Reportage Stage Pilotage 4G Team : la révélation
Pour s'initier au circuit, pour corriger de mauvaises habitudes, pour reprendre confiance, pour affûter ses trajectoires, pour gagner quelques dixièmes de secondes au chrono… les raisons ne manquent pas pour s'inscrire à une des nombreuses formations de pilotage proposées sur les différents circuits de l'hexagone. Caradisiac Moto vous dévoile le contenu d'une journée de stage, comme si vous y étiez, encadré par l'équipe 4G des frères Garcia alias le Genous Team, sur le tracé le plus technique de France : le circuit de Lédenon. Enfilez votre casque et vos gants, c'est parti.
Réveil aux aurores, faut pas traîner, le rendez-vous est fixé à 8h00 pétante devant les stands du circuit. Allez hop, direction Lédenon avec un petit arrêt carburant sur la route histoire d'éviter un aller-retour à la pause repas. Une fois sur place, on est tout de suite accueilli par l'équipe des frères Garcia, avec du café et des croissants histoire de prendre des forces pour la matinée. Une ambiance très "motard spirit" s'improvise naturellement dans l'enclos des stands. Pour la petite histoire, le team 4G a été fondé par Marc et Bernard Garcia, deux anciens pilotes de GP, coachs et instructeurs depuis bientôt 10 ans. Les stagiaires débutants seront encadrés par Bernard, le pilote de GP 500 et de course d'endurance, accompagné de Bruce Rulfo (champion de France 600 Promosport en 2000, vice champion 1000 en 2004, recordman du tour du monde en moins de 80 jours) et Matt Lagrive (double champion du monde d'endurance et vainqueur du Bol d'Or 2006). Rien que ça.
Introduction
La première étape est le contrôle de pression des pneus, la règle est simple : 2,1 devant et 1,9 derrière. On place ensuite notre bécane sur un des côtés du stand gonflage : à gauche pour les confirmés, à droite pour les débutants, dont je fais partie. C'est déjà l'heure du briefing. Les instructeurs se présentent, puis nous détaillent le programme de la journée. Ce dernier est destiné à tous, à ceux qui veulent être d'avantage confiant sur route, ceux qui veulent s'initier ou se perfectionner sur circuit. Le maître mot : avoir confiance en son pneu avant. Quand on sait mettre le poids de la machine sur l'avant et quand on a conscience de l'adhérence qu'il peut garantir, on peut tout faire. Y a plus qu'à !
Chapitre 1 : la découverte du circuit
On se prépare, on démarre les machines, l'heure est à la découverte du tracé et, sur un circuit comme Lédenon, ce n'est pas du luxe. D'ailleurs, même si j'ai déjà été baptisé, l'idée me plait tout à fait. Le groupe des débutants par en tête, tous les uns derrière les autres. Bruce ouvre la marche, Matt la boucle. Quelques mètres plus loin, le groupe des confirmés en fait de même, eux aussi encadrés par deux instructeurs. Bruce s'applique à prendre les bonnes trajectoires, dans un rythme très calme au départ, et le reste de la troupe le suit à la trace tel un serpentin. Petit à petit, il monte la cadence, tout en s'assurant que les écarts entre les poursuivants restent minimes. S'il estime qu'un d'entre nous a du mal à suivre, il ralentit, le temps de refaire son retard. Ceci sera fait sur 5 tours et c'est l'exercice idéal pour se familiariser avec un circuit, apprendre à le connaître petit à petit, suivre des trajectoires de plus en plus vite. Bref, j'ai déjà la banane sous mon casque, la journée commence bien !
Chapitre 2 : ligne droite des stands - le freinage
Alors que les confirmés s'amusent à arsouiller sur 90% du circuit, à l'endroit comme à l'envers, les 10% restants sont destinés aux débutants. Mais ce ne sont pas les moindres puisqu'il s'agit des deux tiers de la ligne droite des stands et du triple gauche. Le concept : sentir le déplacement de la charge, sentir l'arrière se comprimer sur la phase d'accélération et l'avant se charger sur la phase de freinage. La pratique : au top départ, faire rugir le moulin jusqu'à être à fond de 4 et au bout de la ligne droite, au premier plot, freiner de l'arrière tout en gardant les gaz ouvert, au deuxième plot, couper les gaz, et enfin au troisième plot freiner de l'avant. L'apprentissage de ces phases est fait progressivement, avec des conseils personnalisés délivrés à chaque départ. Voilà de quoi se mettre en jambe sans stresser et prendre confiance en soi progressivement.
