Renault Laguna II GT vs Skoda Octavia II RS, la famille sans l'ennui
Châssis affûté, 200 ch au bas mot sous le capot, de la place pour les enfants et les bagages, ces deux familiales concilient les opposés avec un certain talent. Sans coûter très cher : à partir de 6 000 €.
La sportivité n’était pas taboue au début des années 2000. Bien au contraire ! Après une décennie 90 plutôt paisible, les constructeurs généralistes, au début du 3e millénaire, augmentent sensiblement la puissance de leurs modèles, qu’ils déclinent volontiers en variantes épicées.
Chez Renault, on se dote de deux gammes sportives, les radicales badgées RS, et les GT, plus polyvalentes. La Laguna II a droit à la seconde appellation, qui correspond à RS… chez Skoda. Le constructeur tchèque appose ces lettres sur sa familiale Octavia II, devenant comme la Renault une bien agréable monture de voyage.
Les forces en présence
Renault Laguna GT 205 (2005 - 2007) : berline ou break 5 portes, 4 cylindres 2,0 l turbo essence, 205 ch, 1 350 kg, 232 km/h, à partir de 5 000 €.
Skoda Octavia II RS (2005 - 2012) : berline ou break 5 portes, 4 cylindres 2,0 l turbo essence, 200 ch, 1 400 kg, 240 km/h, à partir de 6 000 €.
Présentation : savoureuses juste ce qu’il faut
On l’a dit et répété, la Renault Laguna II, commercialisée en 2001, est une auto remarquablement conçue mais bâclée dans sa mise au point. Ce qui a engendré une fiabilité désastreuse en début de carrière, surtout en ce qui concerne l’électronique et les turbos des moteurs diesel. Cela dit, le restylage de mi-carrière, intervenu en 2005, a pratiquement tout réglé. De plus, sous sa ligne à peine modifiée, la Laguna se décline en une nouvelle version de haut de gamme GT, dotée en essence du 4-cylindres 2,0 l turbo F4RT déjà vu avant la mise à jour.
Mais là, il est poussé à 205 ch (pour 300 Nm) et allié à une boîte 6 manuelle, ce qui permet à la Renault de pointer à 232 km/h, et d’abattre le 0 à 100 km/h en 7,4 s. Ca commence à causer ! Surtout qu’à 1 320 kg, la française est légère. Un diesel de 175 ch est également au programme.
Pour parfaire son comportement routier, cette Laguna bénéficie de ressorts durcis (+24 %), des lois d'amortissement revues et d’une assiette abaissée de 10 mm. Le tout repose sur de belles jantes en alliage de 17 pouces, alors que la carrosserie se passe d’éléments ostentatoires, se contentant de peindre tous ses accessoires.
Dans l’habitacle, des sièges sport chauffants viennent compléter une dotation remarquable : clim auto bizone, sellerie cuir, 8 airbags, sono, projecteurs (bi-xénon) et essuie-glaces automatiques, frein à main électrique, carte de démarrage… Les prix sont plutôt bien placés : 29 900 € en berline (39 990 € actuels selon l’Insee) et 30 900 € en break Estate, ce dernier représentant le gros des ventes. La Laguna II GT ne durera pas très longtemps : elle disparaît dès la fin 2007 avec l’arrivée de la Laguna III.
Renault et Skoda, c’est une histoire qui n’a pas eu lieu. En effet, le losange s’est fait souffler la marque tchèque par VW qui l’a rachetée en 1991. Dès 1996, Skoda lance l’Octavia, une familiale sérieuse dérivant de la Golf III, qui se vendra tellement bien que sa remplaçante, sortie en 2004 s’appelle tout simplement Octavia II. La formule demeure : base de Golf (cette fois la V, donc plate-forme PQ35 à suspension arrière multibras), carrosserie de familiale avec hayon (berline ou break Combi), belles prestations et prix serrés.
Fin 2005, la Skoda se décline en RS, adoptant le bloc EA113 de la Golf GTI : un 2,0 l TFSI turbo à injection directe développant 200 ch (pour 280 Nm). Pour encaisser cette puissance, le châssis s’abaisse de 10 mm et reçoit des ressorts affermis. Car la Skoda pointe à 240 km/h et passe les 100 km/h en 7,3 s, même si à 1 400 kg, elle est plus lourde que la Laguna.
