on aura surtout vu la chancelière allemande circuler à bord d’une Audi A8 L W12, modèle dont les émissions de CO2 en version de base - c’est-à-dire non blindée - s’établissent déjà à 254 g/km. Pas un sommet d’écologie, donc, alors même que la chancelière plaide dès qu’elle en a l’occasion pour une économie « décarbonée ». Une solution alternative pourrait être la Mercedes S Plug-in hybrid, disponible depuis peu, ou la BMW Série 7 eDrive hybride rechargeable, prochainement commercialisée. Peut mieux faire, donc.
Ceci posé, la dame s’intéresse vivement aux véhicules «écolos ». Elle avait même réussi à faire grimper Vladimir Poutine à bord d’une Volkswagen XL1 (pour 1 l/100 km) à la Foire de Hannovre 2013. Au delà, chaque salon automobile est pour elle l’occasion de poser à côté des nouveautés électriques ou hybrides des constructeurs allemands. Et l’implication de la femme la plus puissante du monde (selon le magazine Forbes) sur ce terrain ne peut être que bénéfique.
Au début de son mandat en 2010, la présidente brésilienne utilisait la berline Ford Fusion hybride de son prédécesseur et mentor Lula. Las ! Deux ans plus tard, le parc présidentiel était renouvelé et la dirigeante optait pour un 4x4 Ford Escape blindé mais plus hybride du tout, puisqu’animé par un V6 3,5 l.
Canada - Justin Trudeau : Cadillac DTS
De grandes espérances...
On imagine bien que le nouveau Premier ministre canadien, tout récemment élu, n’ait pas encore eu le temps de se pencher sur le remplacement de la limousine Cadillac DTS ou du Chevrolet Suburban prévus pour lui. Mais il est à espérer que le jeune leader (il est né en 1971), également possesseur d'une Mercedes 300 SL de collection, qui fait preuve d’un style moderne en pratiquant la parité dans son gouvernement, ou en renommant le ministère de l’environnement en ministère du Climat et du Changement climatique, opte rapidement pour des carrosses à connotation plus verte.
Pour défiler à Paris, le Président nous sert la DS 5 hybride. Mais en province, il utilise encore surtout la Citroën C6 - pas hybride - de son prédécesseur (ci-dessous, dans l'Orne en avril 2015).
Le 15 mai 2012, jour de son investiture officielle, le nouveau Président remontait les Champs-Elysées debout à l’arrière d’une DS 5 hybride, véhicule dont il fera par la suite sa monture officielle (en plus du scooter). Un moyen de soutenir l’industrie automobile tricolore en même temps qu’un bel hommage aux avancées technologiques du groupe PSA : la DS 5 Hybrid4 s’enorgueillit en effet d’une consommation mixte (théorique) de 3,5 l/100 km et d’émissions de CO2 limitées à 90g/km. Alors, certes, cette voiture roule au gazole, ce qui ne fait pas les affaires de la maire de Paris Anne Hidalgo, engagée dans une croisade anti-diesel. Mais la motorisation électrique complémentaire permet de circuler en ville en limitant fortement la pollution. Un bon point écolo pour François Hollande, donc, hélas terni par le fait que tous les véhicules de son escorte sont dotés de moteurs thermiques. D'autre part, lors de ses déplacements en province, il utilise encore la Citroën C6 de son prédécesseur Nicolas Sarkozy (pas hybride, elle). En d'autres termes, le coup de la DS 5 fleure bon l'opération de « greenwashing » parisianiste...
En février 2014, le nouveau Premier ministre italien avait fait sensation en arrivant au Palais di Quirinal, à Rome, où il officialisait son entrée en fonction, au volant d’une Alfa Romeo Giulietta. En juin 2015, il avait partagé sur son compte Twitter une photo de la nouvelle Giulia, assortie de ce commentaire « Che bella la Giulia ! » Par ailleurs, quand il était maire de Florence (et possédait une Volkswagen Sharan), il s’était vu remettre les clés d’une Smart de fonction électrique. A cette occasion, il avait déclaré que « pour la majorité des citadins, qui parcourent 50 à 80 km par jour, la voiture électrique est un moyen de transport intéressant et utile, qu’il fallait promouvoir ». Bref, sans qualifier l’homme d’écolo, on le devine assez peu fasciné par les lourdes berlines blindées (Audi A6, etc.)...qui sont encore son lot quotidien (pas de miracle !)
