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Lamborghini Countach, le monument sans trophée

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Michel Holtz

LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE – Dans l’imaginaire collectif, elle détient tous les records. Pourtant, la Lamborghini Countach, qui fête cette année ces 50 ans, n’en a officiellement jamais battu aucun, sauf celui de la notoriété et celui de l’auto la plus emblématique de la sportivité italienne.

Lamborghini Countach, le monument sans trophée

On a beau chercher, lire et relire les listes des autos de série les plus rapides de la planète qui pullulent sur web, elle n’y figure pas. On y retrouve bien la Lamborghini Miura, mesurée en 1966 à 275 km /h en 1966, ainsi que la Diablo, chronométrée à 327 km / h en 1990, mais de Countach point.

Celle que l’on imaginait taillée pour ce type de record n’en a donc récolté aucun. Comme quoi on peut parfaitement figurer au sommet du Panthéon de l’automobile sans s’abaisser à rivaliser avec des vitesses maximums qui ne sont pas le critère ultime pour entrer dans l’histoire de l’automobile.

Un nom de patois piémontais

Un Panthéon dont les concepteurs de l’auto ne rêvaient pas, surtout pas en la baptisant "Countach", ce qui dans le patois Piémontais signifie « fabuleux » mais que personne, en dehors de ces montagnes italiennes, n’a jamais entendu prononcer. La légende veut que ce soit Giovanni Bertone en personne qui se soit exclamé "countach", lorsque son collaborateur Marcello Gandini lui a dévoilé le prototype de l’auto. Mais pour un temps, elle se contentera de se prénommer LP 500 et c'est ainsi qu'elle apparaît lors de la présentation de son concept, au salon de Genève de mars 1971. Et en cette fin d’hiver helvète, le hall où elle a été dévoilée s’est soudainement réchauffé. Jamais on n’avait vu une telle révolution stylistique.

Et pour cause. Quand l’ingénieur Paolo Stanzani, véritable numéro 2 de Lamborghini a déboulé dans le bureau de Gandini chez Bertone en 1970, il est clair : il veut du jamais vu, un dessin qui n’a rien à voir avec le (magnifique) classicisme de la Miura. Rien à voir non plus avec la (remarquable) sagesse de la Jarama. Du jamais vu, Gandini va lui en donner, avec des arêtes et des lignes tendues qui vont influer sur toute l’industrie automobile des dix ans à venir.

Au-delà de son style général, les fameuses portières de la Countach ont, elles aussi, forgé sa légende.
Au-delà de son style général, les fameuses portières de la Countach ont, elles aussi, forgé sa légende.

Après l’incroyable accueil genevois de la LP 500, la décision est prise à Sant’Agata : l’auto sera commercialisée, elle s'appellera Countach et c'est au tour des ingénieurs de se mettre au travail. Si le concept car s’appelait LP 500, c’est parce que son moteur V12 jaugeait cinq litres et était placé en position « Longitudinale Posteriore » (en longueur à l’arrière), la version de série sera toujours dans la même position, mais son V12 sera abaissé à 4 L, d’où le nom de la première génération : la Countach LP 400, apparue en 1974.

Une réinterprétation reniée

Pour les puristes, et pour Marcello Gandini, qui a plus ou moins renié les générations suivantes, et surtout sa réinterprétation effectuée par Lamborghini en 2021, la LP 400 est la seule qui vaille. D'autant que cette première Countach n’a pas seulement révolutionné le style, mais elle a aussi chamboulé la maison Lambo qui a décidé de ne rien sous traiter.

La carrosserie en alu était fabriquée en interne, et même la sellerie en cuir était assemblée à l’usine. Et bien lui en a pris : en 16 ans d’existence de l’auto, 2 042 d’entre elles ont quitté Sant’Agata. C’est peu pour l’industrie automobile, c’est beaucoup pour une supercar capable d’atteindre 301 km / h, sans que personne ne soit jamais allé vérifier ce chiffre.

La Countach fut donc un succès. Mais pas un triomphe suffisant pour maintenir l’entreprise à flot et en 1987, la maison Lamborghini est rachetée par Chrysler pour 33 millions de dollars. Très fier de son acquisition, Lee Iaccoca, le bouillant patron du groupe américain, expliquait à qui veut l’entendre qu’il aimait tant la Countach qu’il a racheté l’entreprise qui va avec. Mais s’il aimait l’auto, ça ne l’a pas empêché d’offrir un prix dérisoire pour racheter l’entreprise.

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