Chapitre 3 : triple gauche - les phases d'un virage
On se déplace de quelques mètres pour entrer dans le vif du sujet : le triple gauche. Un virage particulièrement technique que peu de motards savent négocier tant le nombre de trajectoires possibles est élevé. Et pourtant, il semblerait qu'il n'y ait qu'une trajectoire envisageable, celle qui permet de perdre le moins de vitesse et de pouvoir ressortir comme une balle. Mais attention, ce n'est pas gagné d'avance. L'idée parait pourtant enfantine : ouvrir en grand depuis la ligne droite des stands (qu'on ne prendra pas qu'à mi-parcours histoire d'éviter d'arriver à 210 au premier plot), prendre le plus de vitesse possible, aller chercher le virage loin à droite, puis couper les gaz afin de charger la roue avant, coucher la moto et venir mordre la corde pour pouvoir dessiner une ligne droite entre la reprise des gaz et la sortie. Enfantin, n'est-ce pas ?
Au-delà de dicter la trajectoire parfaite sur un virage particulier d'un circuit donné, la motivation des instructeurs est de bien nous faire comprendre les trois phases indépendantes et primordiales de n'importe quel virage. La phase d'accélération, où l'on tasse la moto sur l'arrière. Suivie de la phase de décélération, où le poids se bascule sur l'avant, et où on peut donc tout coucher en pleine quiétude car le pneu avant, chauffé et bien gonflé, ne lâchera pas. Et enfin, la remise de gaz, lorsqu'on relève la moto, progressive puis incisive. C'est cette fameuse phase de décélération qui est délicate, car si on est trop lent et qu'on remet du gaz, la charge qui était sur le pneu avant rebascule sur l'arrière et pour reprendre leur expression "on peut croiser les skis", ou plus communément "perdre l'avant". Il faudra donc prendre le plus de vitesse possible pour éviter à avoir à réaccélérer, tout le travail est là.
Avant toute chose, briefing sur la position de conduite. Chacune des phases s'accorde avec une position : couché sur la moto, puis redressé sur les freins, et enfin, le fameux déhanché. Petite démonstration statique de Bruce puis quelques stagiaires monteront sur le R1 pour mimer ces différentes postures, soumises à la critique des instructeurs. Allez, les plots sont couchés sur le bitume, ils délimitent les 3 phases à respecter, mais aussi les endroits où il faut passer : entr'eux et le vibreur. Gloups. Le groupe des débutants est divisé en deux : ceux du premier groupe passeront 5 fois les uns après les autres sur le virage tandis que ceux du deuxième restent en bord de piste pour analyser leurs camarades, et vice versa. Chacun des passages est initié par LaGrive sur son splendide R1, et il invite à chaque fois un stagiaire différent à le suivre, histoire d'essayer de prendre sa traj'. Son aisance est bluffante, il roule en regardant derrière pour s'assurer d'avoir le juste rythme, assez rapide pour motiver le stagiaire mais pas trop pour ne pas lui mettre un boulevard, ça impose le respect.
Ca y est, c'est mon tour : faut pas dormir. Je m'élance sur la ligne droite, bien couché sous la bulle, je suis à la lettre les consignes. Je m'approche du premier plot, près duquel se tient Bruce pour nous observer de près et nous motiver, il saute sur place, il hurle en se tapant les doigts de la main gauche, je sens qu'il veut me dire quelque chose… euh… ah oui, c'est vrai, faut pas laisser les doigts sur les leviers, oops, pardon. J'ouvre les gaz jusqu'au deuxième plot qui est… loin !!! Non de Dieu ! Vu de la piste, ça parait tout simplement du suicide, on dirait qu'on va se faire un parfait tout droit dans les graviers tant la trajectoire s'excentre. Le CBR gueule à 12 000 tr/min, histoire de bien profiter du frein moteur pour la phase 2. Voilà, quelques mètres avant le plot, je coupe tout, une petite pression sur le frein avant pour se rassurer, faut pas réfléchir, je couche la moto, ohhhh isssssse, rhaaaaaa qu'il est loin le plot de sortie… ouf, je suis passé ! Quelques minutes après, on remet ça. Passage après passage, le rythme augmente, on écoute attentivement les conseils des instructeurs et les différentes phases deviennent de plus en plus naturelles, c'est trop bon !
