Essai du Celtik de Side-Bike : double jeu
Bien que résident à Nantes, aux frontières d'une région écoutant et jouant de la musique celtique, c'est dans l'Isère à Colombes, à quelques encablures de Grenoble que je me suis rendu pour connaître et bien comprendre le fonctionnent du Celtik. Cela fait déjà plus d'un an que j'avais pu faire quelques tours de roues avec cet engin hors normes. Il a fallu 1 an de travail pour parvenir à finaliser, homologuer et lancer la commercialisation de ce trike sortit de l'imagination de Jean-Claude Perrin, Directeur Technique de Side-Bike. Les premiers Celtik viennent d'être vendus, on pourra donc le croiser sur les routes de France, d'Europe et du monde. Mais avant de le croiser, quoi de mieux que de se rendre chez Side-Bike pour l'essayer en condition réelle.
Les conditions climatiques n'étaient pas au beau fixe en cette fin janvier mais tant pis, le rendez-vous était pris. Par chance, la pluie s'arrête juste avant de sortir. La route sera mouillée mais pas le pilote, ouf. Depuis ma courte prise en main, quelques modifications ont été apportées.
La plus grosse concerne le moteur qui reste le 2.0 L 16 soupapes issu des chaînes PSA. Il n'est par contre plus commandé par une poignée tournante mais par une classique pédale. "Peugeot ne nous a pas autorisé à modifier leur moteur. Notre système était une commande électrique équivalente au « dry by wire ». Du coup, nous avions mis un boîtier de commande électrique à la place du boîtier mécanique. C'est ça qui a posé problème. Nous avons donc dû adapter une pédale, ce qui nous a pris un peu de temps" m'explique Aurélien Christe, Directeur de Side-Bike. Celle-ci se trouve juste à côté de la grosse pédale de frein. "A l'usage, c'est mieux qu'une poignée, cela permet d'être plus détendu dans la conduite car cela n'oblige pas à tenir la poignée tournée en permanence" continue M. Christe. A voir à l'usage.
L'échappement signé Devil a aussi dû être revu afin de ne pas changer la puissance du moteur et ce, de façon à ne pas devoir repasser le moteur à l'homologation. Pour ce faire, Devil a ajouté de petites chicanes dans les 4 sorties.
Concernant la partie cycle, celle-ci n'a pas changé. Il s'agit toujours d'un châssis tubulaire aux formes arrondies du plus bel effet. Une partie centrale sur laquelle vient se fixer un système de monobras à l'avant et 2 bras oscillants à l'arrière. La suspension est confiée à des amortisseurs réglables spécifiquement développés pour le Celtik. Du matériel signé Ohlins. La grosse particularité du Celtik, ce sont les 2 roues arrières qui sont directrices : "un gros avantage pour le rayon de braquage mais un peu moins pour une conduite sportive. Cela gomme un peu les sensations et le retour d'information du train arrière" m'explique M. Christe.
Dans un but de réduction des coûts mais aussi de facilité d'entretien et d'approvisionnement en pièces détachées, une grosse partie du Celtik contient des pièces siglées Peugeot. Outre le moteur de 135 Cv, le tableau de bord, le circuit électrique et le freinage proviennent du fabricant français. Cela permet de facilement trouver des pièces comme les plaquettes de freins, ou de faire faire sa vidange dans le réseau Peugeot me confie M. Christe.
Comme indiqué précédemment, le tableau de bord du Celtik est d'origine Peugeot. On y retrouve donc le compte tour et le compteur de vitesse mais aussi tous les voyants et jauges nécessaires. Un petit écran permet de savoir quel est le mode de la boite de vitesse. Celle ci peut être en mode automatique ou séquentielle. Pour passer de l'un à l'autre, il suffit d'appuyer sur un petit bouton placé tel un coupe circuit sur le guidon d'une moto. Cela en rend l'usage très aisé.
Côté rangement enfin, le Celtik possède une énorme place sous la selle de 220 litres. A cela, rajouter 120 litres grâce aux valises disponibles sur la version touring. De quoi partir loin et longtemps sans avoir à se soucier du rangement.
Le soleil pointe un tout petit peu son nez lorsque le temps est venu pour moi de démarrer le moteur. M. Christe m'explique rapidement le fonctionnement de la boîte auto. Il suffit d'appuyer sur le frein, de mettre le levier sur la position roulage et de relâcher doucement le frein pour que le trike commence à rouler.
Je sors doucement du bâtiment en roue libre et accélère gentiment pour sortir du parking mais je me rends vite compte que la pédale est plutôt légère et qu'il suffit d'un petit appui pour rapidement faire prendre des tours au moteur. Cette fois, je suis sur la route et la première chose qui vient à l'esprit c'est de ce dire que nous avons dans les mains un engin d'1m70 de large. Autant dire qu'il est très important de bien placer la roue avant au milieu de la chaussée sous peine d'avoir un accrochage lors du premier croisement avec un autre véhicule.
