Mobilités pro : La voiture compose avec un package d’offres alternatives
Un webinaire était organisé par l’Arval Mobility Observatory (AMO), jeudi matin, afin de présenter les résultats d’une étude sur les nouvelles mobilités en entreprise, menée à l’automne 2022 par l’institut Viavoice. En voici quelques enseignements.
Régis Masera, Directeur de l’AMO France, et François Miquet-Marty, Président de l'institut Viavoice, viennent de commenter le bilan d’une enquête conduite à l’automne dernier auprès de 1000 salariés d’entreprises privées et de 600 décisionnaires (gestionnaires de flottes et responsables RH/RSE à proportion égale).
Premier constat, cinq ans après une première enquête axée sur ce même thème, les partenaires AMO et Viavoice conviennent que « les lignes ont beaucoup bougé depuis 2017» en matière de nouvelles mobilités. Ils évoquent un sujet qui n’était encore « émergent » à cette époque, alors qu’aujourd’hui, la question des moyens de déplacement alternatifs semble bel et bien intégrée dans les esprits. « L’avenir est entré dans le présent d’une certaine manière », analyse François Miquet-Marty.
Entre-temps, il y a eu bien sûr la crise sanitaire, la crise industrielle et énergétique, mais aussi l’instauration de réglementations telles que la loi LOM et les ZFE (zones à faibles émissions), sans oublier la décision européenne, entérinée en 2022, de dire adieu aux moteurs thermiques en 2035, « un horizon qui incite à des mutations fortes », observe à juste titre Régis Masera.
L’entreprise, "un acteur de la transition écologique"
En parcourant l’étude Viavoice, on liste de nombreux enseignements. Il ressort d’abord que l’entreprise « doit être un acteur de la mobilité ». Parmi les personnes interrogées, 69 % des responsables de flottes abondent dans ce sens (ils étaient 61 % en 2017). Parallèlement, 56 % des salariés sont convaincus que, demain, « leur entreprise s’impliquera de plus en plus dans leurs déplacements domicile-travail. » C’est 3 points de plus en cinq ans.
L’entreprise, dans cette même logique, est perçue par toutes les catégories de sondés comme un acteur de la transition écologique. 8 décisionnaires sur 10 et 6 salariés sur 10 partagent ce point de vue.
L’enquête traduit aussi que l’avenir des mobilités « ne passe pas uniquement par le véhicule électrique mais par une plus grande diversité de solutions de déplacements ». Illustration à travers le sentiment des DRH et des responsables RSE. Pour eux, le covoiturage arrive en tête des options (61 %), suivi des transports en commun (50 %), de la voiture électrique personnelle (46 %), de la carte mobilité ou appli mobile (19 %), des véhicules personnels non motorisés légers (19 %) ou de la voiture thermique personnelle (18 %).
Offres nouvelles bienvenues…
En termes d’image véhiculée (pardonnez le jeu de mot) cette fois, l’AMO et Viavoice notent que « trois nouvelles solutions de déplacements se détachent plus particulièrement auprès des salariés : le covoiturage arrive en tête (77%), suivi par la voiture partagée (72%) et la carte mobilité ou appli mobile (65 %).» Globalement, par rapport à l’étude Viavoice de 2017, les auteurs soulignent que « ces modes de déplacement bénéficient d’un net engouement auprès des salariés.»
Ces solutions sont plébiscitées par les salariés pour des raisons économiques (67 % dans le cas du covoiturage ; 55 % pour la carte mobilité et 51 % pour la voiture partagée). La réduction de la pollution est également une préoccupation forte.
Retenons aussi que trois décideurs d’entreprise sur dix indiquent avoir mis en place de nouvelles démarches pour les déplacements de leurs collaborateurs en faveur de la transition écologique.
...sans négliger la flotte et l'usage du véhicule personnel
L’étude s’est également intéressée à l’évolution des véhicules d’entreprise. Elle observe que la flotte passera par « une conversion en véhicules hybrides » (pour près de 80 % des gestionnaires de parcs) ou par une conversion en véhicules 100 % électriques, pour 66 % de la profession.
Une chose est sûre, la voiture semble avoir encore de beaux jours devant elle. En effet, à en croire le sondage, seulement 4 % des responsables de flottes imaginent une évolution qui tendrait vers une suppression pure et simple de leurs parcs automobiles. En outre, à ce jour, 54 % des salariés disent utiliser leur voiture personnelle (et 72 % un véhicule personnel, deux-roues inclus) pour se rendre au travail. Une proportion en légère baisse par rapport à 2017.
Multimodalité : quel impact social en interne ?
Enfin, quel impact social une offre multimodale de solutions de déplacements peut-elle avoir sur les employés ? Plus de la moitié d’entre eux (59 %) répondent que cela contribue à « leur bien-être ». 57 % affirment que « l’attractivité de l’entreprise » en tant qu’employeur (Ndlr : ce qu'on nomme la marque employeur) en est accrue. 55 % confient encore que cela augmente « leur motivation » et 48 % pensent que les nouveaux modes de déplacements jouent favorablement sur « la productivité de leur entreprise ».
Les scores, sur cet aspect, « sont en repli par rapport à ceux enregistrés en 2017 », remarquent l’AMO et Viavoice. C’est - 8 points pour le bien-être des salariés, - 4 points pour la motivation des salariés et - 3 points pour l’attractivité en tant qu’employeur. Ces nouveaux résultats « s’inscrivent dans un contexte d’exigences croissantes des salariés et de visions en mutations sur le travail », modèrent les auteurs qui précisent que « 24 % des salariés interrogés étaient en effet en télétravail au cours des derniers mois, dont 70 % au moins deux jours par semaine, ce qui peut rendre moins pertinentes les solutions de mobilité. »
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