Chapitre 4 : le Cavalet – le déhanché
Après une pause repas bien méritée, on se remet en selle pour 5 nouveaux tours de circuit, toujours en file indienne derrière Bruce qui gère avec génie le rythme de la troupe. Situation parfaite pour mettre en pratique ce que l'on vient d'apprendre. Ensuite, les débutants s'établissent aux alentours du virage du Cavalet, alors que les confirmés continuent leur rythme effréné sur le reste du tracé. Ici, l'accent est donné sur la position de conduite, bien déhanchée pour pouvoir tirer profit du dévers et bombarder dans la montée. Je me fais tirer les oreilles parce que ma prise de vitesse est bonne mais gâchée par un freinage trop appuyé avant le virage. Ce virage à droite est très particulier. Après une descente, il est légèrement relevé et permet donc d'envoyer du bois tout du long… faut-il encore oser mettre du gaz arrivé en bas de la pente. Mais petit à petit, la confiance monte et on y passe de plus en plus fort. Pour nous montrer le chemin, Bernard prendra les commandes du FZ1 "4G Touch", fera péter un rupteur en haut de la piste, passera plein gaz sous les commentaires en direct de Bruce et laissera le parterre de stagiaires bouche bées. Impressionnant.
Chapitre 5 : la Servie – le filet de gaz
On continue d'avancer sur le circuit et on s'arrête sur le prochain virage : la Servie. Une grande épingle à gauche qui se referme, l'endroit typique que l'on prend en 3 ou 4 fois quand on est novice. Eh bien non, il faut le prendre en une seule trajectoire, comme le démontre Bruce, couché sur l'asphalte, slider en fusion. Euh… ok. Ca sera quand même beaucoup moins évident pour nous mais peu importe, le but est d'intégrer le concept, le reste n'est que de la pratique. Donc on y va, tête dans le guidon et poignée dans le coin en sortie du Cavalet. Bruce gesticule toujours en bord de piste pour nous ordonner d'envoyer du lourd, faut pas le décevoir, ça frise la zone rouge en passant à côté du premier plot. On se dirige vers le second, on coupe tout et on couche la belle. On file vers la corde mais l'inertie n'est pas suffisante : pas d'inquiétude, on remet un filet de gaz jusqu'au dernier plot, tranquillement, surtout pas d'à-coup, tout en douceur. C'est du velours sur l'angle et on repasse en mode goret dès qu'on en sort. J'adore.
Chapitre 6 : la Cuvette – la trajectoire en pente
Encore un virage qui ne manque pas d'originalité. Sec, situé au bas d'une descente sinueuse et juste avant la côte raide et rapide de la ligne droite des stands, c'est un endroit stratégique où il ne faut pas se manquer. L'astuce consiste à se décaler sur la droite de la piste pour pouvoir replonger à la corde et bénéficier de l'élan pour s'envoler sur le bout de droit. C'est Matt qui s'y colle avec son R1 pour la démonstration et le voir évoluer vaut tous les discours théoriques. Certainement un des passages les plus délicats, peu d'entre nous réussiront à vraiment suivre la bonne trajectoire. On passe et repasse en s'approchant chaque fois un peu plus de l'objectif, c'est le principal.
Conclusion
A 17h, retour aux stands pour regonfler les pneus et se dire au revoir avant de prendre la route du retour. Un peu plus de 100 km ont été effectués sur ce circuit de Lédenon durant le stage. Et pourtant, ce n'est pas cette distance qui fait la valeur ajoutée de la journée mais bien les conseils qui nous ont été donnés, les règles de base que tout un chacun doit respecter, les axes de travail sur lesquels ont doit se focaliser. Ce capital théorique assimilé sera désormais mis à profit à chaque balade sur route, chaque session sur circuit. Dès que possible, on tentera de corriger nos défauts et améliorer nos points forts. Depuis ce jour, je suis beaucoup plus serein au guidon, mon style de conduite est bien plus coulé et la différence a été notable dès la première balade qui a suivi le stage. D'ailleurs, les potes avec qui j'ai l'habitude de rouler l'ont tout de suite remarqué. Je tenais donc à remercier et féliciter les instructeurs, car même s'il était prévisible d'être ébahi par leurs compétences de terrain, ils nous ont aussi impressionné par leur pédagogie, leur capacité de discerner le défaut, trouver les mots pour l'expliquer, et ce, d'un simple coup d'oeil sur une vingtaine de stagiaires les uns à la suite des autres. Respect. Je conseille à tout le monde cette expérience, aux plus aguerris comme aux plus prudents, on en sort forcément grandi. Pour ma part, je me languis déjà le prochain !
Pour tous renseignements :
4G Moto Club Genous Team - Frères Garcia
248 avenue Philippe de Girard
84 400 APT
e- mail: contact@4gmoto.com
site internet : www.4gmoto.com
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