Et cette même réflexion, il est important de l'avoir aussi à l'approche d'un rond point ou d'un virage. D'autant que la vision dans les rétros est assez trompeuse puisque l'on voit bien ce qui se passe à l'arrière, là n'est pas le souci. Mais il se trouve que l'on voit très bien le début du garde boue mais il ne faut pas oublier de rajouter 30 ou 40 cm pour avoir la largeur totale. Un point sur lequel les futurs acquéreurs devront être vigilants sous peine de devoir changer quelques jantes.
Une fois cette chose en tête, il ne reste plus qu'à profiter de la conduite et du plaisir que l'on a à rouler avec le Celtik. L'avantage de ce trike, c'est qu'il peut être aussi bien utilisé en mode balade qu'en mode un peu plus soutenu. C'est bien entendu en mode balade que je commence cet essai car il faut réussir à bien comprendre le fonctionnement de l'engin. D'autant plus que la route est encore mouillée.
Comme perçu dès le début, l'accélération est plutôt franche et on ressent bien le couple important du moteur. Associé à la boite automatique, cela devient un vrai bonheur que de regarder les paysages alpins. Même en cas de dépassement, la boite auto répond du tac au tac. Du coup, il faut juste penser à bien se déporter, coller le pied au plancher et le Celtik se charge du reste. Par contre, il faudra éviter les à-coups de direction. En effet, celle-ci à tendance à être très vive de par sa conception. Le guidon est directement relié à la roue avant par une simple tige. Alors bien sur, le trike n'a que peu de chance de se retourner mais cela donne une sensation bizarre.
Concernant le freinage, il n'y a rien à dire de particulier. Le dosage est aisé et la puissance est au rendez-vous même si le feeling est assez surprenant en début d'essai. Il ne faut pas hésiter à appuyer fort sur la pédale pour arrêter les 650 kg du Celtik. Mais ce poids ne se fait pas trop sentir en conduite cool. Les virages s'enchaînent avec facilité sans que l'on ait à s'occuper du compte tours et du rapport de boite. Un vrai plaisir cette boite auto. D'autant plus que le pilotage à la pédale est vraiment efficace et ne gène en rien les sensations. C'est effectivement très confortable.
Je décide de passer en mode séquentiel. Un simple appui sur le bouton rouge et je deviens maître de la boîte. Un appui sur le bouton de la poignée droite monte le rapport, un appui à gauche le descend : le fonctionnement est ultra simple. Mais à ma grande surprise, je trouve le temps de réponse un peu lent. Entre le moment où j'appuie sur le bouton et le moment ou le rapport se change effectivement, il se passe un laps de temps relativement long. Mais du coup, en mode séquentiel, je me prends à monter un peu dans les tours. Le 2l 16S rugit, je passe la vitesse supérieure et là, aucune perte de temps, la boîte a réagit au quart de tour. Je refais une deuxième fois le test et effectivement les vitesses passent beaucoup mieux à haut régime.
Les virages s'enchaînent sur un rythme beaucoup plus soutenu. Il faut toujours faire attention au gabarit et ne pas trajecter comme avec une moto. Surtout si un 38 T arrive en face. La tenue de route est très bonne même si je suis loin d'utiliser toutes les capacités de passage en courbe du Celtik en raison de la route mouillée (excuse en bois quand tu nous tiens). Mais qu'importe, je prends un réel plaisir à prendre des tours et à passer les virages de plus en plus vite.
La suspension de l'engin fait très bien son travail aussi. Pas de réaction brusque, une bonne mise en appui sur la roue extérieure mais pas de renvoi qui pourrait vous éjecter de l'engin. Malgré cela, on se prend à pencher et vouloir déhancher pour contrecarrer ce phénomène. Du coup, la conduite devient un peu plus physique mais quel plaisir.
De retour au siège social de Side-bike, je dois me résoudre à rendre l'engin. Un engin hors normes mais qui permet de prendre un réel plaisir quel que soit le mode de conduite. On peut aussi bien prendre du plaisir en balade qu'en roulant un peu plus sportivement. Et tout ceci avec une sécurité accrue grâce aux 3 roues. Alors si le prix n'est pas un problème pour vous, que vous souhaitez faire tourner les têtes sur votre passage et que vous voulez rouler différent, le Celtik est fait pour vous. Personnellement, je ne me sens pas près à acheter une roue de plus pour le moment, mais qui sait un jour…
Pour finir, je tiens à remercier toute l'équipe de Side-bike pour leur accueil et particulièrement à M.Christe qui a passé du temps avec moi pour m'expliquer tout le fonctionnement du Celtik.
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