Renationaliser les autoroutes, vraie fausse bonne idée ?
Depuis quelques jours, Jean-Baptiste Djebbari, député LREM de Haute-Vienne et spécialiste des questions de transports, anime la toile et les médias de ses idées de réforme et de financement. Ce qu'il propose ? Renationaliser les autoroutes. Oui mais…
À l'heure où l'on râle contre le coût de la vie (mais après tout, le français, moyen ou pas, râle tout le temps, c'est bien connu), les députés aussi font les comptes et tentent de boucler des budgets pour le mois de septembre, où la loi de financement sera votée. Sauf que pour eux, ça se compte a minima en million d'euros et qu'ils parlent de plus en plus en milliards d'euros, alors que nous…
Prendre aux riche pour vendre aux riches pour prendre aux pauvres
Jean-Baptiste Djebarri, tel un Robin des Bois, vient d'avoir une riche idée, suivi en cela par "des banques". Laquelle ? Renationaliser les autoroutes ! Non pas pour nous les rendre et nous aider en cela à nous déplacer mieux et plus vite sans prendre de risques, non (cf. notre article sur les vies épargnées en 2018), juste pour prendre la place des riches sociétés et exploiter… ceux qui payent déjà pour entretenir les routes. Et par là même, gagner de l'argent, donc, à la place de ceux qui en gagnent aujourd'hui. Lumineux, non ?
Un nouveau concept : la dette par anticipation
Comme il le rappelait le 9 juillet 2019 au micro de JJ Bourdin, sur RMC, les sociétés exploitantes font 2,5 milliards d'euros de bénéfice. Alors pourquoi pas l'État ? Sauf que voilà, lesdites sociétés ont un contrat avec ledit État français, qui leur garantit de pouvoir tax… pardon assurer la sécurité des usagers de ces 9 000 kilomètres (environ) d'axes rapides jusqu'en 2032 pour certaines et 2036 pour d'autres. Et on ne rigole pas avec ce genre de contrat. Du coup ? Et bien du coup, M. Djebarri s'est rapproché des banques avec une idée somme toute surprenante : qu'elles financent aujourd'hui quelque 500 millions d'euros les solutions de mobilité sur la promesse que lorsque l'État et donc nous, redeviendrions propriétaires desdites autoroutes, elles se rembourseraient les quelque 800 millions d'euros de dette emmagasinée entre-temps sur une simple spéculation. Le surendettement, on connaît bien en France, on fait même des dossiers. M. Djabbari aurait même fait un test avec les banques, toujours selon cette interview.
Les grand gagnant, les banques ?
Une fois nationalisées, les autoroutes pourraient être à nouveau concédées mais "aux conditions du public". Une piste que le ministère des transports ne semble pas vouloir suivre. Pour autant, une vingtaine de députés va plancher sur le sujet dès le 17 juillet, et justifier par là même leurs émoluments. Oui, on les paye aussi pour enfoncer des portes ouvertes… Pourtant, tout un chacun sait que les banques ne se nourrissent pas de promesse, et qu'elles soient remboursées ou non, elles seraient "gagnantes". Nous savons également que de plus en plus, l'étau se resserre autour des moteurs thermiques et des modes de transports dits polluants. On pourrait même raisonnablement tabler sur une réduction drastique de la circulation et d'une manière plus générale sur les déplacements individuels. Sans parler des limitations de vitesse et des législations à venir, toujours plus restrictives pour l'instant. Et ça, les banques et députés ne semblent pas tout à fait y avoir pensé. Si le projet semble pour certains tenir debout, la balle n'est peut-être pas seulement dans leur camp, mais aussi et surtout dans leur pied. Non ? Surtout à l'heure où l'on parle de plus en plus de privatiser des routes nationales...
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