Avec la voiture électrique, les stations-service sont en danger
L'essor de la voiture électrique va logiquement entraîner une baisse des ventes de carburants dans les stations, qui ne seront plus incontournables. Celles-ci vont devoir s'adapter pour ne pas disparaître.
En France, la fin de la vente de voitures thermiques est prévue pour 2040. Mais le processus vers cette révolution du marché automobile a déjà commencé, le gouvernement poussant les Français à se tourner vers les modèles électrifiés dès à présent. Il y a d'ailleurs un vrai décollage des ventes de véhicules 100 % électriques en 2020, leur part de marché ayant triplé, atteignant 6 % de janvier à septembre.
Même si 2020 est une année particulière pour les immatriculations, entre le confinement et l'arrivée de la norme européenne CAFE (qui sanctionnera en 2021 les marques qui ne respectent pas un quota de CO2), il ne fait guère de doute que cette part de marché va se maintenir et augmenter progressivement au cours de la décennie. Avec une conséquence logique : une baisse des ventes de carburant ! Une étude menée par le cabinet Colombus Consulting révèle que le volume des ventes peut chuter de 21 % d'ici à 2030 et de 33 % d'ici à 2035 selon un scénario d'évolution du marché dit "intermédiaire". Mais même avec un scénario dit "faible", les baisses seraient de 18 et 28 %.
Les stations-service se trouvent donc menacées. Pour les stations en grande et moyenne surface (qui en 2020 représentent 60 % des volumes de carburant vendus), l'étude pense qu'avec le scénario intermédiaire, le nombre de passages va reculer de 24 % d'ici 2030 et 36 % d'ici 2035. Les stations vont surtout voir chuter leurs profits. Pour le réseau traditionnel, sans évolution des services, les profits chuteraient de 33 % d'ici 2030 !
Les stations les plus impactées seront d'abord celles situées au niveau des grandes villes. La multiplication annoncée des zones à faible émission va en effet booster le développement de l'électrique dans ces endroits. L'étude alerte aussi sur les zones rurales, la chute des profits pouvant entraîner la fermeture de stations à la campagne et créer des zones blanches de la distribution de carburant. En 2020, il y a déjà 2,5 % de Français qui doivent faire au moins 30 km pour trouver une pompe. Les trois quarts des stations ont fermé depuis 1980. On est passé de 40 000 à un peu plus de 11 000.
Forcément, pour ne pas mourir, les stations devront faire évoluer leur offre. Mais un problème se présente à elles : elles ne seront plus incontournables. En effet, de nos jours, on est quasiment obligé d'aller dans une station pour faire le plein. Or, avec l'électrique, on fera d'abord le plein chez soi. Puis on le fera sur le parking de son travail et on profitera de bornes d'appoint, notamment sur les parkings de supermarché.
Les stations doivent donc penser à leur avenir. Pour Colombus Consulting, celles en zone urbaine doivent se transformer en multipliant les sources d'énergie (par exemple l'hydrogène), en installant des bornes électriques rapides pour des besoins réguliers, tels les taxis, et en proposant des services inédits, comme de l'autopartage. À la campagne, Colombus Consulting imagine des mini-stations avec une ou deux pompes, qui seraient gérées par les collectivités locales et associées à d'autres services publics afin de maintenir un service de proximité.
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