Renault Twingo (1993-2007) : la dernière Renault géniale, dès 800 €
On l’a tellement vue qu’on ne se rend pas compte qu’elle disparaît : c’est la Twingo de première génération. Une icône du design authentiquement géniale qu’il faut commencer à préserver, car bonne, voire excellente à tout faire, elle se trouve rarement en parfait état…
Il est des autos à la gestation incroyablement longue. Ainsi, celle de la Citroën DS a duré près de 10 ans, alors que pour la Twingo, on peut parler d’une quinzaine d’années. En effet, l’ex-Régie s’est mise à plancher sur une petite voiture dès le milieu de la décennie 70, à la fin de laquelle des prototypes, surnommés Renault 2 par la presse, tournaient. Mais c’est un développement discontinu, et rien ne sort. En 1986, Jean-Pierre Ploué, aujourd’hui patron du design de PSA mais travaillant alors chez Renault, trouve pratiquement les lignes de la future Twingo, déjà un monocorps.
Encore une fois, faute de moyens, le projet est mis au frais. Ce n’est qu’en 1989 qu’il ressurgit, codé X-06, pour aboutir sur l’auto que nous connaissons. À sa tête, Yves Dubreil, qui a à cœur de faire travailler ensemble des équipes qui auparavant s’ignoraient. De cette collaboration renforcée naissent des économies importantes, et cela débouche sur méthode de conception nouvelle, où tout est mis en œuvre pour réduire les coûts. Exemple avec l’antenne radio, logée sur le rétroviseur. Pourquoi ? Parce que cela permet d’économiser sur la longueur du câble. Cette stratégie, nommée « design to cost », sera reprise plus tard sur la Logan, et se traduit aussi sur la Twingo par la réutilisation du bon vieux moteur Cléon Fonte, inauguré sur la R8 en 1962.
Puis tout va assez vite. Dès septembre 1992, la Twingo (un nom fruit de la combinaison de Twist, Swing et Tango) présente son minois rigolard aux visiteurs survoltés du Salon de Paris. J’y étais et jamais je n’avais vu une telle ferveur ! Que je n’ai pas retrouvée depuis. En jouant des coudes, j’ai réussi à me faufiler jusqu’à la mini-Renault et j’ai été impressionné.
On ne le dira jamais assez, mais concevoir une petite voiture pas chère réclame beaucoup plus d’intelligence que pour n’importe quelle supercar. Et la Twingo ruisselle de jus de cerveau. Déjà, son design renvoie toute la concurrence au musée. Ensuite, ultra-compacte, elle loge pourtant largement quatre passagers grâce à sa banquette coulissante. Enfin, malgré son prix hyper contenu (55 000 F, soit 12 000 € actuels), elle profite d’un équipement relativement fourni : vitres teintées, montre, essuie-glace arrière, boîte à cinq vitesses, dossiers arrière rabattables en avant mais aussi en arrière pour transformer l’habitacle en lit ! Songez qu’à 57 400 F, une lugubre Peugeot 106 XN n’offre absolument rien de tout ça et se contente de 45 ch, contre 55 ch pour la Renault, logiquement plus performante.
En réalité, le concept d’une mini-voiture lookée, pratique, suffisamment performante et peu chère n’était pas nouveau : la Fiat Panda l’a étrenné dès 1980. Mais la Twingo l’actualise brillamment. Commercialisée en mars 1993, la Renault connaît d’emblée un vif succès, alors qu’elle n’existe qu’en une seule version et ne propose que quatre couleurs : Bleu Outremer, Jaune Indien, Rouge Corail et Vert Coriandre.
Les évolutions seront constantes. Elles commencent dès l’été (rétro droit réglable de l’intérieur, ancrages de portières renforcés, prétensionneurs de ceinture de sécurité), puis en septembre 1994, une version Pack arrive, dotée de vitres et rétroviseurs à réglages électriques, qui accompagne la nouvelle « collection » de Twingo (il y en aura sept), signalée par de nouvelles teintes.
Une version Easy à embrayage automatique apparaît aussi. En 1995, les airbags s’infiltrent dans les options, en 1996 une direction assistée est proposée, et peu après, à la rentrée, le vieux Cléon est remplacé par un nouveau bloc, le D7F de 1 149 cm3 (pour 60 ch) à arbre à cames en tête, plus silencieux et sobre, alors qu’une Twingo-Matic, à boîte automatique est lancée.
En septembre 1998, la Renault bénéficie d’un restylage : pare-chocs peints, projecteurs monoblocs, tableau modifié pour intégrer l’airbag passager (de série), nouveaux sièges…
Surtout, et Renault ne s’en vante pas, la structure avant a été redessinée pour mieux absorber les chocs : ce n’était pas le point fort de cette mini-citadine qui ne cesse de s’étoffer. En effet, dès 1999, une finition luxueuse Initiale, dotée d’une sellerie cuir, s’ajoute à la gamme.
En 2000, nouvelle évolution : les jantes passent à 14 pouces pour loger de plus grands freins, alors que la barre antiroulis gagne en diamètre pour améliorer le comportement routier, l’ABS est de série, cependant qu’un bloc 16 soupapes de 75 ch est proposé. Les phares adoptent une glace lisse, alors qu’une peu convaincante boîte robotisée Quickshift est proposée en supplément.
