33 500 suppressions de postes chez Stellantis aux États-Unis : la transition vers l’électrique au prix fort
La nouvelle est tombée dans la soirée : des milliers de postes seront supprimés chez Dodge, Ram, Chrysler et Jeep, les marques américaines du groupe Stellantis. Une décision qui intervient alors qu'en France, le même groupe annonce sa volonté de recruter 1 200 salariés.
Les mauvaises nouvelles tombent souvent après la fermeture de la bourse. Celle-ci, révélée par l’agence Reuters dans la soirée d’hier sonne comme un coup de semonce : Stellantis projette la suppression de 33 500 postes aux États-Unis, dans ses filiales locales. L’agence de presse s’est procuré un mail interne que Mark Stewart, le directeur de l’exploitation du groupe pour l’Amérique du Nord a adressé aux salariés.
Il leur dévoile le plan et leur explique, en substance, « qu'un examen des activités du groupe a montré que nous devons devenir plus efficients », ajoutant que pour y parvenir « la compétition est féroce, et nous ne pouvons pas faire reposer tout le coût de l'électrification sur le consommateur. Ne vous y trompez pas, nous voulons nous imposer sur ce marché ». La conclusion qui s’impose, et la solution envisagée pour faire baisser le prix des actuelles et futures autos électriques de Chrysler, Ram, Dodge et Jeep, consiste donc, selon Stewart, à supprimer des postes.
L’info, et le mail, révélés par Reuters n’ont pas tardé à être confirmés par le groupe, sans qu’il n’apporte de plus amples détails. La seule chose connue à l’heure actuelle est le nombre de postes supprimés, de l’ordre de 33 500 pour les seuls États-Unis. Les départs seront volontaires et accompagnés d’une prime. Ils ne toucheront que les salariés dont l’ancienneté dans la maison dépasse les 15 ans. En revanche, on sait aussi que le chiffre, qui atteint déjà 10 % des effectifs globaux, n’est pas figé. Le Canada devrait être, lui aussi, concerné par la vague de départs, qui du coup, devrait augmenter de plusieurs milliers.
Des milliers de postes supprimés, malgré l'IRA
Bien sûr, les réactions n’ont pas tardé. Shawn Fain, le président du tout-puissant syndicat de l’automobile UAW, a expliqué qu’il s’agissait « d’une insulte faite à ses membres, après l’annonce, il y a quelques semaines d’un bénéfice record de 16,8 milliards d’euros ». Le syndicaliste a également fustigé les pouvoirs publics. « Les responsables politiques et les contribuables financent la transition vers le véhicule électrique, et c'est comme ça que la classe ouvrière est remerciée ». Fain s’en prend ainsi à l’IRA et se sent dupé par cet Inflation reduction Act, qui à coups de milliards de dollars (370 précisément) injectés par l’administration Biden, entend aider les Américains à acheter des autos à watts, mais entend aussi aider les constructeurs qui les assemblent sur le sol national.
D’autant que l’UAW a fort à faire pour défendre ses adhérents ces temps-ci. General Motors a annoncé lui aussi, il y a quelques semaines, l’ouverture d’un guichet de départs volontaires, sans en préciser la hauteur. Mais 5 000 salariés ont d’ores et déjà souscrit à ce plan. L’idée de GM, et de Mary Barra sa patronne, consiste à économiser 2 milliards de dollars sur ses coûts fixes, et compte sur les 1,5 milliard que les départs seuls pourraient rapporter. Du côté du troisième Américain, la politique sociale semble différente. Ford a bien sûr le même souci d’électrification, et de réduction d’effectifs qui y serait lié. Mais la marque à l’ovale a décidé de s’attaquer d’abord à sa branche européenne, avant, peut-être, un jour, de se résoudre de tailler dans ses effectifs locaux. C’est ainsi que 3 800 emplois seront supprimés en Allemagne, et 1 100 en Espagne.
Cette politique de réductions d’effectifs loin du siège et loin du cœur du réacteur semble donc être la même chez Stellantis. L’Amérique est à 6 000 km, et l’impact des 33 500 suppressions d’emplois est évidemment moins fort chez nous, ou siège le groupe. D’autant que Carlos Tavares a annoncé récemment qu’il entendait recruter 1 200 nouveaux salariés au cours de l’année. Reste que le boss de Stellantis, qui doit se rendre aujourd’hui dans l’usine de Metz-Tremery du groupe, devrait être interrogé au sujet de la restructuration américaine par des partenaires sociaux forcément inquiets par l’annonce d’hier soir et qui craignent la contagion. Car si la bascule vers l’électrique est une réalité aux US, elle l’est d’autant plus en Europe.
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