Le projet Z28 est lancé l'été dernier, ou tout du moins, c'est à cette date que l'équipe de Richard Tur, patron de Tork Engineering (désormais intégrée au groupe Poclain Véhicules) reçoit les premiers coups de téléphone de Renault. Tork Engineering est spécialisée dans la conception et la construction de prototypes, ils sont les auteurs de plusieurs concept-cars de divers constructeurs, des Dacia du Trophée Andros, de la version No Limit de Pikes Peak (celle de JP Dayraut qui devient une Mini cette année) et surtout du concept-car Alpine A110-50 l'an dernier. La relation entre Tork et Renault date du projet de Megane Trophy de deuxième génération (l'actuelle) et manifestement, l'entente est parfaite.
Le véritable feu vert à la construction ne sera donné qu'à la fin de l'automne, Twin'Run aura donc été construit en seulement 5 mois. Car, il faut le préciser, si Twin'Run, tout comme Twin'Z, annoncent la future Twingo à moteur arrière cousine de la future Smart 4 places, le concept n'est en rien basé sur la plateforme du véhicule de série. D'ailleurs, d'un point de vue technique, il n'a rien à voir avec la future Twingo. Twin'Run est en fait un châssis tubulaire dans lequel est fixé en position centrale arrière l'habituel V6 3,5 l qui équipe la Megane Trophy, le tout recouvert d'une peau en composites. La conception s'appuie en grande partie sur les enseignements tirés de ce modèle et des autos de l'Andros, il s'agit donc d'une propulsion de 320 ch à 6 800 tr/mn et 380 Nm de couple à 4 850 tr/mn. La boîte Sadev à 6 rapports se manipule de façon séquentielle via un grand levier planté dans la console centrale tout à côté d'un autre grand levier, un frein à main hydraulique. Évidemment, tout ça n'existera pas en production, c'est même assez peu probable de la voir arriver sous forme d'une petite série dédiée à la compétition, si j'en crois la moue dubitative de Patrice Ratti, patron de Renault Sport Technologies à qui j'ai posé la question. Hormis un challenge monotype, aucune réglementation ne peut accueillir un tel prototype alors que son gabarit réduit l'handicaperait dans les courses susceptibles de l'accepter. Bref, le descendant de Jean Ragnotti n'ira pas gagner le Tour de Corse à son bord.
Twin'Run est très compact (3,68 m de long, 1,75 m de large et 1,49 m de haut), plutôt léger (960 kg) et vu que celui qui a le plus roulé à bord est Jean Ragnotti, elle est apparemment réglée 'agile'. Elle serait même franchement mobile du popotin à en croire Carlos Tavares qui s'est installé pour la première fois à bord quelques minutes avant de s'élancer sur le circuit F1 de Monaco. Le patron de Renault à qui l'on doit ce retour du produit du Losange dans l'univers de la compétition est un vrai « frappé » d'automobiles et de sport auto, il est également un pilote très averti et il a fallu toute la dextérité de Jean Ragnotti à bord d'une R5 Turbo pour ramarrer le « patron » parti comme un boulet de canon dans les rues de la Principauté ! Le jeune Charles Pic à bord d'une Clio V6 (qui était déjà un hommage à la 5 Turbo) a très vite perdu l'espoir de revenir sur les 2 excités et a donc fait sa parade, isolé plusieurs longueurs derrière. Amusant.
Twin'Run est donné pour 4,5s de 0 à 100 km/h et pour 250 km/h en pointe mais cela n'a que peu d'importance, sauf peut-être pour les spectateurs de Goodwood qui auront droit en juillet de voir Twin'Run. Quant à Alain Prost, sa présence en tant qu'ambassadeur Renault, lui a permis de nous rappeler qu'il pilotait l'Espace F1 en 1994 et qu'il avait à l'époque embarqué à bord quelques journalistes qui n'avaient pas forcément tous apprécié la « balade ». Son souvenir personnel de la R5 Turbo tient dans sa participation au Rallye du Var 1982 au volant de ce modèle. Prost a même admis « qu'il était fan de Jean Ragnotti quand il était jeune » !