Une dernière évolution, légère, intervient en 2004, signalée par un bouclier avant modifié, des feux arrière éclaircis et un bouton de coffre en losange. Signalons que plus elle se bonifie, plus la Twingo devient abordable : sur ce millésime, nantie d’un double airbag et de l’ABS, elle ne coûte plus que 8 800 € (10 500 € actuels). La Twingo disparaît en 2007, produite à 2,4 millions d’exemplaires : pas mal pour une auto au style clivant qui a raté sa cible. Elle se destinait aux jeunes, ce sont les seniors qui l’ont achetée…
Combien ça coûte ?
Des Twingo, il y en a à tous les prix, de 800 € à 6 000 €. La première valeur s’applique à un modèle en bon état, affichant un fort kilométrage mais avec un contrôle technique valide, la seconde à un des tout derniers exemplaires totalisant moins de 10 000 km.
Quelle version choisir ?
Tout dépend de la vie que vous voulez vous inventer avec, pour paraphraser son slogan publicitaire. Pour un usage courant, préférez une restylée, plus confortable avec ses sièges redessinés, économique avec son moteur 1,1 l et non concernée par les restrictions de circulation de certaines grandes agglomérations. Une 75 ch propose même une vraie polyvalence ville/autoroute. En revanche, pour des sensations un peu vintage, et une utilisation occasionnelle, un des tout premiers exemplaires fera l’affaire.
Les versions collector
Incontestablement, celles de 1993, arborant l’un des quatre coloris initiaux ainsi que le toit en toile optionnel, et de préférence avec un très faible kilométrage. Ce n’est pas cher : 3 000 € en parfait état. Et ça devrait monter ! Étrangement, les séries limitées (Kenzo, Benetton, Alizé…) ne réclament pas de rallonge, sauf une : la Lecoq. Création non de Renault mais du célèbre restaurateur de voitures, elle profite d’une peinture bicolore exclusive, de jantes badgées Bugatti (!), d’une sellerie cuir et d’un toit ouvrant. 50 unités seulement ont été fabriquées en 1995 et 1996. Comptez 10 000 € minimum… si vous en trouvez une !
Que surveiller ?
Simple et dotée de mécaniques éprouvées, la Twingo est fiable. Seulement, sur les premiers millésimes, la rouille peut faire de gros dégâts. Le moteur Cléon est assez sensible du joint de culasse et consomme parfois beaucoup d’huile, alors que l’antidémarrage codé peut faire des siennes. Enfin, l’embrayage piloté Easy est un nid à problèmes. À éviter.
Au volant
C’est fou de constater que 27 ans après sa présentation, la Twingo n’a guère vieilli ! Et à l’intérieur, apposer une tablette tactile au centre du tableau de bord suffirait presque à le rendre actuel… En revanche, la position au volant impose de conduire bras tendus et les sièges sont d’un inconfort remarquable. Ce qu’on est mal installé ! Mais l’espace se montre exceptionnel pour une auto de 3,43 m de long (1 096 l de volume utile maximal). Et la banquette arrière modulable est une merveille d’astuce.
Présente mais pas envahissante, la sonorité du moteur rappelle les Renault d’antan, tout comme cette odeur typique dans l’habitacle. Souple mais pas très vif, le bon vieux Cléon est bien secondé par une boîte à la commande agréable à manier. La direction se montre douce, la suspension confortable : en somme, jusqu’à 90 km/h, la conduite est plaisante. Surtout que la tenue de route évite tout reproche. Cela dit, quand on la sollicite, elle prend un peu de roulis et son freinage manque de puissance.
Ensuite, sur autoroute, la Twingo n’est pas très à son aise. Si elle tient le 130 km/h sans trop de problèmes, elle se révèle alors bruyante et consomme beaucoup : 9 l/100 km ! C’est d’ailleurs son appétit qui constitue le principal défaut de la Twingo 1,2 l, tombant difficilement sous les 7,5 l/100 km en moyenne. Reste que sa géniale formule bouille/praticité/prix n’a pas d’équivalent, et surtout pas chez Renault qui n’a jamais réussi à la remplacer dignement.
L’alternative youngtimer
La Renault 4 (1961 – 1992)
Fabriquée de 1961 à 1992, la « 4L » a été jusqu’à la Peugeot 206 la française la plus produite de tous les temps : 8 millions d’exemplaires. Conçue pour rivaliser avec la 2CV en faisant preuve de plus de pragmatisme (hayon arrière), la Renault offre une bonne tenue de route, une suspension confortable, une mécanique simple et fiable (elle a inauguré le circuit de refroidissement scellé) tout en se prêtant à tous les usages. Très économique, la R4 est également hypersensible à la rouille, très bruyante et sommairement fabriquée, mais elle se révèle plutôt agréable à conduire avec sa direction légère et son moteur souple (en version 1,1 l de 34 ch). Et qui n’a pas une histoire avec elle ? Dès 3 000 € en très bon état.
Renault Twingo 1993, la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 239 cm3
- Alimentation : injection monopoint
- Suspension : Jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux (AV) ; essieu de torsion, ressorts hélicoïdaux (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 55 ch à 5 300 tr/mn
- Couple : 90 Nm à 2 800 tr/mn
- Poids : 790 kg
- Vitesse maxi : 150 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 14 secondes (donnée constructeur)
Pour trouver des annonces de Renault Twingo, rendez-vous sur le site Lacentrale.fr
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