Parallèlement, la tchèque se targue d’un équipement pléthorique : clim auto bizone, ESP, chargeur CD, projecteurs au xénon… Cela ne se solde pas par un prix élevé, au contraire : 26 990 € en 5 portes et 27 890 € en break, soit respectivement 36 100 € et 37 300 € actuels selon l’Insee. C’est très compétitif, mais l’Octavia RS attendra 2007 pour réellement attirer les commandes dans une France obsédée par les diesels, car elle reçoit alors un 2,0 l TDI un 2.0 à injecteurs pompes développant 170 ch.
Un bloc performant frugal qui réalisera le gros des ventes : sur les 20 % des ventes d’Octavia que représente la gamme RS, celle-ci s’écoule en effet à 98 % en diesel… Fin 2008, l’Octavia est légèrement restylage et change de moteur. Elle dispose toujours d’un 2.0 de 200 ch mais de nouvelle génération, accueillant le bloc EA888, doté d’une chaîne de distribution et non d’une courroie, comme sur l’EA113. Pour sa part, la TDI, gréé d’une la rampe commune réduit sa pollution, alors que la boîte DSG est disponible en option. La Skoda Octavia II RS disparaît fin 2012.
Entretien/fiabilité : noyaux solides et pépins divers
Si la Laguna II pâtit d’une mauvaise réputation en matière de fiabilité, c’est injustifié au sujet de la GT. En effet, son moteur se révèle très solide, turbo compris. La boîte tient également le coup si elle a été surveillée (attention aux fuites au niveau des soufflets de cardans), mais un examen attentif s’impose car si elle doit être refaite, on a du mal à trouver certaines pièces.
Vers 100 000 km, les bobines commencent à faiblir, et on relève des soucis de boîtier ABS/ESP. Attention, celui-ci n’est plus disponible chez Renault. Dans l’habitacle, peu de soucis à relever, si ce n’est que le plastique moussé du tableau de bord a tendance à rebiquer avec l’âge, alors que d'autres éléments deviennent collants. Cela se résout assez facilement.
Pour sa part, l’Octavia RS est dans l’ensemble très fiable mais pas exempte de pépins. Sur le bloc EA113, le poussoir de pompe à essence est à vérifier, car, usé, il peut endommager l’arbre à cames qui l’actionne. Comme sur la Laguna, on doit aussi changer la courroie de distribution avec la pompe à eau tous les 100 000 km, et toujours comme sur la Renault, le bloc ABS/ESP peut défaillir. Le moteur EA888 est moins endurant car sujet aux surconsommations d’huile jusqu’en 2011. Attention !
Mais la boîte est sans problèmes. Le compresseur de clim n’est pas non plus réputé pour son endurance. Dans l’habitacle, la finition vieillit mieux que dans la française, mais les soucis électriques y semblent aussi plus nombreux : afficheur GPS figé, moteur d’essuie-glace arrière défectueux. Des avaries plus agaçantes que graves.
Avantage : Egalité. Boîte un peu plus sensible pour la Laguna, plus de soucis électriques dans la Skoda, moteur solide dans les deux cas. Pas de victoire.
Vie à bord : Douceur ou espace ?
Dans la Renault, on est séduit par la planche de bord originale et agréablement dessinée, les matériaux bien choisis et l’ambiance douillette. On s’assoit dans des sièges très confortables et on apprécie les rangements nombreux, du moins à l’avant. L’équipement ultra-riche est, lui aussi, une source d’agrément, tout comme les attentions telles que les appuie-têtes parfaitement ajustables et les stores dans les portes arrière.
Cela dit, l’assemblage est parfois irrégulier et l’habitabilité arrière se révèle juste, surtout pour les jambes. Quant au coffre, variant de 430 l à 1 345 l en berline et de 475 l à 1 515 l en break Estate, il est convenable mais sans plus.
Le tableau de la Skoda est dessiné de façon plus raide que celui de la Renault, mais se révèle impeccablement assemblé, même si ses matériaux sont moins chatoyants. Cela dit, ils ont le mérite de mieux vieillir ! Les sièges se révèlent plus fermes mais pas moins bien étudiés, et à l’arrière, l’espace aux jambes se révèle supérieur à celui de la Laguna.
