80 km/h: "je voulais sauver des vies, on m’a accusé de vouloir remplir les caisses"
Ce lundi matin, Edouard Philippe présentait le compte-rendu de la consultation consécutive à l'organisation du grand débat national. Il a notamment évoqué les 80 km/h, pour regretter la défiance des Français sur ce thème.
En politique, l’art de la formule est absolument essentiel. On en a eu la parfaite illustration ce lundi matin avec le premier ministre Edouard Philippe qui, durant son allocution d’ouverture du compte-rendu du grand débat national au Grand palais, a évoqué ainsi la question des 80 km/h : « je voulais sauver des vies, on m’a accusé de vouloir remplir les caisses ».
Et l’hôte de Matignon de poursuivre : « la bonne foi ne suffit pas. La bonne foi, c’est celle qui m’a poussé à instaurer le 80 km/h. Je ne me résigne pas à abandonner l'ambition de la baisse de la mortalité sur les routes. Mais je dois apprendre à composer avec l'incompréhension et le rejet de nos concitoyens. Renouer avec une forme de confiance, c'est le grand défi de notre génération politique. »
Ceux qui espéraient que le Grand débat national aboutirait à une suppression des 80 km/h pourraient donc bien en être pour leur frais. Un grand débat qui peut être considéré comme un succès avec plus de 1,9 million de contributions enregistrées en ligne, à quoi s'ajoutent plus de 10 000 réunions locales et l’ouverture de cahiers citoyens dans plus de 16 000 communes.
Les 80 kmh au second plan
Or, il ressort de tout cela que la question des 80 km/h ne revêt qu’une importance très secondaire. Sur la plate-forme officielle, au sein de l’occurrence intitulée « l’organisation de l’etat et des services publics », laquelle rassemble précisément 445 746 contributions, seuls 7,9% de celles-ci concernent une annulation de la limitation à 80 km/h. C’est finalement assez peu, pour un thème que d’aucuns considèrent comme un ferment de la colère qui a abouti à la naissance du mouvement des gilets jaunes.
En matière de sécurité routière, les deux autres thèmes « forts » (façon de parler) sont « ne pas faire des amendes un objectif pour les forces de l'ordre » à 2,9% et « Assurer le respect entre les automobilistes » à 2,2% (vaste programme…).
Durant son discours, Edouard Philippe a par ailleurs évoqué la « tolérance fiscale zéro » des Français, ajoutant que les débats « indiquent clairement la direction à prendre: nous devons baisser, et baisser plus vite, les impôts ». Il n’a toutefois pas précisé lesquels, ce qui laisse à penser que la baisse de la sur-taxation des carburants n’est clairement pas à l’ordre du jour.
La restitution du contenu du grand débat se poursuit cette semaine, avec notamment des débats dans les cadres de l’Assemblée nationale et du Sénat les 9 et 10 avril. Les arbitrages présidentiels seront rapidement rendus publics par la suite.
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