Enquête Caradisiac - Nouveau radar-leurre: l'arme absolue? (vidéo)

«Instaurer le risque permanent de se faire contrôler»: dans une interview publiée tout récemment par Le Figaro, Emmanuel Barbe, Délégué interministériel à la sécurité routière, résumait ainsi la nouvelle doctrine des pouvoirs publics. Il faut dire que les chiffres 2015 sont mauvais, avec une hausse de la mortalité de 2,4%, confirmant hélas l'évolution de 3,7% enregistrée en 2014.

Pour inverser la tendance, les autorités préparent un énième tour de vis vis-à-vis des automobilistes, auteurs l'an dernier de 20,24 millions d'infractions enregistrées par les radars. L'une des nouvelles stratégies anti-vitesse consiste en un déploiement du système de contrôles leurres, dont l'expérimentation a démarré début février sur une portion très accidentogène - 6 décès et 28 blessés graves ces cinq dernières années - de la route départementale 939, dans le Pas-de-Calais, entre Aubigny-en-Artois et Le Parcq.

Concrètement, sur une distance de 37 km, quelques 11 panneaux fixes avertissant de contrôles radars fréquents ont été déployés au bord de la route, alors qu'en réalité un seul radar automatique mobile fonctionne réellement. Monté sur roues, celui-ci sera déplacé deux à trois fois par mois par une entreprise privée mandatée à  cette fin (ce qui allège d'autant le travail des forces de l'ordre). L'idée est de parvenir à faire baisser la vitesse des automobilistes malgré des moyens réduits, et d'éviter l'effet d'habitude qui fait que les voitures ralentissent à l'approche du radar pour réaccélérer ensuite. Dans le même ordre d'idées, apparaîtra aussi bientôt un système de "leurre par cabine": cette fois, il s'agira de classiques cabines qui abriteront parfois un radar, et parfois non...

Trois semaines après l'inaugration du premier des deux dispositifs précités, Caradisiac s'est rendu sur place pour interroger habitants du secteur et automobilistes de passage sur leur perception de ce contrôle leurre, lequel est appelé à se généraliser à grande vitesse sur nos routes. A la fin de l'année, ce sont une centaine d'itinéraires dangereux qui devraient se voir équipés de la sorte, et l'objectif est d'atteindre le millier d'ici 2020.