Toute automobile franchissant les portes des usines de Maranello se lance, paraît-il, à la recherche d'un circuit. Sportives nées, les Ferrari ont, depuis la nuit des temps, l'âme bien trempée des bêtes de course. De la brûlure au fer rouge à la douceur d'une caresse, certains modèles cultivent néanmoins une surprenante dualité de tempérament. La 456 GT, au sang chaud mais aussi au sang bleu, possède plus qu'aucune autre cette noblesse de caractère. Une élégance à part. Sur le marché de l'occasion Endiablée et mondaine, la 456 GT apparaissait en 1992, équipée d'une boîte mécanique à six rapports. La version GTA, munie d'une boîte auto à quatre rapports, venait rapidement compléter la gamme en 1996. Enfin, le millésime 1998 fut l'occasion de redécouvrir cette belle de jour en définition 456 M GT (M pour “modificata”) : peu de modifications visibles en extérieur, mais un important remaniement de l'habitacle.Cette subtile évolution eut le mérite de flatter les acheteurs aisés et inconditionnels de la marque, qui n'hésitèrent pas à se séparer de leur coupé de première génération pour acquérir la dernière nouveauté. Inutile de se voiler la face, les tarifs d'une star en rouge, d'occasion, ont toujours de quoi faire bondir un banquier. Notons cependant qu'il est désormais possible de s'offrir une véritable légende à prix cassé : proposée en neuf à plus de 152 450 euros, une 456 de seconde main se négocie de nos jours à moitié prix, soit l'équivalent d'une sportive haut de gamme de grande série. Mais n’espérez pas trouver de véritables cotes pour ce type de voitures. Cela se négocie de gré à gré. Dans cette optique, et pour qui possède les bons arguments (sonnants et trébuchants, bien entendu), nul doute qu'une 456 GT des années 1990 peut, malgré tout, s'apparenter à une bonne affaire.Présentation Coupé 2+2 de grand tourisme, la 456 est née sous la plume du designer italien Pininfarina. La plus belle de toutes ? À chacun de juger, mais il est certain que l'agressivité des lignes disparaît ici au profit de la perfection des traits. Somptueuse, hautaine, cette voiture affiche une beauté mature qui force le respect. Rien ne heurte le regard et tout semble naturel : une véritable œuvre d'art, qui n'a pas fini de se faire admirer. L'intérieur, tendu de cuir, incite également à l'apaisement et à la sérénité.Fait rare dans cette catégorie de véhicule si spécifique, les places arrière s'avèrent réellement accueillantes, même pour deux adultes. Les versions 456 M GT, de 1998, augmentent d'ailleurs l'aisance des passagers arrière en se dotant d'un accoudoir central, rabattable (fixe à l'origine). De même, la forme de la planche de bord évolue à cette même date ; reprenant des aérateurs ronds (façon Maranello), la M GT profite en effet d'une présentation générale moins cartésienne et plus moderne. Aucune inquiétude à avoir cependant, les modèles plus anciens ont conservé un charme intact et une élégance hors normes.Conduite Parfaitement utilisable au quotidien (une expression qui laisse rêveur…), cette Ferrari fait montre d'une incroyable facilité de conduite. Loin de vouloir s'associer au clan élitiste des “énervés du train arrière, ce grand coupé sportif se conduit avec la plus totale décontraction. Le conducteur d'une 456, aussi à l'aise sur autoroute, en ville, que sur chaussée sinueuse, peut voyager vite, loin et sans redouter de fatigue excessive. La boîte automatique concourt bien évidemment à augmenter ce confort d'usage et peaufine le statut de GT routière et facile de l'auto. Gros moteur à l'avant, grand coffre à l'arrière, il est grand temps de prendre la route à plusieurs. Donnez donc le premier coup de gaz et faites sonner la charge des 442 ch qui galopent sous le capot du coupé ! Seules des Porsche ou des Lamborghini peuvent rivaliser.Sécurité/Performances Derrière ses manières distinguées et courtoises, la 456 masque à merveille la puissance de feu de sa mécanique. Comprenez qu'un V12 de 5,5 de cylindrée, aussi bien élevé soit-il, peut à tout moment donner de la voix et “cracher la poudre”. Ses accélérations “balles de fusil” et ses reprises au couple sont tout simplement foudroyantes ! Avec une première vitesse gambadant joyeusement jusqu'à 90 km/h et une sixième embrassant sans retenue les 300 km/h, mieux vaut garder la tête froide et le pied léger, pour arriver à destination avec son carton rose en état. Assisté d'une suspension à amortissement piloté, le châssis de la 456 accepte brillamment une telle puissance de feu. Hormis une prise de risque volontaire, la motricité en virage n'est que rarement prise en défaut (les versions M profitent par ailleurs d'un antipatinage déconnectable). Bien campée sur ses appuis, la voiture se dirige avec assurance lors des changements de cap rapides. Le freinage, bien que manquant d'endurance lors de ralentissements répétés, présente un mordant et une efficacité dignes des performances de l'auto.Fiabilité Comme sur bon nombre de Ferrari, la finition globale de la 456 GT n'est pas à la hauteur du prestige de la marque. La qualité de certains plastiques utilisés ou la piètre fixation des commodos sur la planche de bord laissent parfois pantois. À juger sur pièce. Inversement, le cuir de la sellerie se patine élégamment avec le temps. Mécaniquement, ce type de voiture doit impérativement avoir été suivi par un représentant de la marque. Surveillez attentivement les classiques points faibles des sportives (freins, disque, commande de la boîte, direction) et comptabilisez le nombre de précédents propriétaires. Sécurisez l'affaire en ne dépassant pas plus de deux changements d'immatriculation. Sachez également que la moindre révision d'entretien de ce bijou de luxe oscille rapidement autour des 10 000 francs. Le prix d'une légende…Conclusion Les genres sont ici savamment mélangés : sportive accomplie ou grande dame de la route, à vous de profiter des deux visages de la 456 GT. L'investissement est de toute évidence d'importance pour acquérir un tel bolide, mais il est flagrant qu'un amateur peut réaliser un rêve totalement inaccessible sur le neuf en pariant sur l'occasion.Lire aussi :BMW M3 contre Chevrolet Corvette 98 : un match ausommetQuelle Porsche d'occasion acheter : modèles 1970 àaujourd'huiFerrari Mondial