Essai Triumph Rocket III : 2300 petits monstres
C'est par une belle journée d'hiver, que j'ai eu l'occasion de tester la Rocket III de chez Triumph. Un petit trajet entre Paris et Deauville m'a permis de me faire une idée sur ce qu'était la plus grosse cylindrée du marché : 2300cc.
Après un réveil en fanfare à 4h du matin et une heure d'avion plus tard, j'atterrissais devant les locaux de la marque anglaise. J'ai pu admirer avec bonheur les quelques dizaines de modèles Triumph regroupés tous dans une seule pièce, c'est un garage que beaucoup de motards souhaiteraient posséder. « C'est celle-là ! » me lance le responsable presse en passant devant.
La première impression, mon dieu, mais c'est énorme ! Ce n'est pas tant son derrière qui impressionne, mais la largeur du réservoir. Il me fait penser à celui de la California Moto Guzzi qui serait passé sous un rouleau compresseur. Ensuite mon regard vient à se porter sur le bloc moteur, c'est quand même le principal intérêt de cette moto.
Ce 2300cc est tout en hauteur, je l'aurais pensé plus mastoc pour une telle cylindrée. Il donne un petit côté rétro avec les trois cache-collecteurs en chrome. Idéal pour dissimuler le vieillissement des tuyaux. On retrouve un pot d'échappement d'un côté et deux pots de l'autre. On aime ou on n'aime pas. Pour rendre la moto encore plus imposante, l'entrée d'air bordée de chrome est également démesurée.
Le côté Cruiser est mis en valeur par les petites touches de chrome réparties sur l'ensemble de la Rocket. La finition en est grandement améliorée d'ailleurs.
A bord, nous trouvons un compte-tours, un tachymètre, un trip total et 2 journaliers et juste un témoin de réserve. On s'attendrait à avoir une jauge d'essence sur un modèle haut de gamme comme celui-là. Un autre point négatif, le positionnement de la clé de démarrage, elle se situe derrière les compteurs, pas toujours pratique car on l'aperçoit à peine une fois assis.
Je qualifierais la Rocket de moto d'égoïste, car même si la selle passager existe, le confort reste très limité. Elle suit très bien la ligne mais je ne donne pas cher des fesses du baladé.
Je tourne la clé et hop c'est parti ! Le bruit du ralenti est assez surprenant, je m'attendais plus à un gros vrombrissement qu'au bruit d'une Moto Guzzi. D'ailleurs, la configuration du moteur fait un peu tirer la moto sur la droite à l'arrêt uniquement. Ce n'est sans nul doute une moto de caractère.
Son poids de 320 kilos à sec, plutôt réparti en bas, sait se faire oublier dès qu'on roule, même à basse vitesse. Pour les habitués des typés Custom, c'est un vrai jeu d'enfant. Cette agilité est très utile dans les flots denses de la circulation. Même le pneu de 240mm à l'arrière n'est pas en reste.
Je me suis arrêtée sur une grande avenue passante et me suis amusée à observer la réaction des passants. La Rocket attire, elle séduit. Les personnes connaissant le monde du deux-roues sont impressionnées par la taille du bloc moteur, et tout au long de la journée que je passerai avec elle, les questions des passants ont fusé. Le résultat, cette moto reste méconnue dans le milieu, c'est une exception.
C'est parti pour 200 kilomètres, direction Deauville. Le moins que l'on puisse dire, elle a du couple. On a l'impression qu'un monstre se réveille à chaque poignée tournée, et hurle. Le bruit est envoûtant et me fait vite oublier le son du ralenti. Ca en devient presque un jeu de tirer dedans pour se faire décrocher les bras. 20 N.m de couple, rien d'étonnant. Ce couple peut rivaliser avec bien des motos en départ arrêté. Je me laisse vite embarquer dans des vitesses déraisonnables, mais le rappel à l'ordre se fait sentir. Et oui, c'est un custom et le peu de protection m'empêche de dépasser les vitesses légales. A partir de 130 km/h, les bras s'accrochent au guidon et les pieds tentent de rester sur les cale-pieds. La philosophie de la route 66 se fait sentir. Triumph a apporté un soin particulier au confort du pilote, mais la position fait souffrir le dos assez vite.
La seule solution que j'ai trouvée pour remédier à de longs trajets à haute vitesse, c'est d'adopter la position Dragster. Couchée sur le large réservoir, la tête dans les compteurs et les pieds sur les cale-pieds passager.
Arrivée à Deauville, les séances photos s'enchaînent avant une petite balade. La Triumph reste une moto de ligne droite, la garde au sol très basse et le pneu de 240mm (cette fois il fait des siennes) empêchent la moto de prendre du gros angle. Shhhrrrrrcccc, et hop un cale-pied et Shhhhhrrrrcccc l'autre cale-pied. Ne comptez pas user vos pneus jusqu'au bout. Quel dommage car quand les reprises moteur sont parfaites, on souhaiterait attaquer plus fort.
Mais il est déjà l'heure de repartir. Après avoir fait de nouveau le plein (et oui les 25 litres du réservoir ne suffisent qu'à faire 200km), je savoure les derniers instants de liberté avant de retomber dans la pénombre parisienne. A la lueur de ses deux optiques, je rêve de posséder une bulle pour pouvoir encore me faire arracher les bras par le "monstre" du couple.
Avec un prix de 18000 euros, vous aurez le mélange d'un Dragster et de l'exception anglaise.
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