En France, on a coutume de dire que dès qu’une voiture neuve sort de la concession, elle a déjà perdu 15 % de sa valeur. Mais en ce moment, au Venezuela, c’est bien le contraire qui se produit. La faute à une logique de marché un peu… spéciale.
Les rares acheteurs de voitures neuves au Venezuela sont vernis. Car contre toute logique, leur voiture rutilante ne perd aucune valeur en sortant de la concession. Au contraire, elle en prend, au minimum 10 %, et même bien plus pour certains modèles.
La faute à une véritable pénurie de voiture sur le marché. Et à une demande toujours aussi forte. En effet les vénézueliens sont parmi les plus gros consommateurs d’Amérique du sud, et en plus, le carburant se vend au prix de l’eau. Pourtant, la production automobile sur place s’est effondrée. A l’heure actuelle, le délai pour obtenir un véhicule neuf est de 2 ans minimum. Sans commentaire…
Point de constructeur local au Venezuela, mais des usines étrangères : Ford, GM, Hyundai, Toyota. Or ces usines peinent à payer les achats qu’elles font aux équipementiers étrangers. Elles doivent les payer en dollars, mais le gouvernement a décidé de restreindre l’accès au billet vert, pour cause de baisse des revenus pétroliers. Vous suivez ? De l’autre côté, le Bolivar (monnaie nationale) est surévalué par rapport aux devises étrangères, à cause d’un taux de change fixe désavantageux. Pas de solution donc pour ces usines qui se retrouvent avec des dettes impossibles à honorer, et doivent ou fermer ou réduire leur activité.
Parallèlement, le gouvernement a décidé de réduire l’importation de véhicule de luxe ou de moyenne gamme, justement pour favoriser les usines locales !! C’est l’histoire du serpent qui se mord la queue…
Concrètement, le résultat est que les automobiles, neuves pour commencer, sont hors de prix. Exemple : 153 000 € pour une Mercedes Classe C 280, vendue environ 45 000 € en France ! Mais en occasion, la première, un millésime 2008 en plus, est affichée à 175 500 € ! Et elle a trouvé preneur ! Incroyable. Autre exemple, un Toyota 4 Runner, acheté neuf 32 200 € il y a 2 ans, pourrait se revendre aujourd’hui plus de 75 000 € ! De la pure folie.
Autre effet pervers, les vendeurs potentiels d’occasion ne remettent pas leur voiture sur le marché, craignant de ne pouvoir la remplacer à moindre coût, et on les comprend. De fait, l’offre de véhicules d’occasion est à zéro. Et leurs prix grimpent logiquement en flèche.
Une situation que le gouvernement voudrait voir évoluer et qui compte sur une association avec une entreprise iranienne, Venirauto, pour augmenter l’offre sur son marché.
Dernière anecdote : les autorités, qui luttent contre la fraude fiscale et les pratiques douteuses dans le milieu automobile, ont décidé de fermer huit concessions. Un casse-tête on vous dit !
Source : Courrier International et The Guardian.
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