Familiale de sport rare et décalée, la Volvo S60R mérite d’être redécouverte
Elégante et discrète, la Volvo S60R cache bien la redoutable puissance de feu – 300 ch - conférée par son musical 5-cylindres turbo. Rare et performante, elle reste pourtant abordable : dès 10 000 € en bel état.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
En dépit d'une image pépère, Volvo s'était fait une vraie spécialité des familiales sportives. 245 Turbo, 242 GT, 740 Turbo, 850 T-5R... La S60R - ainsi que le break V70R - s'inscrit dans cette estimée lignée, avec son survolté 5-cylindres en ligne turbocompressé, sa transmission intégrale et son amortissement piloté. Performances, confort, efficacité et sécurité sont à porter à son crédit, même si la S60R ne le met absolument pas en valeur. La sportive anti-kéké ! Très rare, surtout en France, ce duo suédois n'a malheureusement plus de descendance, Volvo ayant renoncé aux sportives. Solidement fabriquées et dotées de l'ergonomie soignée qu'on attend de la marque, les S60R et V70R incarnent une sorte d'apogée de Göteborg. Raison de plus pour les préserver.

Était-ce une bonne idée ? Volvo s’est débarrassé du look « boîte à chaussures » qui caractérisait la majorité de ses productions jusqu’à la fin des années 90. Celle qui a le plus cassé le moule n’est autre que la S60 de deuxième génération, révélée en 2000. Sa belle poupe presque fast-back a quelque chose d’anglais, s’opposant à la lunette arrière presque verticale de sa devancière, la S70, évolution de la 850. On note aussi les larges épaulements latéraux surplombés par des vitres latérales dépourvues d’encadrements noirs, une disposition originale inspirant la solidité, qui sera d’ailleurs copiée par la Skoda Octavia en 2004.

Techniquement, la S60 installe sa motorisation en travers, entrainant par défaut les roues avant. Certaines versions ont cela dit droit à une transmission intégrale à coupleur Haldex, comme la R révélée fin septembre 2002 et commercialisée en avril 2003. Comme sur la 850, la lettre R désigne une variante sportive, et dans le cas de la S60, cela se manifeste d’abord par un moteur très costaud.
En l’occurrence, le 5-cylindres maison porté à 2,5 l, doté de 20 soupapes et de deux déphaseurs d’arbre à cames (pas courant à l’époque) et surtout boosté par un gros turbo KKK à géométrie variable soufflant à un bar.

En résultent une cavalerie de quelque 300 ch et un couple monstrueux de 400 Nm, obtenu dès 1 950 tr/min. Jamais une Volvo n’a été aussi puissante ! Certes, ce bloc a un poids conséquent à emmener (1 515 kg) mais le 0 à 100 km/h s’effectue tout de même en 5,7 s : la suédoise n’est pas là pour de la simple figuration !
Capable également de 250 km/h, la Volvo S60R adapte ses trains roulants (dont un bel essieu arrière multibras) à ses performances en affermissant sa suspension ainsi qu’en adoptant un amortissement piloté dit Four-C, et des étriers de Brembo à 4 pistons mordants de grands disques de 330 mm. Sérieux !

Toutefois, la Volvo n’oublie pas le confort, comme le constate avec son riche équipement. En effet, de série, elle propose cuir, sièges avant chauffants à réglages électriques, clim auto bizone, système audio, régulateur de vitesse, détecteur de pluie, capteur de pluie, xénons… Luxueux ! En option, on trouve le GPS, les jantes de 18, le toit ouvrant, ou encore la boîte auto à 5 rapports (imposant de limiter le couple à 350 Nm).
Tout ceci est sanctionné par un prix conséquent : 51 200 €, soit 71 100 € actuels. Et si on souhaite plus d’espace, on peut préférez la variante break, dénommée V70. En 2005, le duo Volvo est légèrement modifié (la boîte auto passe de 5 à 6 rapports pour l’occasion) mais quitte le marché français dès 2006. Autant dire que ces R sont rares chez nous !

Combien ça coûte ?
En bel état, la Volvo S60R se dégotte dès 10 000 €, en affichant environ 200 000 km. Comptez 14 000 € pour passer sous les 150 000 km, puis aisément 20 000 € pour rester sous la barre des 100 000 km. Les V70 sont plus chères de 1 000 € minimum.

Quelle version choisir ?
Le versions à boîte manuelle semblent plus adaptées à un usage dynamique que les automatiques, un peu moins rapides.

