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Plan de relance auto: pourquoi Macron s'y colle

Ce mardi, on connaîtra enfin les contours précis du plan de relance prévu pour le secteur automobile. Le fait qu’il soit annoncé par Emmanuel Macron lui-même signifie que l’on peut s’attendre à du lourd.

Plan de relance auto: pourquoi Macron s'y colle

Ces derniers jours, c’est surtout le ministre de l’économie et des finances Bruno le Maire qui était à la manœuvre. Depuis Bercy, l’homme esquissait les contours d’un plan de relance automobile destiné à relancer le moteur d’un secteur exsangue, avec des ventes en baisse de 48% sur les quatre premiers mois de l’année et un stock évalué à 400 000 véhicules qui attendent aujourd’hui de trouver preneur. Le tout se voit pimenté par la détresse du groupe Renault, dont certaines usines françaises en surcapacité se voient aujourd’hui menacées de fermeture, et qui présentera jeudi un plan d’économies de deux milliards d’euros.

« Renault n’a aucun tabou sur les fermetures d’usines dans le monde et en France », clamait en février dernier la directrice générale par intérim du Groupe Renault Clotilde Delbos, alors que le groupe annonçait des pertes de 141 millions d’euros sur l’exercice 2019. La crise sanitaire étant passée par là depuis, on peut s’attendre au pire.

Et d’un point de vue politique, le sujet est explosif. Pour l’exécutif, hors de question de verser les 5 milliards d’aide prévus si le constructeur ne privilégie pas le « Made in France » dans les mois et années à venir.

Ce lundi matin, on apprend d’ailleurs que Bercy a contraint Renault, dont il est actionnaire à 15%, à rejoindre PSA et Total dans le projet de production européenne de batteries électriques qu’il boudait jusqu’ici. Un « Airbus de la batterie » qui met en jeu des milliers d’emploi et le rattrapage par l’Europe de la Chine, qui a des années d’avance dans la conception de véhicules électriques.

Car si l’automobile est affaire d’économie, elle est aussi affaire d’écologie. Ce qui explique pourquoi le ministère du même nom est partie prenante dans l’histoire. « Ce que je porte pour ce plan de relance, c'est que ce soit l'occasion de faciliter l'achat de véhicules électriques par tous les Français et (...) l'occasion d'aider encore davantage les Français, y compris les plus modestes, à changer de voiture pour passer à un véhicule plus propre » a déclaré dimanche la ministre Elisabeth Borne sur France Inter.

Les données du problème sont donc les suivantes : il faut stimuler la demande de voitures afin de redonner du carburant à nos industriels, ceci alors même que s’ouvre une période des plus incertaines sur le plan économique qui n’est pas la plus propice à l’achat de véhicules neufs. En complément, les pouvoirs publics veulent accélérer la transition écologique en favorisant les modèles dits propres, à commencer par les électriques qui, s’ils connaissent une progression constante, peinent encore à séduire les masses. Ils coûtent encore cher, et les infrastructures de charge, tant dans les copropriétés que sur autoroute, doivent encore s’étoffer. Là encore, il va falloir que les autorités trouvent un moyen de stimuler le développement desdites bornes.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi c’est l’hôte de l’Elysée lui-même qui s’apprête à prendre la place du pilote, fort du travail préparatoire mené par les ministres cités plus haut. « Ce plan a différentes composantes : souveraineté industrielle, transition vers les véhicules propres, et vise aussi à préserver la compétitivité du secteur », a précisé une source elyséenne citée par l’AFP. « C'est le président qui portera le plan de filière à son niveau  », car il existe un «  enjeu industriel, un enjeu d'emplois et de transformation de la filière vers la transition et la conversion vers les véhicules propres  ».

Concrètement, cela devrait se traduire pour les particuliers (et les entreprises) par des incitations des plus alléchantes. Il est en effet question d’un bonus à l’achat porté de 6 000 à 8 000 € pour les voitures électriques, de l’application d’un bonus pour les modèles hybrides rechargeables (de plus en plus nombreux dans les gammes des constructeurs français) ou bien encore d’une prime à la conversion revue à la hausse. Les modèles thermiques les plus vertueux ne devraient pas être oubliés, de façon à écouler les stocks évoqués plus haut. Et l'on peut s'attendre à d'autres annonces, plus retentissantes encore.

Ce sont donc les bases d’un « big bang » qui vont être posées cette semaine, pour un secteur qui, de l’avis général, joue actuellement sa survie. Et un secteur qui, au cumul des emplois directs et indirects, occupe 8% de la population active en France.

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