L’État et la filière automobile d’accord sur tout, concrets sur pas grand-chose
Les représentants de l'industrie et de la distribution se sont retrouvés à Bercy ce lundi matin pour signer un accord sur l'électrification de la filière. L'objectif, ambitieux, consiste à multiplier par 2,5 le nombre de voitures électriques en 2027, le tout avec des aides à l'achat constantes.
Ils sont venus, ils sont tous là. Les instances de l’automobile française se sont retrouvées à Bercy ce lundi matin pour signer, avec les ministres concernés, le contrat de la filière auto qui doit courir jusqu’en 2027, avec en ligne de mire 800 000 autos électriques vendues à la fin de cette année-là, et un objectif 2030 de 2 millions d’autos électrifiés made in France deux ans plus tard.
Objectif 800 000 autos en 2027
Dire que le contrat signé est ambitieux est un doux euphémisme. Pourtant, de la PFA, dirigée par Luc Chatel, et représentant les constructeurs, les équipementiers comme les entreprises de service et de distribution, en passant par les syndicats CFT, FO et la CGE-CGC, tous ont signé comme un seul homme un « contrat de confiance » avec Bruno le Maire, après les 6 mois de négociation qui ont suivi le « je vous ai compris » que le ministre de l’économie leur a adressé au mois d’octobre dernier.
Mais quelle est donc cette fameuse feuille de route qui doit permettre à l’industrie auto de multiplier par 2,5 le nombre d’autos électriques vendues dans l’hexagone en l'espace de trois ans, sachant qu'elle en a distribué 300 000 l’an passé ? Pour booster le marché, il convient, logiquement, de booster les aides pour qu’il puisse se développer.
Sauf que de ce côté-là, le compte n’y est pas. En tout cas, il ne faudra pas compter sur des subsides supplémentaires, ou à peine. Au programme des aides d’État lié à ce contrat, 100 millions d’euros seront consacrés à la reconversion des salariés qui passent du thermique à l’électrique et 200 millions sont octroyés à la multiplication des bornes de recharge qui, de 130 000 aujourd’hui, devraient être de l’ordre de 400 000 dans quatre ans.
Mais le marché de la voiture électrique, est intimement lié au bonus offert aux acheteurs, plus qu’à la multiplication des bornes. Et le fléchissement actuel des ventes en est la preuve concrète, puisqu’il intervient au moment ou ce bonus est tombé à 4 000 euros pour 2024, au lieu de 5 000 l’an passé, sauf pour les ménages modestes. Un moment, aussi, ou le leasing social a été suspendu. En Allemagne, la chute des ventes d’autos électriques est encore plus spectaculaire, puisque Berlin a purement et totalement supprimé le bonus.
Un budget sacralisé mais pas augmenté
Alors comment Bercy compte-t-il inverser la tendance et multiplier les ventes de voitures électriques par 2,5 en trois ans ? En sacralisant et en reconduisant d’ici là le budget de 1,5 milliard d’euros consacré cette année aux aides à l’achat. Une somme qui comprend les fameux bonus, mais aussi le leasing social, stoppé en janvier en raison de son succès et qui, promis juré, reviendra l’an prochain.
Mais c’est précisément ce budget 2024 qui a amené une baisse du bonus, et la disparition complète de celui destiné aux voitures d’entreprises. Alors comment, à enveloppe équivalente, pousser les particuliers, mais aussi les boîtes vers l'électrique, puisque l’autre objectif de l’accord, consiste à augmenter le nombre d’utilitaires à watts ? Et pas qu'un peu : ils doivent passer de 30 000 à 100 000 en 2027.
Le mystère reste entier. Mais à Bercy, ce lundi matin, on s’est consolé, car Luc Chatel le reconnaît, comme l’un de ses adhérents Carlos Tavares, « le plus important pour établir une stratégie industrielle, c’est la stabilité des règles ». Au moins sur ce point, ils ont été entendus.
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