Radars business ? C'est officiel ! (ou presque)
Il y a des jours où un simple communiqué de la Sécurité Routière à l'AFP en dit plus que l'organisme ne l'aurait imaginé. Aussi lorsque l'on nous annonce officiellement que la dégradation des radars aura coûté 380 millions d'euros (contre 450 millions évalués précédemment), l'analyse des chiffres et du contexte font ressortir un "manque à gagner" et un dispositif inapproprié pour réellement sauver des vies. Explications.
Alors que l'AFP rapporte que la Sécurité Routière estime à 360 millions d'euros la facture des dégradations sur les radars (75 % des flasheurs auraient été désactivés au plus haut de la crise et 1 000 d'entre eux étaient à remettre en service), il convient dès à présent de relativiser ce chiffre et de le modérer.
En août 2019, le parc de radars fixe en France compte 3 275 représentants : 1 993 radars fixes, 695 radars de feu rouge, 407 radars discriminants, 102 radars tronçons et 78 radars de franchissement de passage à niveau. Des chiffres en hausse constante. La carte officielle des emplacements mise à jour régulièrement est d'ailleurs à présent disponible sur le site de la Sécurité Routière.
Juste avant la rentrée, la Sécurité Routière annonçait donc le montant des dégradations, avant de le dégonfler en le scindant en deux : 60 millions d'euros pour les réparations des radars (soit environ 3 fois plus que la tendance "normale" des dégradations 2017-2018) et… 300 millions de recette perdues (par rapport aux chiffres attendus et… "budgétisés"). Ceci semble bien moins que ce que les commerçants auraient perdu au cumul pendant la même période : on estime à 2 milliards d'euros leur préjudice.
En 2017, plus de 91 % (soit 924,5 millions d'euros) des 1,013 milliard d'euros (donc 1 milliard 13 millions d'euros) de revenus générés par les amandes issues des PV de vitesse provenant des radars automatiques, auraient financé la lutte contre l'insécurité routière.
Selon les chiffres officiels, la somme rondelette servait en partie à l'entretien et à la modernisation du réseau routier national. Les 88,7 millions d'euros restant auraient pour leur part été affectés au désendettement de l'État, qui comme chacun le sait, atteint de profondeurs inquiétantes pour ne pas dire abyssales : 2 218 milliards d'euros en 2018 (2 mille milliards d'euros 18 millions d'euros...) nous n'avons pas oublié la virgule entre les 2). Si le gouvernement comptait réellement sur les recettes des radars pour sortir d'affaire, disons que nous serions mal partis.
En 2018, on estimait ainsi à 1,113 milliard d'euros en 2018 les recettes liées aux radars automatiques, eu égard à la mise en place des 80 km/h. Nous vous renvoyons d'ailleurs à la lecture de l'excellent article de notre consœur consacré au bilan financier des radars en 2018, paru dans la partie Automobile du site. Elle y détaille le rapport de la Cour des Comptes et circonstancie grandement les propos, ramenant à seulement.
Pour 2019, les autorités tablaient donc logiquement sur une nouvelle hausse de 12 % des rentrées générées par les radars, en raison notamment de l'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur certaines routes? Une décision entrée en vigueur le 1er juillet. Un calcul mis à mal par l'actualité sociale et par le comportement des conducteurs, finalement pas si mauvais qu'on voudrait bien le faire croire. Même lorsque la bride/trique est relâchée. Peut-être ne le saviez-vous pas, mais les radars encore fonctionnels, même masqués, flashaient encore sans que la verbalisation ne suive. Ainsi, les excès de vitesse avaient augmenté de 268,3 % en décembre 2018 par rapport à l'année précédente. La mortalité n'a fort heureusement - et fort logiquement - pas augmenté en conséquence, la tendance annuelle étant même toujours à la baisse, selon les dernières études. Quelle est votre conclusion ?
Aout 2019. Une nouvelle fois, les chiffres sont à double tranchant. Surtout rapprochés du dernier bilan de la sécurité routière. Les chiffres de mortalité sur la route d'août 2019, donc avec une grande partie des radars remis en fonction, remettent eux aussi en question le discours sécuritaire actuel. Le nombre de tués augmente de 17,9 % par rapport à août 2018, avec 290 morts, soit 44 vies perdues de plus. Un chiffre pinçant toujours le cœur, mais un chiffre à relativiser, 2018 ayant eu un taux de mortalité particulièrement bas. Nous voici revenus dans les moyennes de 2017 et 2016, rien de moins. Ne nous en laissons pas compter/conter et essayons de trouver d'autres solutions pour faire diminuer le nombre de victimes de la route : le nombre des blessés augmente lui aussi de manière importante, l'un des autres effets de bord de le diminution de la vitesse.
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