En revanche, la banquette est moins confortable, et les petits détails qui font la différence dans la française manquent ici. La tchèque compense par un coffre plus vaste : de 560 l à 1 420 l en berline, le break Combi offrant de 580 l à 1 620 l banquette rabattue. Toutefois, le plancher dégagé n’est pas plat, contrairement à celui de la Laguna.
Avantage : Renault. La Laguna prend un léger avantage grâce à sa plus grande douceur générale, mais l’espace de l’Octavia constituera un argument décisif pour certains.
Sur la route : deux familiales dynamiques
Bonne position de conduite dans la Renault, où le siège étonne par son confort. Le moteur, très souple, fait preuve d’une belle santé passé 2 000 tr/min et sonne plaisamment, mais s’il accepte volontiers d’y aller, il ne donne pas le meilleur dans les hauts régimes. Normal pour un suralimenté de cette époque. Il est efficacement soutenu par une boîte plaisante à manier et bien étagée.
Le châssis ? Excellent. D’abord grâce à sa direction à assistance hydraulique, consistante, précise et informative, ensuite, l’amortissement parfaitement dosé. Combiné à un gros grip, l’ensemble donne une auto efficace et communicative, de surcroît jamais déstabilisée par les aspérités abordées en appui. Cette tenue de route remarquable n’a pas lieu au détriment du confort de roulement, excellent, alors que l’insonorisation est poussée. On déplore tout de même quelques pertes sporadiques de motricité.
Dans la Skoda, la position de conduite ne souffre absolument pas la critique, alors que le siège maintient fort bien le dos. Le moteur constitue une belle source d’agrément. En effet, encore plus souple que celui de la Renault, il se révèle davantage pêchu à mi-régime et va plus haut dans les tours, même si titiller la zone rouge ne sert à rien. Cerise sur le gâteau, la boîte le soutient judicieusement. De son côté, le châssis étonne, lui aussi, par son efficacité.
Certes, la direction n’est pas aussi informative que dans la Renault, mais le grip est tout aussi abondant, et le train multibras garantit une belle tenue de la poupe même sur route bosselée. La Skoda délivre donc un certain plaisir en conduite sportive, mais son amortissement ne vaut pas celui de la Laguna et la motricité n’est certainement pas meilleure. Le confort apparaît également un peu en retrait, à cause de la suspension, tout en demeurant de bon niveau. Il en va de même pour l’insonorisation.
Avantage : égalité. Meilleur moteur pour l’Octavia, suspension plus peaufinée pour la Renault, les deux rivales sont très proches.
Budget : des prix en hausse régulière
En bon état, la Laguna se dégotte dès 5 000 € en affichant 200 000 km au compteur environ, alors qu’à 6 000 €, on peut espérer un exemplaire s’en tenant à 150 000 km, mais les modèles à moins de 100 000 km, très rares, passent les 8 000 €. Les breaks, plus demandés, sont 500 € plus chers. Quant à la consommation moyenne, elle tourne autour de 9,3 l/100 km.
Pour sa part, la Skoda, surprise, réclame aisément 1 000 € supplémentaires à condition équivalente. En revanche, elle avale 8,5 l/100 km en moyenne.
Avantage : Renault. Malgré sa consommation légèrement moindre, l’Octavia laisse de peu la victoire à la Laguna, moins chère à l’achat.
Verdict : meilleur rapport qualité/prix pour la… Renault !
Il faut aller au-delà des préjugés : la Laguna II peut être un excellent choix. Témoin, cette GT qui prend le pas sur la Skoda Octavia RS grâce à son prix inférieur, sa fiabilité tout aussi bonne et son confort supérieur. Si les deux se valent côté efficacité dynamique, la tchèque avance un moteur un peu plus performant et une consommation moindre, sans oublier un habitacle plus vaste, ce qui en fait un achat pratiquement aussi recommandable. Mais c’est son tarif qui la fait trébucher : là encore, l’image suggérait le contraire…
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Egalité |
Vie à bord | Renault |
Sur la route | Egalité |
Budget | Renault |
Verdict | Renault |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Renault Laguna II et Skoda Octavia II.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération