Rétromobile, le salon du doudou
Du 5 au 9 février, à la Porte de Versailles, les anciennes donnent rendez-vous à plus de 100 000 visiteurs. Mais qu'est ce qui explique l'engouement de plus en plus important pour cette manifestation ? La nostalgie d'un temps pourtant loin d'être parfait, mais auquel on a tout pardonné. Du coup, les autos exposées sont les peluches de l'enfance que l'on refuse d'oublier.
550 stands, 1 000 voitures exposées et 130 000 visiteurs attendus. Des chiffres qui donnent une idée de l’engouement pour le salon Rétromobile, qui se déroule du 5 au 9 février prochain. Un empressement plus intense encore cette année que lors des éditions précédentes, avec des amateurs qui comptent les jours et des marques qui se pressent à la Porte de Versailles de peur de rater le filon de la nostalgie.
Mais pourquoi cette manifestation suscite-t-elle tant de sympathie ? D’autant que Rétromobile n’atteint pas les scores du Mondial de l’auto qui a dépassé les 500 000 entrées l’an passé, et même si le salon des anciennes durait un jour de plus, il n’arriverait pas à ce niveau. Mais si le Mondial reste un évènement phare, il est devenu, au fil du temps, un passage obligé, une sorte de messe réflexe ou l’on se rend pour constater que l’auto a changé, pour râler ou se consoler, sans passion.
Tout ce qui est vieux n'est pas forcément beau
Rétromobile c’est tout l’inverse. On s’y précipite comme à un rendez-vous amoureux, on s’y prépare, on attend ce moment. Mais qu’est ce qui suscite un tel intérêt ? Pourquoi adule-t-on les autos d’avant, celles d’il y a 30 ans et souvent beaucoup plus ? Les anciennes sont plus belles que les nouvelles ? L’explication est un peu courte, et tout ce qui est vieux n’est pas forcément beau, même à la Porte de Versailles.
La raison qui pousse tant de gens à se rendre à ce salon durant ces cinq jours est à chercher ailleurs, dans un temps d’il y a plus que trente ans, justement. Rétromobile agit comme un doudou pour les plus vieux, et comme un fantasme pour les jeunes.
Les « boomers » y retrouvent leurs vieilles peluches des années 70 ou d’avant. Ces autos qu’ils voyaient dans la rue étant petits, celles dans laquelle ils se glissaient sur la banquette arrière, avant d’avoir l’âge de passer à l’avant. Et celles aussi que leur papa ne pouvait pas se payer. On regrette toujours son enfance et lorsqu’on retrouve des signes et des objets qui nous la rappellent, on s’y accroche, comme un doudou qu’on ne veut pas perdre.
Ces boomers emmènent souvent leurs propres enfants dans les allées de la Porte de Versailles. Des jeunes qui n’ont pas connu ces autos sur la route, des jeunes pour lesquels ces voitures sont de l’ordre d’un fantasme savamment entretenu : celui des trente glorieuses qui, dans le cas de l’automobile, se sont poursuivies bien après le choc pétrolier de 1973.
Les trente glorieuses ? Des années ou tout allait mieux ? Ou les voitures étaient de « vraies » voitures ? Des années où l’on comptait 5 fois plus de morts sur la route aussi. En 1972, ils étaient 16 545, contre 3 190 l’an passé. Des années ou tout allait mieux ? Il a fallu attendre 1965 pour que les femmes puissent bosser sans demander l’autorisation à leur mari. L’espérance de vie ? Elle était de 75 ans en 1970, elle a gagné 10 ans depuis.
Libres de polluer, et de se polluer
Mais cet après-guerre fascine néanmoins et, comme pour les hommes politiques auxquels on pardonne les erreurs dès qu’ils ne sont plus aux affaires, on oublie les mauvais côtés des trente glorieuses pour en retenir les bons, et leur croissance économique.
Mais est-ce que ces décennies de consommation effrénée, ou l’alcool et les clopes s’affichaient sur les F1, de Martini à Marlboro étaient vraiment préférables ? Au moins on était libres de faire comme bon nous semblait, et surtout de dépenser, de polluer et de se polluer sans penser au lendemain.
Peut-être que c’est cette « consostalgie », comme la nomme le chercheur Vincent Martigny, dans son livre Les temps nouveaux, qui explique que 64% des Français pensent que c’était mieux avant. Avant les voitures électriques, les voitures chères, avant les normes d’émission, les ZFE et les Crit’Air. Avant qu'on ait des soucis d'argent.
Alors pour retrouver cet avant, on ira faire un tour à Rétromobile, et l’on retrouvera, sur les 605 m2 du stand Renault, les anciennes et les nouvelles de la marque, ces dernières s'inspirant fortement des premières. Car dans les rangs du losange, on a bien compris que la nostalgie du doudou fonctionne mieux que tout.
Rétromobile 2025
Informations pratiques
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Du mercredi 5 au dimanche 9 février 2025 au parc des expositions, Porte de Versailles, 75 015 Paris. Le salon se tiendra dans les pavillons 1, 2 et 3.
Tarifs :
Plein tarif en prévente : 20 €
Jeune moins de 16 ans : 12 €
Avant-première : 60 €
Enfants de moins de 12 ans : gratuit
Horaires :
Mercredi 5 février : de 10h à 22h
Jeudi 6 février : de 10h à 19h
Vendredi 7 février : de 10h à 22h
Samedi 8 février : de 10h à 19h
Dimanche 9 février : de 10h à 19h
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