Étonnamment, le staff Renault a refusé de discuter du lien entre la future Twingo à 5 portes et 4 places et ce concept 2 places qui ne comporte que 3 portes. Dommage. Carlos Tavares explique quand même que le modèle de série va chercher à séduire aussi bien la frange féminine que masculine mais contrairement à Fiat qui produit des 500 et des Abarth 500 aux caractères très différenciés, Renault tentera ce grand écart « avec un seul modèle » dit-il. Le message est difficile à déchiffrer et pourrait laisser entendre qu'une version R.S virilisée ne serait pas à l'ordre du jour et que seul un gros programme de personnalisation permettra de façonner des autos différentes. Restons prudents et évitons quand même de tirer des conclusions trop hâtives. Reste que les mots agilité, dynamisme, sportivité reviennent sans cesse et comme l'on sait que l'auto sera une propulsion à moteur arrière et qu'elle se place dans la stratégie design de Laurens van den Acker dans le pétale Play (Jouer), l'espoir est permis. Au moins autant que la crainte !
Sur le plan du design, on nous parle d'évocation en filigrane de la R5 Turbo (la rampe de 4 longues portées de 25 mm d'épaisseur est irrésistible) et de la Clio V6 mais ce n'est pas très flagrant, il faut bien l'avouer. On peut d'ailleurs penser sans risque de se tromper qu'on a saisi l'opportunité offerte par l'architecture de propulsion à moteur arrière imposée par la plateforme Mercedes-Smart pour relier cette Twin'Run aux R5 Turbo et Clio V6, plutôt que l'inverse. Pour notre part, lorsque nous avons eu Axel Breun, patron des concept-cars, sous la main, nos questions ont porté sur la ressemblance de profil avec une Fiat 500. Sa réponse est simple : si un volume avec des roues aux 4 coins et une silhouette ronde et compacte peuvent évoquer la 500, il insiste surtout sur le fait que Renault refuse encore et toujours de succomber à la tendance néo rétro pour ne regarder que vers l'avant. Faut-il s'en plaindre ? Et puis, si l'on veut être un minimum honnête, le profil le plus approchant n'est pas tant celui de la Fiat 500 mais bien celui du concept Smart Forstars vu à Paris qui préfigure la cousine par alliance de « notre » future Twingo avec qui elle partagera ses dessous. Le dessin extérieur de Twin'Run est dû à Csaba Wittinger, l'intérieur teinté course très spartiate à Laurent Negroni.
Pour finir, revenons au sujet principal qui est la future Twingo (le nom a enfin été exprimé dans la bouche d'Axel Breun) puisque nous avons fini par obtenir un pourcentage de vérité du concept Twin'Run qui se situerait entre 60 et 70 %. Faites vos déductions.
FICHE TECHNIQUE
Dimensions :
Longueur : 3 680 mm
Largeur : 1 750 mm (1 970 mm avec rétros)
Hauteur : 1 493 mm
Voie AV : 1 522 mm Voie AR : 1 497 mm
Carburant : 40 l
Poids à vide : 950 kg
Carrosserie - Composite, verre-polyester
Moteur
Moteur de l’Alliance Renault-Nissan (Renault V4Y / Nissan VQ35) - Disposition longitudinale - Position centrale arrière - 6 cylindres en V (60°) – 24 soupapes – 3 498 cm3 - Alésage – Course : 95,5 mm x 81,4 mm - Injection/allumage gestion intégrale SODEMO EV14
Puissance maxi 320ch à 6800tr/min -
Couple maxi Nm à 4850tr/min -
Régime maxi 7 500 tr/min
Transmission :
Propulsion
Boîte de vitesses séquentielle SADEV à 6 rapports + marche AR
Différentiel autobloquant à glissement limité
Embrayage bi-disque métallique Ø184mm
Châssis :
Multitubulaire acier 25CD4S
Suspensions double triangulation avant et arrière
Combinés ressort-amortisseurs OHLINS 2 voies avant et arrière
Freinage :
Freins avant disques ventilés Ø356 x 32 et étriers 6 pistons - Freins arrière disques ventilés Ø328 x 30 et étriers 4 pistons
Roues et pneumatiques : - AV : jantes aluminium 7.5’’ x 18’’ et pneumatiques Michelin 205/40 R18 - AR : jantes aluminium 8.5’’ x 18’’ et pneumatiques Michelin 245/35 R18
Performances :
0 à 100 km/h : 4,5 secondes
Vitesse maxi : 250 km/h
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