Le président Erdo?an est fidèle à Mercedes, et plus particulièrement à la S600 blindée. Pas franchement écolo, donc. Ceci posé, l’homme semble apprécier l’automobile et ne manque jamais l’occasion de prendre les commandes d’une voiture électrique à l’occasion de tel ou tel événement organisé par un constructeur (ci-dessus, une Renault Fluence électrique). D’un point de vue symbolique, c’est déjà ça...
Les sans VERgogne
Le leader sud africain n’est pas réputé pour son exercice très sobre du pouvoir. Cela se confirme en matière d’automobile, avec un parc extrêmement varié mais toujours puissamment motorisé : BMW Série 7 et X5, Mercedes Classe S et ML, Audi A6 et A8 composent généralement les longs convois présidentiels, complétés de gros 4x4 japonais.
Arabie Saoudite - Salmane ben Abdelaziz Al Saoud : Mercedes Classe S...
Sans surprise
En termes de communication, ce serait merveilleux de voir les dirigeants des monarchies pétrolières rouler en voiture électrique. Mais ce jour est encore bien lointain, et on n’est pas près de voir le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud circuler en Renault Zoé... Une Bentley électrique, peut-être ?
Argentine - Cristina Kirchner : Audi A8
Sans surprise (bis)
Renault est implanté depuis longtemps en Argentine et y possède même une usine. Il fait donc presque figure de constructeur national. Pour autant, Cristina Kirchner boude les sobres productions au losange et leur préfère une gloutonne Audi A8L 4.2 blindée. Etonnant... Mais peut-être son successeur Mauricio Macri, élu président le dimanche 22 novembre, corrigera-t-il le tir ?
Australie - Malcolm Turnbull : BMW Série 7
Blindé
La voiture allouée au Premier ministre australien est une BMW 760 Li blindée, soit environ 3,6 tonnes pour 544 ch. A l’automne 2014, celle-ci a remplacé une Holden Caprice (l’équivalent de l’ancienne Opel Omega).
Chine - Xi Jinping : Hongqi L5
A l’ancienne
Engagée à marche forcée dans son développement, la Chine est encore assez imperméable aux questions écologique. Et ceci jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, ainsi que l’illustre le cas de Xi Jinping qui parade à bord d’une Hongqi L5 « Red Flag », limousine de 5,56 m de long et au style antédiluvien, dont le moteur V12 essence 6 litres de 408 ch doit s’accommoder d’un poids à vide approchant les 3,2 tonnes. On craint le pire côté consommation.
Corée du sud - Park-Geun-hye : Hyundai Equus
Retard techno
Pas de motorisation hybride pour la Hyundai Equus V8 5 litres de la Présidente coréenne Park Geun-hye. Si le constructeur veut imposer ses modèles luxueux face aux références allemandes, il faudra bien que des motorisations mixtes essence/électricité intègrent son offre. Mais en attendant...
Etats-Unis - Barack Obama : Cadillac One
Dieselisé
Reposant sur un châssis de camion et propulsée par un énorme bloc diesel (dont on ignore s’il est doté d’un système anti-NOx...), Cadillac One, la limousine de Mister President, approche les huit tonnes. Résultat, la consommation s’établit aux alentours de 29 l/100 km, tandis que le 0 à 100 km/h prend une quinzaine de secondes. Cette voiture peut être considérée comme la plus sécurisée au monde, avec notamment un système d’oxygénation autonome (en cas d’attaque chimique), mais aussi la mieux connectée qui soit, avec un véritable arsenal de télécommunications. Dans ces conditions, difficile de jouer la carte verte avec une motorisation hybride qui n’apporterait rien ou presque en termes de consommation. Sorti de son tank, Barack Obama s’intéresse aux voitures plus « normales ». On se souvient que découvrant une Mustang GT500 exposée au salon auto de Washington 2012, notre homme n’avait pu s’empêcher de s’installer au volant. Mais 650 ch à l’appel du pied droit, on connaît plus écolo...
