Dompteuse de virages
Le plus surprenant est à venir. Le savoir-faire de Renault en matière de train roulant est une nouvelle fois brillamment illustré à travers cette voiture qui parvient à concilier l’inconciliable.
Ce châssis, c’est comme si les fans de Céline Dion, de Prodigy et même ceux de KoRn se donnaient la main dans une farandole amoureuse !! Il satisfait tout le monde, du conducteur pépère à l'arsouilleur en quête de courbe !
Le compromis réalisé à base d’un durcissement drastique des barres anti-roulis et d’une compétence technique sur les suspensions permet de supprimer quasiment totalement le roulis sans ruiner le confort d’amortissement. Les ingénieurs ont atteint là un nouveau degré dans la l’efficacité châssis. C’est bluffant. Tout ceci entre dans le cadre d’une sécurité active que l’on omet trop souvent de mettre en avant. Comme elle vous permet d’éviter l’accident, elle mériterait plus d’éloges. Dans ce domaine, Renault cherche son maître. Et la promesse que le Coupé et certaines versions haut de gamme de la berline seront équipés d’un système à 4 roues directrices me met déjà en appétit. Va falloir commencer à calculer les G en courbe…
Cette excellente tenue de route se double d’une sensation étrange. Celle d’avoir un engin vigoureux, nerveux, réactif dans les mains, pour tout dire, un poids plume. Le ressenti de légèreté et de vivacité est réellement perceptible au point de mettre en confiance le conducteur très rapidement, ce qui est généralement rare sur des berlines du segment M2. La combinaison (et l’interaction) d’un moteur vigoureux, d’un châssis tip top et d’une masse contenue fait effet. La seule peccadille, qui s’effacera forcément lors d’un usage prolongé, est un freinage dans la droite ligne de tout le reste, c'est-à-dire sportif. Il est sensible au point de requérir une main à la place du pied droit pour ne pas incruster la ceinture de sécurité dans le thorax de votre passager à chaque ralentissement ! On s’y habitue. D’un côté comme de l’autre d’ailleurs !
Ces qualités dynamiques, réelles, poussent Renault à communiquer sur Laguna3 en parlant de « plaisir de pilotage ». Je m’en suis étonné. Si c’est une réalité, elle n’est certainement pas bonne à dire d’un point de vue commercial. D’un côté, je me félicite qu’un constructeur « ose » le mot « pilotage », et d’un autre, je me dis que le retour négatif des autophobes de tout poil risque de porter préjudice à une auto qui ne le mérite pas. De ce point de vue en tout cas !
Laguna 3 arrive sur un segment en décrépitude (encore plus marquée en 2007 puisqu’il ne représente plus que 3% du marché total!), saturé de nouveautés et sur lequel la Peugeot 407 trône au sommet depuis ses débuts. A ce propos, Renault a décidé de marquer à la culotte la concurrente nationale en établissant une grille de tarifs largement calquée sur elle. En moyenne, et sans plonger dans un comparatif exhaustif de la liste des équipements d’origine, les prix se situent 500 euros plus bas que sa rivale. Mais si la berline M2 du Lion est la reine du secteur, Renault est devancé également par VW et se trouve talonné par des constructeurs du « segment supérieur » tels que Audi et BMW. On comprend alors pourquoi le discours cherche à mettre la Renault au niveau de ces 2 dernières rivales prestigieuses. Laguna 3 a l’ambition d’être reconnue comme une des meilleures de sa catégorie, chez elle, mais aussi à l’extérieur. Le challenge est sacrément ambitieux et si viser haut est toujours une bonne chose, tenter de se battre avec des poids lourds quand on est seulement un poids moyen peut s’avérer dangereux pour la santé. La bonne cible est la cible juste.
En résumé, mon sentiment à priori ne laissait que peu de chance de réussite à cette Laguna 3. Après l’avoir brièvement prise en main, il y a comme un retour de flamme, et je suis moins sûr de moi. Elle a des arguments de poids à faire valoir mais je me demande si le grand public saura apprécier son principal avantage, à savoir le réel « plaisir de pilotage » qu’elle distille ? Et là, je doute…
Précisons pour finir qu'un des axes majeurs de Renault pour recouvrer une image qualitative acceptable passe par la réorganisation et l'amélioration du service au client. C'est essentiel car, plus qu'avec la Laguna, c'est vraiment dans le réseau que le "gros" est à gagner. Mais là, nous ne parlons plus de voitures.
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