Les versions collector
Toutes, si elles se présentent en parfait état d’origine, a fortiori si elles affichent un faible kilométrage.

Que surveiller ?
Si l’entretien a été correctement effectué, ces Volvo badgées R sont d’une endurance mécanique impressionnante, passant les 300 000 km sans panne majeure. Cela passe par un coûteux changement de courroie de distribution (tous les 8 ans ou 160 000 km) et des vidanges régulières certes du moteur mais aussi de la boîte tous les 60 000 km. Sur le différentiel, les connaisseurs changent la douille sur le renvoi d’angle vers l’arbre de transmission central préventivement, car si elle casse, les roues arrière ne sont plus motrices.
Le différentiel Haldex apprécie également des purges régulières sous peine d’avarie. Autre point à surveiller : les amortisseurs pilotés, onéreux à remplacer (près de 400 € pièce). Pour le reste, les S60/V70R vieillissent de façon classique, sans faiblesse particulière. L’habitacle, solidement construit, affiche une belle résistance mais le chargeur CD se bloque parfois avant 100 000 km, et l’alarme est souvent défectueuse.

Sur la route
Les Volvo du début des années 2000, dont la S60R, se parent encore d’un poste de conduite remarquablement étudié. Déjà par son ergonomie : les commandes sont nombreuses mais bien repérées et logiquement agencées. Ensuite, le siège se signale par un confort exceptionnel. Enfin, la finition n’accuse aucune faiblesse. En clair, on se sent vraiment bien dans cette suédoise, sauf à l’arrière où on manque de place.

Le 5-cylindres produit une jolie musique, presque métallique à haut régime, mais régale surtout par son élasticité. Souple, il marche très fort à mi-régime et s’en va allègrement dépasser les 6 000 tr/min en chantant. La boîte, souple à manier et bien adaptée à l’allonge du moteur, renforce l’agrément de conduite : on n’est pas déçu. Côté châssis, on note d’abord une direction trop légère et assez peu informative. Ensuite, on apprécie tout de même la bonne accroche du train avant, et le bel équilibre du châssis. Comme de surcroît, le grip abonde, la Volvo dévoile une efficacité certaine, même si elle sous-vire à la limite, amortisseurs en Sport.

On peut aussi les régler sur Advanced. Là, on les bloque sur leur tarage le plus dur : c’est insupportable sur les aspérités, tellement on est secoué, mais dès que le bitume est lisse, pardon ! La S60R sublime son châssis, et accepte même de survirer si on la provoque. En sus, elle freine fort et longtemps. Toutefois, vu son poids, elle préfère un usage autoroutier, où on appréciera son confort général et son insonorisation. La consommation tourne autour de 10,5 l/100 km, ce qui reste raisonnable.
L’alternative youngtimer
Volvo 850 T5R/V70R (1995 – 2000)

Première grande Volvo à roues avant motrices, la 850, révélée en 1991, inaugure également l’excellent 5-cylindres de la marque. En 1995, elle se décline en une bouillante version sportive, la T5-R dont le 2,3 l est boosté à 240 ch (voire 250 ch quand l’overboost entre en action) avec l’aide de Porsche. Elle pointe à 245 km/h, et s’appuie sur une suspension affermie pour offrir une belle efficacité.
D’abord limitée à 5 000 unités (réparties par moitié entre berline et break), la 850 T5-R s’intègre normalement à la gamme en 1996, gagnant au passage un différentiel à glissement limité. Pour 1997, la 850, en se restylant, se renomme S70 en berline et V70 en break. La R peut dès lors s’allier à une transmission intégrale AWD, mais elle disparaît en 1998. Elle revient à l’été 1999, uniquement en 4 roues motrices, le moteur étant alors un 2,4 l de 265 ch, alors que la boîte auto compte désormais 5 rapports. Ces S60-V70 sont remplacées en 2000. Dès 13 000 €.
Volvo S60R (2003), la fiche technique
- Moteur : 5 cylindres en ligne, 2 522 cm3
- Alimentation : injection électronique, turbo
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs pilotés, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs pilotés, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle ou 5 automatique, 4 roues motrices
- Puissance : 300 ch à 5 250 tr/min
- Couple : 400 Nm à 1 950 tr/min (350 Nm en auto)
- Poids : 1 515 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,7 s (données constructeur)
> Pour trouver des annonces de Volvo S60R et V70R, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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