Grande-Bretagne - David Cameron : Jaguar XJ
God save the green
Si les Rolls et Bentley sont l’apanage de la reine, le Premier ministre se console en Jaguar XJ. En l’occurrence un modèle de 510 ch, puissance minimale pour animer avec entrain un ensemble lourd de 3,8 tonnes à vide, sécurisation oblige. Avec pour corollaire des consommations qui s’envolent, évidemment.
Inde - Nerendra Modi : BMW Série 7
Sacrée BMW !
En accédant au pouvoir en mai 2014, le premier ministre indien a dû choisir entre un 4x4 blindé, le Mahindra Scorpio, production locale à laquelle il se disait très attaché, et une BMW 760 Li blindée elle aussi. Et il a finalement opté pour la berline allemande, sous l’influence de ses services de protection, qui la jugeaient plus sûre. Question écologie, en revanche, aucune solution n’était la bonne.
Indonésie - Joko Widodo : Mercedes Classe S
Etoilé
L’Indonésie n’ayant pas de constructeur automobile, le président Widodo avant l’embarras du choix pour sa voiture de fonction. Et comme nombre de ses confrères, il a opté pour une valeur sûre, à savoir une Mercedes Classe S blindée. Avec un gros moteur V12, évidemment.
Mexique - Enrique Peña Nieto : Chevrolet Suburban
La 4x4e dimension
C’est généralement à bord d’un Chevrolet Suburban que se déplace le président Enrique Peña Nieto. Bien sûr, son blindage ne modère pas l’appétit de ce véhicule glouton par nature...
Russie - Vladimir Poutine : Mercedes Classe S
Rien à vert
Le Président russe apprécie les engins à moteur. Ces dernières années, on l’a notamment vu parader aux commandes d’un Mercedes ML, d’une Harley-Davidson à trois roues, d’une Formule 1, et bien sûr de diverses limousines arborant une étoile au bout du capot. Mieux : quand il veut récompenser des sportifs, il leur offre des Mercedes. Tous les athlètes médaillés d’or aux JO de Sotchi ont ainsi reçu de l’Etat russe un modèle du constructeur allemand (avec chauffeur pour ceux qui ne possédaient pas le permis). Et les hockeyeurs de l’équipe nationale ont bénéficié du même traitement pour leur titre de champions du monde en 2014,. Par ailleurs, le Président russe ne manque jamais une occasion de vanter les qualités des productions automobiles nationales. En attendant de recevoir la grande limousine Zil qui devait remplacer sa Mercedes Classe S officielle (bizarrement, le dossier n’avance pas très vite), il met souvent en avant le 4x4 Lada Niva couleur camouflage qu’il utilise dans sa résidence de Sotchi, et à bord duquel il aime embarquer ses hôtes de marque. Bref, si Vladimir Poutine est l’un des chefs d’Etats les plus automobilophiles de la planète, les considérations écologiques lui restent parfaitement secondaires.
Union européenne - Jean-Claude Juncker : Audi A8
Traditionnaliste
On adorerait voir Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne, descendre de voitures électriques ou hybrides plutôt que des éternelles sombres et gourmandes berlines. Un vœu pieu, hélas.
Ecolo-flop
Sur vingt dirigeants, un seul se revendique à peu près écolo, six font mine de s'intéresser à la cause verte, et treize ne font même pas semblant... Et c'est ainsi que, COP21 ou pas, et à l'exception d'une petite minorité d'entre eux, nos gouvernants continueront longtemps de privilégier ces héritières des carrosses d'Ancien régime. Certes, on n'attend pas d'eux qu'ils se déplacent à bicyclette. Et certes (bis), Vladimir Poutine ou Jacob Zuma ne sont pas à eux seuls responsables du réchauffement climatique. Reste que la politique est affaire de symboles, et de personnalités aussi en vue on attend qu'elles montrent aussi l'exemple. D'autant que des motorisations hybrides, voire électriques, sont désormais disponibles chez la plupart des constructeurs haut de gamme. A une journaliste qui demandait récemment au nouveau premier ministre canadien pourquoi il avait tenu à instituer la parité dans son gouvernement, celui-ci avait répondu : « Parce que nous sommes en 2015 ». Pour cette raison précise, il est plus que temps que nos dirigeants opèrent un virage vert côté transports.
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