Prix des carburants : les députés votent pour un équilibrage dans 5 ans
En même temps que l'annonce de la déductibilité de la TVA sur les véhicules essence en entreprise, Ségolène Royal avait aussi fait une annonce choc : le rééquilibrage essence/gazole d'ici deux ans, au lieu de cinq. Les députés ont finalement donné tort à la ministre en votant ce fameux réajustement des taxes d'ici cinq ans afin de laisser le temps aux constructeurs de se préparer. Mais est-ce vraiment suffisant ?
Les députés sont finalement allés à l'encontre des désirs de la ministre de l'Ecologie, qui voulait que le rééquilibrage entre gazole et sans-plomb à la pompe se fasse en deux ans. Il ne se fera qu'en cinq ans pour "laisser" le temps aux constructeurs de préparer ce gros changement en France, qui dépasse largement le niveau politique et budgétaire. Il s'agit avant tout d'une question sociale puisqu’une très large partie du parc automobile français roule avec un moteur diesel sous le capot, et même si la tendance s'inverse (un peu), il n'empêche que le carburant lourd garde la faveur des usagers de la route en France.
L'autre combat de la ministre était la déductibilité de la TVA pour les véhicules essence en entreprise, au même titre que les autos à moteur diesel qui bénéficient de 80 % de récupération de taxes sur la valeur ajoutée. Cela se fera finalement par étape : 10 % l'an prochain, 20 % l'année suivante, puis 40, 60 et enfin 80 % en 2021, année d'équilibrage des taxes entre sans-plomb et gazole à la pompe.
Quels seront les possibles changements à partir de 2021 ?
Avec un rééquilibrage des taxes à la pompe, le gazole devrait être peu ou prou au même prix que le sans-plomb. Mais que cela va-t-il bien pouvoir changer ? La première idée qui nous vient est la baisse significative des ventes de véhicules diesels. Cela pourrait d'ailleurs intervenir avant 2021. Mais si une baisse légère est effectivement possible, nous ne croyons guère à un effondrement du diesel en France, tant les automobilistes sont habitués à ce type de carburant.
Et malgré tout ce qui a pu être fait pour expliquer aux novices complets que le gazole n'est pas intéressant pour de faibles kilométrages, le simple fait de pouvoir faire de plus longues distances avec un plein de gazole qu'avec un plein d'essence, au même prix, devrait convaincre une bonne partie des Français de rester au diesel. Des mathématiques de base, même si beaucoup ne voient pas plus loin que le bout de leur nez (coût de l'entretien supérieur, coût d'achat plus important, primes d'assurance souvent plus hautes...). Il est malgré tout très difficile de faire des prévisions sur les ventes d'essence et de diesels d'ici 2021 puisque les moteurs essence adoptent, eux aussi, de plus en plus d'outils de traitement des rejets polluants, qui font grimper la note à l'achat et complexifient l'entretien.
Pour les constructeurs, en revanche, cinq ans, c'est court, très court. Même si le diesel ne risque pas de s'effondrer du jour au lendemain en France, le rééquilibrage aura forcément des conséquences, même minimes. Et le rééquilibrage en deux ans voulu par Ségolène Royal nous paraissait franchement ambitieux. Cinq ans, c'est donc mieux, mais c'est toujours peu pour les industriels qui ont une inertie importante et doivent adapter leurs usines, sans parler du fait qu'il faudra miser plus gros sur le développement de moteurs essence et de motorisations alternatives. Et à ce petit jeu, certaines marques sont très clairement en retard (nous pensons notamment à Renault, à la traîne dans l'hybride avec un "Hybrid Assist" hors du temps selon nous, mais aussi dans le développement des motorisations essence).
Cinq ans, ce n'est même pas la durée de vie d'une génération de véhicule, souvent établie à six ans. Il va donc falloir que les constructeurs, notamment français, réagissent plus vite qu'il ne le faut pour préparer un nouveau véhicule. Nous leur souhaitons bon courage.
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