Comment Michelin se met au vert
Il peut sembler paradoxal qu’un manufacturier mette en avant des principes écologiques, tant dans ses unités de production que dans ses produits, et pourtant… Si Michelin n’a pas inventé le pneumatique, l’entreprise s’est toujours positionnée comme moteur d’innovations. Rien de surprenant à ce que le groupe soit également à la pointe de la Recherche mondiale en matière de réduction de son impact écologique, tant pour ses usines que pour ses produits.
Le groupe Michelin se préoccupe de l’environnement depuis plus de 15 ans. Depuis 2005, l’entreprise a réussi à réduire de 50 % l’impact environnemental de ses 71 usines à travers le monde. Quel que soit l’historique de ces sites ou leur implantation, tous sont impliqués dans un vaste programme environnemental qui vise à 0 % d’émission des gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Mais, dès 2030 le groupe aura déjà réduit de 50 % ses émissions par rapport à 2010.
Concrètement, Michelin travaille sur cinq programmes qui portent sur :
- le prélèvement en eau,
- la consommation d’énergie,
- les émissions de CO2,
- la consommation de solvants organiques,
- la quantité de déchets générés.
L’eau risquant de se raréfier, l’ambition à terme du groupe est de n’avoir aucun impact sur la disponibilité de l’eau destinée à la consommation humaine. Dans ce but, le site pilote de Chennai, en Indes, a mis en place un système de collecte des eaux de pluie qui couvre déjà 45 % de ses besoins. Quant aux eaux usées, l’usine recycle 100 % de ses effluents pour un rejet zéro polluant dans la nature.
En matière de d’énergie le but est de réduire la consommation des énergies fossiles. Pour ce faire, les presses de cuissons à vapeur, très énergivores, ont été remplacées par des machines 100 % électriques qui ont nécessité 10 ans de Recherches.
Dans un autre registre, Michelin réutilise l’énergie. Ainsi, les sites de Monceaux-les-Mines et de Clermont-Ferrand, déjà en pointe sur ce sujet, ont été dotés de pompes à chaleur qui récupèrent l’énergie des machines pour chauffer les bâtiments.
Depuis 15 ans, Michelin s’est résolument tourné vers l’utilisation des énergies renouvelables comme la biomasse, l’éolien ou le solaire.
Toutes les actions menées à ce jour ont déjà permis de baisser de 25 % les émissions de CO2 du groupe en dix ans. Ainsi, l’usine située aux Gravanches, près de Clermont-Ferrand (63), qui fabrique des pneus hautement technologiques, a atteint la neutralité carbone en 2019 grâce à l’installation des presses de cuisson électriques mais également d’une pompe à chaleur qui récupère les calories issues de la fabrication. Ce site pilote a ouvert la voie au déploiement systématique de ces technologies dans les différentes unités de production du groupe.
Les solvants organiques qui génèrent des gaz à effet de serre (CO2) sont aujourd’hui incontournables pour coller les différentes couches qui constituent le pneumatique. Plusieurs sites ont néanmoins réussi à éliminer ces solvants en les remplaçants par exemple par une fine couche de gomme très adhésive.
Le pneu génère de nombreux déchets que Michelin vise à réduire, recycler et réutiliser. Depuis 2005, l’entreprise a déjà réduit le volume de ses déchets de près d’un tiers et, pour 2050, l’objectif est de les diviser encore par deux. Pour ce faire, Michelin s’est fixé pour objectif de valoriser 100 % de ses déchets. À ce jour, plus des deux tiers des usines ont un taux de valorisation supérieur à 95 %. Les déchets sont réutilisés soit dans la fabrication des nouveaux pneus, soit par adjonction dans les supports routiers, ou encore pour produire de l’énergie dans les fours de cimenterie.
Michelin se donne les moyens de réaliser l’ensemble de ses objectifs environnementaux à travers une démarche exigeante, ambitieuse et innovante en multipliant par trois les investissements nécessaires à la réduction des émissions de CO2 lors de cette décennie. Le groupe s’est également doté d’un indicateur de sa performance environnementale afin de fabriquer les meilleurs pneus dans les conditions écologiques les plus performantes.
Des pneumatiques composés à 100 % de matériaux durables
Réalité ou utopie ? La démarche est pourtant bien entamée pour fabriquer des pneumatiques composés à 100 % de matériaux durables.
Un pneumatique est un objet complexe dans lequel n’interviennent pas moins de 200 ingrédients. Parmi ceux-ci des matières textiles qui constituent son squelette ; des caoutchoucs naturel et synthétique et des charges renforçantes à base de noir de carbone et de silice qui assurent l’intégrité temporelle du pneu. Actuellement les matériaux « durables » ne représentent que 28 % de la composition du produit. En 2030, ils passeront à 40 % pour atteindre 100 % en 2050, rendant le pneumatique parfaitement écologique.
Comment ? La première étape consiste à remplacer les caoutchoucs synthétiques issus du pétrole par des déchets végétaux et agricoles récupérés en décharges. Ce projet, mis en place sous le nom de Biobutterfly en collaboration avec Axens, une société française présente sur les marchés du raffinage, de la pétrochimie, du traitement du gaz, des énergies renouvelables et de l'eau, a pour objectif de produire du butadiène à partir de la biomasse végétale. En transformant le butadiène biosourcé par polymérisation, on obtient… du caoutchouc synthétique végétal.
La seconde étape est de substituer des enzymes au noir de carbone et à la silice, qui représentent en moyenne 20 % des composés. Pour cette opération, l’entreprise s’est associée à la start-up suédoise Enviro pour développer des technologies par pyrolyse qui permettent de recycler les pneumatiques usagés pour en extraire de nouvelles matières premières. Cette technologie innovante permet de produire des produits de haute qualité tel que du noir de carbone régénéré, de l’huile de pyrolyse, de l’acier ou encore du gaz. Des produits qui peuvent ensuite être réincorporés à l’infini dans le circuit de production des différents secteurs industriels. C’est donc à la fin du cycle de vie du pneu que l’on constate l’importance de la circularité. Car en fin de vie, le pneu va générer lui-même des matières pour se refabriquer.
Michelin l’a bien compris, pour qu’il soit durable, un pneu doit limiter son impact sur l’environnement à chaque étape de son cycle de vie : lors de sa conception, dans le choix des matières premières, durant sa fabrication, pendant son transport, lorsqu’il roulera et même à la fin de sa vie. Un pneu durable c’est tout d’abord un pneu économe, capable d’améliorer ses performances avec moins de matière et toujours plus de composants biosourcés et recyclés : styrène et plastiques régénérés, métal recyclé, résine naturelle, écorce d’agrumes, etc. Sa fabrication doit aussi moins peser sur l’environnement, émettre moins de CO2, utiliser moins d’énergie et consommer moins d’eau. Vient ensuite une étape cruciale dans son cycle de vie : son usage où une faible résistance au roulement doit permettre d’abaisser la consommation de carburant. En prenant tous ces éléments en compte, Michelin rend le pneu durable, plus sûr, plus économe et plus vert !
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