Permis moto : l'hypocrisie généralisée
Suite à la lecture d'un dossier de la revue « Passion Mutuelle » distribuée par l'AMDM à ses adhérents, je suis partagée entre un sentiment d'agacement et une folle envie de rire (jaune). En une de ce numéro (le dernier il me semble), un titre prometteur : « Formation moto : La grande illusion ». Récemment titulaire du permis A, c'est avec intérêt que je me suis plongée dans cette enquête de 5 pages. On y apprend alors que la grande majorité des moto-écoles trafiquent les machines pour en faire des vélos, qu'elles n'apprennent pas aux élèves à apprendre à conduire et maîtriser la moto mais seulement à passer le permis, et qu'en plus elles ne sont quasiment jamais contrôlées puisqu'elles affichent en moyenne un taux de réussite à l'examen de 80%, d'où la multiplication des abus.
Si je reste un peu sceptique sur le premier point, un peu excessif je trouve, je suis plutôt d'accord avec ce qui est dit, pour l'avoir vécu dans deux moto-écoles différentes lors de ma formation. Les moniteurs absolument pas pédagogues qui posent les élèves livrés à eux-mêmes sur un plateau plus que miteux, j'ai donné. Les leçons de circulation où le moniteur passe devant et fait de l'entre file à la première occasion, je connais aussi. Et pourtant le carnet de rendez-vous de ce type de moto-école ne désemplit jamais.
On trouve également dans les pages de ce « Passion Mutuelle » une petite remise en cause de l'examen en lui-même. Quand on pense effectivement que l'épreuve plateau consiste à réussir l'exercice demandé quelle que soit la technique employée du moment qu'on arrive à franchir la ligne dans les temps et sans dégommer de cône ou poser de pied, et que l'épreuve circulation consiste à faire « tout un cinéma » (dixit les conseils d'une des moto-écoles dans laquelle j'ai mis les pieds) pour plaire à l'inspecteur, il y a de quoi se poser des questions. J'espérais tout de même voir une petite mention sur les compétences de certains inspecteurs pour évaluer les candidats au permis, mais rien, nada. Et pourtant, il y aurait aussi à dire là-dessus.
Là où j'ai tendance à voir rouge, c'est lorsqu'un des papiers fait éloge, et on peut comprendre pourquoi, de la formation au permis A délivrée par certaines moto-écoles en association avec l'AFDM. En effet, il existe un certain nombre de moto-écoles reconnues par cette dernière qui est censée garantir un bon niveau de formation, et qui vaut, pour l'heureux candidat qui décroche son permis via un de ces établissements une réduction de 20% sur le montant de son contrat d'assurance à l'AMDM. « Pas de bachotage d'examen, pas de chrono spectaculaire, mais une formation initiale théorique et pratique complète, basée sur une approche évolutive des différents environnements de circulation. » peut-on lire à propos de cette certification AFDM dans le dossier de « Passion Mutuelle ».
Et là, je rigole. L'AFDM, Association pour la Formation des Motards, est une institution dans le milieu motard. On peut s'attendre, lorsqu'on met les pieds dans une moto-école certifiée par cette association, à un enseignement de qualité et à des outils pédagogiques très au point. On se dit également que pour obtenir un tel label, tout est très strictement et régulièrement contrôlé, du sol au plafond si je puis dire. C'est donc cette image de sérieux dont bénéficie l'AFDM qui m'a faite entrer et m'inscrire dans un établissement de leur réseau. Eh bien j'en suis ressortie en courant dès ma première leçon ! Un plateau situé sur un parking type mouchoir de poche où circulent en permanence les voitures qui cherchent une place pour se garer, suffisamment d'espace pour n'installer qu'un seul parcours à la fois (donc soit un rapide, soit un lent, au choix du moniteur qui discute avec une copine venue le rejoindre sur place), et trois élèves qui font la queue pour passer l'un après l'autre sur l'unique parcours installé. Et quand un élève a la malchance de tourner trop large, ou de chuter, il vaut mieux qu'il vise le seul petit mètre carré à peu près dégagé de voiture pour s'étendre, sous peine de s'encastrer dans une portière.
Après deux expériences désastreuses, je suis allée frapper à la porte d'une troisième moto-école qui, elle, aurait mérité une telle accréditation. Enseignements de qualité, piste immense, moniteurs très à l'écoute, pédagogie irréprochable, j'ai enfin appris à conduire une moto. Et pourtant, l'AFDM lui refuse son précieux label pour une sombre histoire de piste qui n'est pas privée (?!). C'est à n'y rien comprendre.
Au final, leur enquête soit disant dénonciatrice d'un état des lieux pas glorieux des moto-écoles en général, exception faite de celles reconnues par l'AMDM qui sont censées être les meilleures, me fait rire jaune en même temps qu'elle m'agace. Au final, toutes les moto-écoles sont à la même enseigne, certifiées AFMD ou pas. Peu ou pas contrôlé, chacun fait ce qu'il veut comme il veut, et preuve m'a été faite que ce n'est pas l'étiquette AFDM qui fait la qualité de la formation. La seule solution reste donc le bouche à oreille, et surtout aller frapper au plus de portes possibles, poser des questions, demander à assister à une leçon en spectateur... Il est logique, et même normal, que l'AMDM fasse de la publicité pour ses produits. Mais il faudrait peut-être qu'ils balaient devant leur porte avant de se mettre à tirer sur l'ambulance. Je ne suis pas sûre que dans les chiffres qu'ils annoncent, les moto-écoles de leur réseau passe à travers les mailles du filet. J'aimerais bien savoir combien de ces établissements sont contrôlés une fois par an comme ça devrait être le cas, combien obtiennent la certification, et s'il existe des cas où des moto-écoles la perdent.
Comme quoi, en matière de formation au permis moto, si hypocrisie il y a, elle est bel et bien généralisée !
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